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VIEUX-CATHOLIQUES


libilité se trompaient sûrement, mais qu’ils n’en étaient pas moins toujours des membres de la véritable Église et porteurs de l’autorité canonique. Mais alors, on était tenu de se soumettre à leur enseignement ! On était tenu de croire fermement à une erreur ! Cette position était si choquante qu’elle fut combattue, avec violence, par Nittel qui proclama exclus de l’Église tous les infaillibilistes. De Florencourt déclara qu’ils n’étaient plus qu’une secte hérétique. Yôlk l’approuva hautement. Munzinger, de Berne, déclara : « Nous ne faisons pas seulement opposition à un dogme (l’infaillibilité), mais à tout l’esprit qui souille de Rome, depuis des siècles. » Huber, Michelis, d’autres encore rejetèrent le dogme de l’immaculée-conception, sans vouloir se souvenir que le concile de Bâle, si vanté par eux, l’avait proclamé avant le pape Pie IX !

L’une des inconséquences les plus flagrantes des vieux-catholiques, dans leur congrès fut du reste de repousser toute communion avec l’Église catholique, considérée par eux comme déchue par son adhésion à l’infaillibilité, alors qu’ils acceptaient dans leurs rangs des apostats reconnus ou des prêtres tarés, tels que Overbeck, Aloys Anton (de Vienne), Lutterbeck (de Giessen), sans parler des jansénistes hollandais et des schismatiques grecs.

Au second congrès, celui de Cologne, les mêmes discussions revinrent sur le tapis. Fallait-il condamner en bloc tous les infaillibilistes ou pouvait-on encore voir en eux une fraction de l’Église universelle ? Maassen de Vienne et d’autres orateurs vinrent déclarer que, pour eux, l’Église catholique était totalement déchue par le décret du 18 juillet 1870. Friedrich tira gloire de la destruction par le parti vieux-catholique du système papal et du soi-disant concile du Vatican. Dans ce même congrès, on mit sur pied des projets de réforme concernant le sacrement de pénitence, celui de confirmation et l’organisation des ordres religieux, ce qui était encore une manière indirecte d’incriminer l’indéfectibilité de l’Église et par suite les promesses d’assistance de son divin Fondateur.

Au congrès de Constance de 1873, on entendit un négociant de Crefeld énumérer les « marques de la véritable Église », en ces trois termes : Raison, Culture ( Aujktarung), Sympathie.

Cependant l’entente était loin d’exister toujours BU sein du petit groupe vieux-catholique. Au point de vue ecclésiologique, le dissentiment le plus grave éclata entre les partisans d’un accord étroit avec le pouvoir civil et ceux de l’indépendance totale. Le professeur Maassen. de Vienne, qui avait tenu tant de place, au congrès de Cologne, en 1872, déclara, le 2(i décembre 1873, qu’il déclinait toute solidarité avec le catholicisme d’Étal byzantin » que I’évêquc vieux-catholique, Reinkens, avait inauguré, selon lui. en prêtant un serment inconditionnel de fidélité

i l’État prussien et en offrant son concours à l’Étal

pour l’application du Kulturkampf (lois de mai), contre l’Église catholique-romaine.

3. Contre 1rs pratiques catholiques et contre le eélibrit ecclésiastique. C’est encore dans la pars destrurn.s

de doctrines des vieux-catholiques qu’il convient de placer, sans y Insister autrement, les déclarations

d’un Messmer, de Munich, au congres de Constance.

contre le culte des saints, les pèlerinages, ! < culte des

reliques H des images, le chapelet, etc.

