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VKUILLOT (LOUIS) — VIATEUR DE COCCAGLIO

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contemporaine (187 : 5-1879), 4 vol. publiés par Fr. Veuillot, Paris, Lethiellcux, 1908-1909 ; une table générale alphabétique et analytique en avait été dressée par G. Cerceau, Paris, Lethlelleux, 1913. Ce chevauchement des deux éditions de la Correspondance et des Mélanges ne facilite pas les citations. Les références que nous avons données au cours de l’article se rapportent à la première édition. II va sans dire que nombre des œuvres diverses ont eu de multiples éditions séparées.

II. Travaux. —

Il y a, présentement dans le commerce, un nombre considérable de biographies et d’études sur Veuillot, ce qui semblerait indiquer que le rédacteur de l’Univers est peut-être moins étranger qu’on ne pense à la génération actuelle. Toutes remontent plus ou moins directement à l’énorme biographie, Louis Veuillot, commencée par son frère Eugène, et achevée par le fils de celui-ci, François : 4 gros volumes in-4o : t. î (1813-1845), paru en 1899 (plusieurs éditions) ; t. il (1845-1855), paru en 1901 ; t. m (1855-1869), paru en 1904 ; t. iv (18691883), paru en 1913, la l re partie (c. i-v) donnant l’histoire du concile est d’Eugène, la 2e partie de François. On ne cherchera pas ici une histoire impartiale de L, Veuillot ni des événements auxquels celui-ci fut mêlé ; on y trouvera une apologie, souvent dithyrambique, de l’auteur et de tous ceux qui ont pris parti pour lui. Les adversaires de Veuillot n’obtiennent même pas la justice. Somme toute, l’œuvre prolonge jusqu’au cœur du xx 8 siècle des luttes exaspérantes qui furent plus encore question de personnes que d’idées. Il faut de toute nécessité la compléter par les œuvres antagonistes : Lecanuet, Montalembert ; Lagrange, Vie de Mgr Dupanloup, Vie de Mgr Sibour ; Mgr Foulon, Vie de Mgr Darboy ; Guillemant, Vie de Mgr Parisis, etc. P. de la Gorce, Histoire du Second Empire, 7 vol., Paris, 1893-1901, nous paraît avoir dosé, avec impartialité, le blâme et l’éloge ; nous lui avons emprunté quelques appréciations.

Nous nous abstiendrons de citer les biographes plus récents qui ont monnayé à l’intention du grand public, et généralement dans le même esprit, les données du gros ouvrage d’Eugène. Il y a quelques études sur des points de détail : abbé Pierre Fernessole, Les origines littéraires de L. Veuillot (1813-1843), thèse de lettres, 1923 ; chanoine G. Bontoux, Louis Veuillot et les mauvais maîtres de son temps, Paris, 1914 ; du même, Louis Veuillot et les mauvais maîtres des XVI°-XVII’-XVIU<> siècles (Luther, Calvin, Rabelais, Molière, Voltaire, Rousseau, les Encyclopédistes), Paris, 1919 ; Mgr A. Crosnier, Veuillot apologiste, Paris, 1913.

É. Amann.


VIAIXNES (Thierry sieur de FAGNIER de), bénédictin français (1659-1735). —

Né à Châlonssur-Marne d’une famille de magistrats, le 18 mars 1659, il fut élevé chez les jésuites de cette ville, mais se sentit bientôt attiré par la vie monastique. Entré à l’abbaye Saint-Pierre de Châlons, qui appartenait à la congrégation de Saint-Vanne, il y fit profession le 13 juin 1677 et fut envoyé peu après à Saint-Vincent de Metz pour y faire ses études de théologie ; il reçut à Metz une solide formation, qu’il compléta à l’abbaye de Beaulieu en Argonne, alors siège d’une sorte d’académie monastique. En 1683, il était ordonné prêtre, rentrait à Châlons et ne tardait pas à se faire remarquer par ses talents de prédicateur. Mais son indépendance d’esprit lui causa de multiples désagréments ; en 1689, il est exilé pour quelques mois à l’abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache, à cause de l’opposition qu’il avait faite à certaines mesures prises par les autorités de la congrégation. En 1695, il est transféré à Hautvilliers, près d’Épernay, où se reconstituait la petite académie de Beaulieu. Dès ce moment, dom de Viaixiies avait pris nettement position pour le jansénisme. En 1698, il fait visite à Quesnel, réfugié en Belgique, et ne cessa plus dès lors de correspondre avec lui. Quand Quesnel fut arrêté à Bruxelles en mai 1703, une partie de cette correspondance fut découverte. Aussi, quand dom de Viaixiies passa à Paris, l’année suivante, fut-il arrêté et conduit au château de Vincennes, où il resta six ans et huit mois. À sa sortie, il fut exilé à l’abbaye de

