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VICTORINUS AFER. LA SAINTE TRINITE

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tant ses magistri, ses condoctores, ses discipuli, col. 1061 B, ses disciplines et ses misères morales. Col. 1276 D. « Quoique multiples, elles sont toutes contre le Christ crucifié ». Col. 1224 CD.

L’auteur connaît Valentin, col. 1050 A ; Paul de Samosate, col. 1061 C, les patripassiens en général, col. 1051 D, 1072 A, 1074 B, 1140 C, les ariens surtout, col. 1021 A, 1039 C, 1073 C, 1075 B, 1089 C, Ursace et Valens, « ariens de la dernière heure », col. 1061 C, et les semi-ariens, « rejetons dvrius », col. 1139 B ; Photin et Basile d’Ancyre, col. 1045 C, 1055-1056, 1061 C, 1062 B, 1073 D, 1075 B, 10951096, les symmachiens, col. 1155 B, etc.

Contre eux, il procède lui aussi par l’argument de prescription longée possessionis, col. 1061 A, par l’argument de la perpétuité, col. 1061 B ; il souligne des contradictions internes, loc. cit., et 1073 C, et des variations de l’hérésie. Col. 1061 C. Au contraire la doctrine nicéenne est eadem fuies, una cum sil, et ab Uno incipiens, et operala usque nunc. Loc. cit. Car tout l’efficace du christianisme, son droit aussi à nous enseigner, se montre dans l’unité qu’il fait régner dans les esprits, à l’instar de Dieu qui est un… ». Col. 1205 A.


V. La sainte Trinité.

On ne fera pas de chapitre spécial sur Dieu, sa nature et ses attributs, et cela pour deux raisons. D’abord parce que, quand Victoria parle de Dieu, il entend la personne du Père : une seule fois dans toute son œuvre, il imagine cette espèce d’abstraction que serait pour lui « le Dieu solitaire : nul neque Pater, neque Filius, ante egressum foras, sed Unum ipsum solum ». Adv. Arium, t. IV, c. xxvi, col. 1132 B. Ce Dieu sans procession est le Dieu des philosophes. Le Dieu unique est, dans sa pensée, postérieur aux trois attributs personnels : l’Être, la Vie et l’Intelligence éternelles, quibus cunctis a se nalis, vel mugis a se existentibus, ingenitus Deus est, existens ex ingeniiis : esse, vila, intelligentia ; quæ cum unum sint, unus Deus est. Loc. cit., col. 1132 C. Ensuite sa théologie sur la nature de Dieu le Père est inspirée, non copiée, de celle du néoplatonisme, bien connue de tous par le pseudo-Denys : inutile d’insister. La doctrine sera exposée par le Père P. Henry dans l’étude annoncée ci-dessus.

L’existence de Dieu n’a pas à être prouvée pour un platonicien : de tous les êtres éternels, spirituels ou matériels, col. 1021-1027, ou même possibles, « il est la cause, l’origine et le père ; mais il les domine sans se confondre avec eux ; unique et seul, il a voulu se donner de multiples miroirs. Col. 1026 C ; cf. Enn., V, ii. 1. Déjà le plotinisme se christianise. De même, sur la nature de Dieu, l’lot in avait dit que < l’Un n’est pas l’Être, Enn., VI, ix. 12 : III. viii, 9, mais plus que l’Etre », III, vi, 6, et « tout différent des Être » produits ». V, iv. 1 ; VI, ix, 6. Les attributs finis lonl niés au moyen du préfixe iii, et attribués à Dieu en les surélevant par les préfixes præ ou super. La théologie négative, si chère a Plotin, mais si rare dans les premiers monuments de la pensée chrétienne, apparaît ici dans toute sa splendeur, i Henry, Plotin et l’Occident, p. (il. Utiles mises au point de la nié thode de négation et d’éminence, col. 1027 C. sur l’analogie des noms divins, col. 1033 C, 1082 B sq., sur l’infinie perfection et la détermination intime de Dieu. Col. 1 12 !  ! -1 130. Conclusion : « Dire de Dieu quid sil est une faute, de même que rechercher quomodo sit, ou vouloir énoncer son essence, au lieu de le vénérer d’un seul mut discret. Malgré cette ignorance Innombrable, omnigenam, ou nous restons sur loi. nous cependant une foi et nous disons : Père, fils. Esprit-Saint ; voilà le thème indéfini de notre continuelle confession. Col. 1036 IL cf. col. 1127 AIL 1078 BC. Ainsi le grand Inconnu, c’est Dieu, non point la Trinité, qui est plutôt la fin du mystère, la sortie de Dieu de sa transcendance : « Le Père est l’absolu, l’inconnaissable : le Fils est ce par quoi le Père se précise, se détermine, se met en relation avec le fini et tombe sous notre étreinte. » Tixeront, p. 268. C’est le sens de cet adage : Deus ergo est lotum 7tpoov : Jésus autem ipsum hoc totum ôv. Col. 1021 A.