Lins grave était la question du célibat ecclésiastique. Dès le congrès de Cologne, en 1X72, Friedrich

avait soulevé le problème et déclaré qu’il ne voyait, quant a lui, aucune objection à la suppression du célibat, Mais, comme on en était encore a la période de croissance, le congrès n’osa pas le suivre nu ce

nier. DF r iii’ii. i ruoL.

terrain. On estimait, en effet, que si, par ce moyen, l’on pouvait gagner quelques prêtres, on heurterait plus sûrement encore le sentiment d’un grand nombre de catholiques des paroisses. Cependant, la question restait à l’ordre du jour. Enfin, le cinquième synode vieux-catholique, tenu à Bonn, en juin 1878, décida par 75 voix contre 22, que la prohibition du droit canonique, qui interdit le mariage aux ecclésiastiques, à partir du sous-diaconat, ne constitue, chez les vieux-catholiques, ni un obstacle au mariage des ecclésiastiques, ni un obstacle à l’administration et au soin des âmes par les ecclésiastiques mariés. Emile Ollivier écrit, à ce propos non sans quelque injustice : « Pour la plupart, on n’en peut plus douter après la décision de leur synode de Bonn et après tant de faits individuels, la définition n’était que le prétexte attendu de secouer le poids importun du célibat ecclésiastique et de prendre femme. » Op. cit., t. ii, p. 397.

Pars construens.

Du côté des réformes proprement

dites, il est difficile de voir ce que les vieuxcatholiques ont réalisé. Assurément les exhortations de l’évêque Bcinkens, au congrès de Constance, en 1873, pour pousser aux études bibliques étaient, en soi, chose louable, mais on ne pouvait y voir que le réflexe des hérétiques de tous les temps, — notamment, Wyclif, Hus, les protestants, les vaudois,

— obligés de chercher un principe d’unité en dehors de celui que Jésus-Christ a établi : le rocher de la primauté pontificale. Peut-on considérer comme de véritables réformes les décisions prises contre l’obligation de la confession, au Congrès de Bonn, en mai 1874 ; la décision de donner voix délibérative dans les assemblées de la secte aux prêtres et aux laïques, en sorte que la prétendue réforme de la pratique pénitenticlle, dont il vient d’être question, fut votée par 29 ecclésiastiques et 57 laïques ; l’emploi des langues vulgaires dans la liturgie (1880) ; les tentatives d’union avec les anglicans et les schismatiques grecs, aux conférences de Bonn ? II semble bien que tout cela ne constitue encore qu’une pars destruens. Et il ne pouvait en être autrement. On avait beau anathématiser l’Église catholique en bloc, on ne pouvait l’empêcher de poursuivre sa route et de rester, pour tous les spectateurs impartiaux, la grande Église, la vieille Église, la seule véritable Église catholique. Ce qui fut vrai de Luther, de Zwïngli, de Calvin et de leurs émules, a savoir que l’on ne réforme que du dedans, fut encore bien plus vrai du mouvement vieux-catholique, dont il nous reste à rappeler sommairement l’historique sommaire jusqu’à nos jours, d’où ressortira la preuve de son échec à peu près complet.

III. Évolution jusqu’à nos jours. — La secte des vieux-catholiques n’eut un développement de quelque importance numérique cpie dans trois pays : l’Allemagne, la Suisse, les États-Unis, En Allemagne, l’évêque Reinkens continue à régir son Église, à ordonner des prêtres et à confirmer des enfants, jusqu’à sa mort, en 1906. Il fut remplacé alors par Théodore Webcr, puis par Joseph Demmel.

En 1910, on comptait en Allemagne environ 20.000 membres de la secte, répartis en 52 paroisses. ce qui revient à dire que les vieux-catholiques n’étaient pas la millième partie des catholiques de langue allemande, a beaucoup près ! (Le maximum avait été atteint en 1 S7, S : 122 paroisses et 52.000 membres.)

En Suisse, l’Église d’opposition an concile du Vatican se paraît du nom d’Église chrétienne-catholique. Les cantons protestants avaient pris violemment parti contre les infaillibilistes. Les catéchistes et professeurs de religion qui promulguèrent le dogme de l’infaillibilité du pape furent pourchassés et privés de

T. w.

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