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VU’; ÉTERNELLE. LES ANCIENS PÈRES

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avec confiance et ont obtenu la gloire et l’honneur en héritage. Dieu les a exaltés et inscrits dans le livre qui conserve leur mémoire pour les siècles des siècles. xlv, 4, 8. Imitons-les, surtout par la charité : « Ceux qui, par la grâce de Dieu, ont été consommés dans la charité, demeurent au séjour des saints, lesquels seront manifestés quand apparaîtra le royaume du Christ. » l, 3.

d) L’homélie aux Corinthiens. —

L’homélie pseudoclémentine nous met plus directement en face du problème de la vie éternelle. Il s’agit de notre salut, iv, 1. Les œuvres de la justice seules nous donneront accès auprès de Dieu ; les péchés nous feront rejeter de lui, iv, 2-5. Aussi, « sachant que le séjour de cette chair en ce monde est bref et de peu de durée, tandis que la promesse du Christ est grande et merveilleuse, ainsi que le repos du royaume futur et de la vie éternelle », il faut « passer sa vie dans la sainteté et la justice, regarder les biens de ce monde comme nous étant étrangers et ne point les désirer ». v, 5-6. Le siècle présent et le siècle futur sont deux ennemis, vi, 3. Il faut aimer les seuls biens incorruptibles, vi, 6. A faire la volonté du Christ, nous aurons le repos ; si nous refusons d’obéir aux commandements, rien ne nous sauvera de l’éternel châtiment, vi, 7. Il faut choisir les combats de la voie droite, vii, faire pénitence sur terre, vii, car « c’est en faisant la volonté du Père, en conservant pure notre chair, en gardant les commandements du Seigneur, que nous obtiendrons la vie éternelle », viii, 4 ; cꝟ. 6. La chair ressuscitera, ix, 2 ; il faut la garder comme un temple de Dieu, 3 ; c’est en elle que nous recevrons notre récompense. 5. Si nous sommes fidèles à la vertu, la paix nous suivra, x, 2 ; la paix ne peut se rencontrer chez ceux qui préfèrent la volupté d’ici-bas à la promesse future. 3. Dieu rendra à chacun selon ses œuvres ; si donc nous pratiquons la justice devant Dieu, nous entrerons dans son royaume et recevrons l’effet des promesses « dont l’oreille n’a rien entendu, que l’œil n’a pas vues et qui n’ont point pénétré dans le cœur de l’homme » (cf. I Cor., ii, 9). xi, 6-7. Attendons donc d’heure en heure le royaume de Dieu dans la charité et la justice, xii, 1. Faisons en sorte d’appartenir à l’Église spirituelle, afin d’avoir part à l’esprit du Christ, xiv. Dans la perspective du retour du Christ pour le jugement, il faut se hâter de poursuivre la justice, xviii, 2. Les justes « vendangeront le fruit immortel de la résurrection. » L’homme pieux ne doit pas s’attrister s’il est malheureux ; d’heureux jours l’attendent : ressuscité, il se réjouira là-haut avec ses pères pour la bienheureuse éternité ». xix, 4.

On notera tout spécialement dans l’homélie l’insistance avec laquelle les joies de la vie éternelle sont rattachées à la résurrection préalable.

e) Les épîtres ignatiennes. —

On peut y relever quelques textes significatifs. Toutes choses ont une fin : la mort et la vie (éternelles) sont également proposées à notre choix et chacun ira dans le lieu qui lui convient, Magn., v, 1. Le prix proposé, c’est l’incorruptibilité et la vie éternelle, Polyc, ii, 3. N’avoir, en raison de l’autre vie, d’amour que pour Dieu seul, Eph., ix, 2. Ceux qui portent le déshonneur dans les familles n’entreront pas dans le royaume de Dieu (cf. I Cor., vi, 9) ; l’homme qui aura corrompu la foi ira au feu éternel, lui et celui qui l’écoute, Eph., xvi, 1-2. Gardez-vous des doctrines du prince du monde ; il vous entraînerait en captivité, loin de la vie qui vous est offerte. Ihid., xvii, 1. Quel que soit le motif qui nous incite à demeurer fidèles à Dieu, ou la crainte de la colère à venir, ou l’amour de la grâce présente, l’essentiel est d’être trouvé, par notre union avec le Christ Jésus, dignes de la véritable vie. Ibid., xi, 1.