La sainte Trinité, en effet, est le point central de l’œuvre de notre auteur, tant par les développements qu’il lui consacre tout au long de son ouvrage Adversus Arium, que par le rayonnement qu’il lui donne sur toute la vie chrétienne au cours de ses commentaires de l’Apôtre. Mais c’est loin d’être le plus clair de son enseignement. Il faut cependant observer que, làdessus, sa vue de simple foi est presque parfaite : c’est son exposition théologique et surtout sa spéculation philosophique qui nous semblent étranges, habitués que nous sommes à ne retenir que la synthèse de saint Augustin.

Exposé du dogme.

Bien rarement le philosophe chrétien s’arrête à ces raccourcis doctrinaux : mais ils ne laissent presque rien à désirer, sauf les mots nature et personne, qui étaient d’ailleurs à son époque I des expressions théologiques controversées. Tout le début du De homoousio recipiendo est à lire : « Les païens admettent plusieurs dieux ; les Juifs, un seul ; nous, les derniers venus de la vérité et de la grâce, nous disons contre les païens qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et contre les Juifs qu’il y a Père et Fils… ». , Col. 1 137 C. Voici encore quelques formules heureuses : i « Toute notre religion tient à l’unité et à la distinction i de Dieu le Père et du Fils Jésus. Mais, quand nous confessons que les deux sont distincts, nous disons cependant un seul Dieu… » Col. 1088 D. « Le Père a son quant-à-soi, le Fils aussi ; mais, parce que le Père est dans le Fils et réciproquement, les voila consubstantiels ». Col. 1046 B. Même pour l’Esprit-Saint, i où son exposition théologique s’égare, ses simples formules sont sans reproche. Col. 1046 I) ; 1137 I). « Les deux dernières (personnes) sont seules à procéder ». Col. 1051 A.

Où est enseigné ce dogme ? Dans l’Ecriture et dans la tradition : per confessionem veslram et per leetio| nem deift.com, L’Ecriture dit : Pater in Filio, et Filius in J’alre ; inde allerum in altéra unum redditur, etiam subsistentibus singulis ; unum lumen quia idem in utroque intelligitur et nominatur. De même, d’après la Tradition. « et avec raison, vous dites que Jésus-Christ est lumen de lumine… ». (loi. 1097 BC.

Victorin voit bien où gît le mystère et reproche aux hérétiques de le supprimer : « Comment pouvez-vous dire que le Christ est une créature, ou qu’il soit semblable au l’ère ? (.’est clair tout cela et facile à comprendre. Mais qu’il soit consiibstantiel. voilà qui est non seulement incompréhensible, mais qui fait surgir de multiples objections. Car s’il est consubstantiel, il est ingenitus comme le l’ère ? comment est-il autre que lui ? Comment l’un a-t-il souffert et l’autre non ? C’est sur cette difficulté quc sont nés les patripassiens. C’est l’Esprit de Dieu qui nous dira le mode de sa général ion ; et, d’après cela on verra la consuhstantialité et l’on exterminera les hérétiques ». Col. 1051 D.

Contre les semi-ariens, il trace parfaitement la Voie de l’orthodoxie, rien qu’avec des termes de sens commun. Semblable n’est pas la même chose qu’identique, et l’identité spécifique n’est point l’identité numérique, niais une identité en deux exemplaires, sed idem geminum. i Ado, Arium, 1. I.

c. m.i, col. 1072 A. Mais force lui est de recourir a des termes d’école, quand il a sous les veux les déli nitions tortueuses d’Arius et d’Eusèbe de Nicomédie. il les réduit à Cinq propositions et donne cinq contre-