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VICTORINUS AFER. LES SOURCES DE LA Fol
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que le Christ a confié de son vivant aux apôtres ». Col. 1263 D. « Une fois reçu le dépôt, non point raisonné, mais révélé, il y a place pour la prudence : l’auteur sacré y apporte sa mémoire, sa science et son intelligence ». Col. 1263 B. De là quelque progrès dans la révélation, jusque dans le Nouveau Testament. Col. 1223 B. Distinction entre la révélation et l’enseignement humain et l’exposition faite par l’Apôtre de la révélation divine. Col. 1151 D-1152 A.

2. Initiation scripturuire de Yictorin.

File fut progressive et méthodique.

a) Dans le De generatione. — Il a déjà en mains tous les instruments d’une solide argumentation scriptr.raire : sa compétence personnelle de grammairien, les textes originaux avec plusieurs versions. Il connaît l’Ancien Testament « d’après Aquila et d’après le texte des Juifs », col. 1035 B, et le Nouveau d’après la version africaine, qui porte circa Deum, Joa., i, 1, et d’après la version romaine qui traduit Itpoç tôv 0eôv par apud Deum : il y a là une notation d’intériorité totale… Col. 1030 C. Mais il connaît encore mal l’ensemble de la Bible : du moins ne citet-il que Gen., i, 1 ; Joa., i, 1 ; Ps., ii, 7 ; Joa., x, 30 ; xiv, 9-11 ; Rom., viii, 32 ; Eph., i, 3, et les textes qu’opposaient les ariens, Act., ii, 36 ; Gal., iv, 4 ; Frov., viii, 22.

b) Dans V Adversus Arium. — Il a désormais pris connaissance de la Bible tout entière. Col. 1060 B, 1H70 D, 1088 C, 1097 C, 1108 D. Mais, pour sa discussion trinitaire, il se contente du Nouveau Testament, qu’il parcourt page par page, énumérant au moins 120 textes, en omettant ceux qui font double emploi. Col. 1049 B. On ne trouve rien de comparable en aucun ouvrage de la polémique antiarienne. Il commente ses textes comme il ferait d’une phrase de Cicéron : Disons l’Fcriture », col. 1041 B, à l’aide d’une courte rubrique soulignant l’idée principale, souvent dans un sens métaphysique qui dépasse l’aflirmation de l’Évangéliste, Adv. Arium, c. mxxviii, col. 1041-1061. Malgré ce défaut dans l’interprétation, le début de V Adversus Arium est unique dans la littérature chrétienne du IVe siècle ; et l’auteur pouvait conclure « que l’on n’avait rien à dire de son enseignement magistral, meum dogma, puisque tout est tiré de l’Ecriture, ou même s’y trouve énoncé », col. ID76 C, du moins en tout ce début.

c) Dans les Commentaires. — Il restait à Yictorin un gros effort à faire : plier sa pensée à un texte suivi de la sainte Écriture. Là encore, le progrès de l’exégète est sensible de l’épître aux Galates à celle aux Philippiens. Il analyse la « matière » à expliquer, distingue les « divisions générales de l’épître, col. 1233 A. 1147 A, montre l’ordre de la pensée, col. 1272 F. et l’enchaînement nécessaire, col. 1273 B, Bans vouloir se libérer jamais de la « nécessité de l’interprétation suivie ». Loc. rit. Les seuls défauts de ces commentaires sont l’absence de toute allusion aux commentateurs précédents, qui d’ailleurs étaient fort rares en Occident, et la négligence à recourir aux textes parallèles : similia preetereo.

3. Son texte biblique. - a) Son canon scripluraire

Il est bien difficile « le l’établir avec un auteur si soucieux (le ne pas sortir de son sujet. Il cite l’Apocalypse, col. 1112 I). mais pas la II" ni la III épitre de saint Jean ; de saint Pierre, la / » Pétri, col. 127 1 A, mais pas la seconde. Il admet l’origine paulinieniie de l’épître aux Hébreux et sa canonicité, col. iii, s : >, ni’! i i), H38 D. qui était encore contestée a l’époque suivante pai Pelage.