Jésus est pour nous le principe de la vie. Eph., iii, 2 ; cf. Smyrn., iv, 1. Il est notre éternelle vie. Magn., i, 2. Il a souffert, il est mort, cloué à la croix pour nous sauver, Trait., ii, 1 ; ix, 2 ; Rom., vi, 1 ; Smyrn., i, 2 ; cf. Eph., ix, 1. C’est donc au fruit de la croix (implicitement comparé à l’arbre de vie) que nous devons la vie, Smyrn., i, 2 ; la croix, scandale pour les incrédules, est ainsi pour nous le salut et la vie éternelle ; Eph., xviii, 1. L’eucharistie est un remède d’immortalité, un antidote contre la mort (spirituelle et éternelle). Eph., xx, 2.

Aussi, dans l’épître aux Romains, Ignace supplie ses correspondants de le laisser mourir pour Jésus : « Ne m’empêchez pas de naître à la vie ; ne cherchez pas ma mort… Laissez-moi arriver à la pure lumière, vi, 2… Il y a en moi une eau vive qui murmure et me dit : Viens vers le Père, vii, 2… Je ne veux plus vivre de cette vie terrestre ». viii, 1. Ce sont bien là les enseignements et les aspirations d’un homme convaincu de la vie éternelle.

f) Épître et martyre de saint Polycarpe. —

Mêmes accents dans l’épître. Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts nous ressuscitera nous-mêmes si nous accomplissons sa volonté, ii, 1. Si nous accomplissons sa volonté dans la vie présente, il nous donnera la vie future car il nous a promis de nous ressusciter, si notre conduite ici-bas est digne de lui, de nous associer à son trône, v, 2. Ayons donc les yeux attachés sur notre espérance et le gage de notre justice, sur Jésus… afin que nous ayons la vie en lui. vm, 1. Pour occuper près du Seigneur la place due à notre foi et à notre justice, n’aimons pas le siècle présent, mais Jésus qui est mort pour nous, ix, 2 ; cf.xii, 2.

Les martyrs se sont rachetés de l’éternel châtiment par une heure de souffrance, Mari., ii, 3. Le feu du jugement et du supplice éternel est réservé aux impies. xi, 2. Les martyrs ressusciteront à la vie éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité de l’Esprit, xiv, 2. Polycarpe lui-même, par son martyre, a ceint la couronne de l’immortalité, xvii, 1 ; cf. xix, 2. A son exemple, nous pouvons entrer dans le royaume éternel par Jésus-Christ, xx, 1 ; xxii, 1.

Conclusion. —

De ces textes, inspirés ou non, qui expriment la pensée chrétienne, depuis la prédication du Christ jusqu’au milieu du iie siècle, ressort une foi très nette en une vie éternelle dans l’au-delà. Fréquemment, on affirme que cette vie éternelle est consécutive à la résurrection des corps ; mais toujours c’est le jugement de Dieu qui fixe l’état des âmes dans cette vie éternelle, état de bonheur pour les justes, état de souffrance pour les impies. La vie éternelle de bonheur pour les justes a été préparée sur terre par une vie d’union avec le Christ, renoncement aux vices du monde, obéissance aux commandements. Les impies souffriront éternellement parce que dès ici-bas, par leur attachement au péché, ils sont déjà morts à la vie surnaturelle.

Ce sont là les idées de l’évangile, paroles tombées de la bouche du Christ et transmises par les apôtres aux premières générations.chrétiennes. Il n’y a donc rien d’étonnant que le symbole des apôtres en ait recueilli l’écho.

Dans cette première partie, uniquement consacrée à la doctrine révélée ou issue de la révélation, préparant l’insertion de l’article « la vie éternelle » dans le symbole, on n’a pas voulu aborder l’explication scolastique, psychologique et physique de cette vie « éternelle », envisagée au point de vue des esprits et des âmes séparées. Cet aspect de la question sera étudié à Volonté (§ 2, volonté des anges et des âmes séparées). — On pourra consulter les traités De novissimis indiqués à Intuitivk (Vision), t. vii, col. 2393, et les ouvrages cités à Gloire (des élus), t. vi, col. 1401. Voir également Mgr Élie Méric, L’autre vie, Paris, 1912 ; L. Elbe, La vie future, Paris, 1926. Mais