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VIE ÉTERNELLE. LES ANCIENS PÈRES

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La première épître de saint Jean résume parfaitement toute cette doctrine du Nouveau Testament : « Nous vous annonçons la Vie éternelle qui était dans le Père et qui nous a été manifestée (i, 2)… Voici par quoi nous savons que nous connaissons le Verbe (cette Vie éternelle manifestée aux hommes), c’est si nous gardons ses commandements. Celui qui garde sa parole, c’est en lui véritablement que l’amour de Dieu est parfait ; par là nous connaissons que nous sommes en lui (n, 3, 5)… Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père. Et la promesse que lui-même nous a faite, c’est la vie éternelle (ii, 24-25)… Nous sommes maintenant enfants de Dieu et ce que nous serons un jour n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons qu’au temps de cette manifestation, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est (m, 2)… Nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères… Quiconque hait son frère est un meurtrier et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui (m, 14-15)… Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage de Dieu en lui-même, et voici ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle et que cette vie est dans son Fils ; celui qui a le Fils a la vie et celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie (v, 10-12). Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle (v, 13)… Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le vrai Dieu et nous sommes en ce vrai (Dieu, étant) en son Fils Jésus-Christ : c’est lui qui est le Dieu véritable et la vie éternelle » (v, 19-20). Développement admirable de ce passage de la prière sacerdotale : « Père, glorifiez votre Fils… afin qu’à tous ceux que vous lui avez donnés, il donne la vie éternelle. Et la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. » Joa., xvii, 1-2.

4. Continuité de cet enseignement chez tes Pères apostoliques. —

L’enseignement des Pères apostoliques est en continuité parfaite avec la doctrine néotestamentaire. Les lignes générales sont les mêmes : vie spirituelle de l’âme, fruit de la passion du Sauveur, déposée en nous par la rémission des péchés (le baptême ) et l’eucharistie, conservée par le renoncement aux convoitises de la chair et se continuant dans l’au-delà par la vie éternelle, bonheur sans mélange accordé à ceux dont le jugement de Dieu aura consacré la justice, châtiment sans fin infligé aux impies.

a) La Didachè. —

Reprenant, en l’appliquant à l’ordre surnaturel, une alternative proposée par Dieu à son peuple dans l’Ancien Testament, cf. Deut., xxx, 1°>, 19 ; Jer., xxi, 8, la Didachè place immédiatement le chrétien en face des deux termes possibles de son existence terrestre : la vie ou la mort (éternelles). î, 1. Le chemin de la vie est l’amour de Dieu et du prochain, i, 2. Le chemin de la mort est le péché sous toutes ses formes, v, 1-2. Cette instruction devait préparer le catéchumène au baptême décrit au c. vii, ce qui laisse entendre que le chemin de la vie commence au baptême. -L’eucharistie élargit ce chemin en le prolongeant. Au pain rompu, on rend grâces au l’ère i pour la vie et la science qu’il a fait connaître par.Jésus.. ix..’i. Lien plus, sans citer Jean, la Didachè’l’accord avec lui pour présenter la vie éternelle > comme le fruit de l’eucharistie, x, 3 ; cf. Joa., vi, 5), 58. Recommandation finale faite au chrétien :

Veillez sur votre Vie… Soyez prêt, car VOUS ignorez l’heure on Notre-Scigncur viendra ». xvi, 1. Suit une sorte d’apocalypse sur la parousie. la résurrection des morts, ic Jugement, ibid.. fi-7, ce qui Indique le i ommencement de la vie éternelle proprement dite.

b) Épître de Barnabe. —

Saint Paul avait rappelé à Tite (i, 2) que la vérité, issue de la prédication de la foi, donne l’espérance de la vie éternelle. L’auteur de l’épître de Barnabe présente cette affirmation comme une des trois maximes résumant l’enseignement du Sauveur, i, 6 ; et la révélation chrétienne elle-même est un avant-goût des choses futures, i, 7. Nous devons donc donner un soin minutieux à notre salut et éviter que le Malin ne nous lance loin de notre vie (de notre salut), ii, 10. La perspective de la juste rétribution du jugement nous y incite, iv, 12-14. La vie éternelle a pour principe la foi en Jésus-Christ, vi, 3, avec un renouvellement intérieur de notre être par la rémission des péchés, vi, 11, germe de notre glorification future, « quand nous-mêmes serons devenus assez parfaits pour entrer en possession de l’héritage du testament du Seigneur ». vi, 19.

Nous vivons des blessures de Jésus-Christ qui n’a pu souffrir qu’à cause de nous, vii, 2. Le juste devra donc marcher en ce monde, tout en attendant la sainte éternité, x, 11. Il recevra la vie spirituelle par l’eau (du baptême) et par la croix, xi, 1 sq. : heureux ceux qui, ayant espéré en la croix, sont descendus dans l’eau, xi, 8. La purification par le baptême est, avec la foi, la source de la vie éternelle, xi, 11. La croix symbolisée jadis par le serpent d’airain fait revivre celui qui était mort, xii, 7 : ainsi, Jésus donne la vie.xii, 5. Recréés de fond en comble, nous sommes devenus des hommes nouveaux, les temples spirituels du Seigneur, en vue de notre salut, xvi, 8-10. Pour aboutir au salut, il faut suivre la voie de la lumière, xix, opposée au chemin du noir (des ténèbres), xx. Instruit des volontés divines et cheminant d’après elles, l’homme sera glorifié dans le royaume de Dieu, tandis que celui qui choisit les iniquités de l’autre voie périra avec ses œuvres. C’est pour cela qu’il existe une résurrection, xxi, 1. À nous de nous préparer pour être trouvés dignes au jour du jugement, xxi, 6.

On le voit, par de la les explications allégoriques qui fourmillent dans l’épître, c’est encore la doctrine des deux voies qui en constitue l’enseignement moral principal, doctrine essentiellement liée à la perspective de la vie éternelle, préparée par la résurrection.

c) L’épître de Clément. —

En s’efforçant d’apaiser les divisions de l’église de Corinthe et en rappelant aux Corinthiens les vertus qu’ils doivent pratiquer, Clément ne laisse pas de diriger leurs regards vers les perspectives de la vie éternelle. Si le terme de « vie éternelle » est absent de la lettre, la pensée en est formulée à plusieurs reprises.

Clément rappelle aux Corinthiens la promesse de la résurrection, dont les prémices nous ont été données dans la résurrection même de Jésus, xxiv, 1. C’est dans cette espérance que nos âmes doivent s’attacher à celui qui est fidèle dans ses promesses et juste dans ses jugements, xxvii, 1. Nous préservant de tout désir impur d’actions criminelles pour nous protéger contre les jugements futurs, xxviii, 1, il faut nous approcher de lui avec une âme sainte, des mains pures et sans souillure, xxix, 1, cf. xxx sq., et, sur le modèle du Christ, nous appliquer à faire la volonté divine et à pratiquer les œuvres de la justice, xxxiii, 7. Nous nous efforcerons ainsi d’avoir part aux grandes et magnifiques promesses que l’œil de l’homme n’a pas vues (cf. I Cor., ii, 9), mais dont l’intelligence est déjà sur terre « la vie dans l’immortalité ». xxxiv 8-xxxv, 2. Soyons trouvés au nombre « le ceux qui attendent le Seigneur pour recevoir ces biens en partage, xxxv. 3-4, en demeurant dans la voie du salnl. XXXVI, 1.

Parmi les premiers disciples i Christ, il y a eu des justes persécutés par des Impies ; ils ont tout enduré