b) Su version latine. — Four cela encore. ietnrin prend peu a peu les habitudes de son Église. Dans

leux premiers ouvrages, il lisait le Nouveau Tes tament dans le texte grec, Ail". Arium. I. II, e. VIII,

col. 1094 D, dont il faisait sur place une traduction personnelle ; comparez les leçons de Phil., ii, 5-7 et Eph., i, 4 ; ii, 12 dans VAdv. Arium, t. I, c. xxi, col. 1055 et dans les passages correspondants des Commentaires, col. 1206 C et 1238 B, etc. Il simplifia son procédé dans les Commentaires, en adoptant l’un des textes latins qui circulaient alors dans les Églises d’Italie, à charge de le reviser lui-même quand il lui semblait fautif, Phil., iii, 8-9, col. 1219 B. Même alors, quand il corrige, c’est avec le souci de trouver un sens à la version courante, Ad Phil., ii, 6 ; Ad Gal., ii, 4-5, col. 1159, et non plus avec cette suffisance qu’il montrait jadis à l’égard de ces « latins qui ne comprennent pas ». Adv. Arium, t. II, c. viii, col. 1094 C.

A mesure qu’il commente, il reproduit le texte de son manuscrit ecclésiastique ; il nous a conservé ainsi une version de trois Épîtres de saint Paul C’est un texte mixte qu’on désigne sous le nom de texte « italien ou révisé » ; il contient des leçons « africaines » déjà données par saint Cyprien, et il marque assez bien la transition entre les vieux textes africains et la Vulgate. Cf. dom De Bruyne, Fragments de Freising, Rome, 1921.

4. Son exégèse.

Le De verbis Scripturæ, P. L., t. viii, col. 1009, qui n’est ni de Yictorin ni du ive siècle, mais d’un lointain disciple, émet une protestation contre « la disputatio philonienne, le sermon syllogistique et le délayage » : on ne saurait mieux caractériser qu’en ces trois points la méthode exégétique du maître : elle est littérale à rencontre de celle de Philon ; elle est historique et prétend n’ajouter aucune superfétation à la doctrine de l’Apôtre ; elle est analytique et ne cherche pas, par des rapprochements intempestifs, à construire un système de doctrine.

a) Exégèse littérale. Comme il le remarque, son commentaire est « simple ; c’est une exposition T_du sens littéral) des mots ». Ad Gal., iv, 19, col. 1184 ; Ad Ephes., proœm., col. 1273. Pour expliquer saint Paul, il reprend ses habitudes de scoliaste : les mots, puis la phrase, mais d’abord, en ses préfaces, le sens général de l’épître. Pour éclairer la signification des mots latins, il cite fréquemment les termes grecs correspondants, ainsi Ad Gal., i, 10, col. 1150 C ; et il sait suffisamment le grec pour avoir raison parfois contre saint Jérôme. Ad Gal., iv, 3, 9, col. 1175 et ll.so ;.t</ Ephes., iv, 14, col. 1276 C. Après les mots, la phrase de saint Paul est suivie en ses méandres, a l’occasion même rétablie en son ordre logique : Ordo : mihi illi præcipui viri Pelrus et Joannes…, Ad Gai.. il, 7, col. 1160 B. Le passage brusque d’une idée à une autre est expliqué de main de maître.

Le contexte prochain et surtout le contexte éloigné, est rappelé autant de fois que c’est nécessaire : TotllS hic sensus jungendus est. Ad Ephes., ii, 1, col. 1252 D. Quand, malgré tout cet appareil de grammairien, il n’est pas certain du sens d’un mot ou d’une enclave, il donne son idée » sans plus, loc. cit., ii, 19. col. 1260 I) ; ou bien il avoue son embarras : iv, 14, col. 1182 A. Il propose parfois une explication allégorique, mais comme Origène en ses meilleurs moments, par mode de suggestion et sans exclusion du sens littéral, Ad Gai.. IV, I. col. 1176 C ; Ad Fphes.. i. 21, col. 1250 H ; c’est un grand progrès sur certaines subtilités de VAdv. Arium, t. I, c. i.xii, col. 1087 H. Où il fail montre de subtilité, c’est quand il annonce un fortior sensus. Ad PMI., m. 11, col. 1222 H, ou bien une expression paulinienne i nette et frappante Ad GaL, 1, 8, col. 1 160 A ; Ad Ephes., m. 5. col. 1263 I) : c’est pour lui l’occasion de développer ses llièmes

favoris sur le Christ, l’Fsprit. in toi Justifiante, etc.

b) Exigète historique. Si on lui avait dit qu’il

faisait alors des digressions philosophiques, Victorin