Saint-Florent près de Saumur. Son attitude lors de la publication de la bulle Unigenitus lui valut un second séjour à Vincennes, de janvier 1714 jusqu’à la mort du roi. Libéré en 1715, il se retire à Beaulieu, puis à Saint-Vanne de Verdun. Mais ses malheurs n’étaient pas finis. En février 1721, à cause de son attitude dans l’affaire de l’appel, il est exilé à l’abbaye de Pottiers, au diocèse de Langres, puis, fin mai, banni du royaume. Les diverses maisons de Belgique où il croit trouver un refuge lui sont successivement fermées ; finalement, en 1722, il arrive en Hollande, où il trouve asile dans l’Église d’Utrecht, qui était en passe de devenir schismatique. Voir ci-dessus, col. 2404. Le 15 octobre 1724, au sacre de Steenoven par Varlet, c’était dom de Viaixiies qui faisait les fonctions de diacre, de maître des cérémonies et de notaire. Son sort est dès lors lié à celui de l’Église janséniste d’Utrecht. Il mourra le 31 octobre 1735 à Rhynwick près de cette ville.

De Viaixiies a multiplié des écrits pseudonymes et anonymes contre la constitution Unigenitus et les jésuites ; les bibliographes signalent : L’impiété reconnue, contre une thèse soutenue à Cæn, Cologne, 1693 (factum publié à l’insu de l’auteur). Ce fut de Viaixiies qui publia le recueil de Thomas Lemos, demeuré manuscrit depuis un siècle (voir ici, t. ix, col. 211) : Acta omnia congregationum ac disputationum… de auxiliis divinæ gratiæ, in-fol., Louvain (en réalité Reims), 1702. Il donna aussi une réédition du fameux livre d’Edmond Richer De ecclesiaslica et politica potestate libellus, 2 vol. in-4o, Cologne, 1702. Voir ici t. xiii, col. 2699. C’est assez dire dans quel esprit dom de Viaixiies menait la lutte contre la bulle Unigenitus.

Moréri, Le grand dictionnaire, éd. 1759, t. x, p. 572 ; Michaud, Biographie universelle, t. xlv ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1083, n. 1 (donne de Viaixiies comme l’éditeur de Serry, cf. ici t. xiv, col. 1959 ; il ajoute que, dans la préface mise en tête, de Viaixiies dissertait longuement de la vie de Thomas Lemos ; ce doit être le résultat d’une confusion entre les deux ouvrages parallèles de Serry et de Lemos).

É. Amann.


VIATEUR DE COCCAGLIO, frère mineur capucin, lecteur, écrivain et polémiste janséniste (1706-1793). — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie. —

Vincent Bianchi naquit à Coccaglio, près de Brescia, en Italie, de Jacques Bianchi et de Madeleine Perzonelli, le 20 avril 1706. En 1724, il prit l’habit franciscain chez les capucins de la province de Brescia, à Vestone. D’abord prédicateur, puis nommé lecteur à Brescia, il forma, en cette dernière qualité, à partir de 1737, toute la jeunesse de sa province religieuse. Écrivain d’une fécondité extraordinaire, il édita ses premières œuvres polémiques, en 1753 et en 1755. À cette époque, il attaqua Fébronius et réfuta dans un sens catholique l’évêque in partibus de Myriophite (voir ici, t. viii, col. 1061). Mais l’année suivante, il montra le bout de l’oreille lorsqu’il publia Ricerca sistematica sul testoe sulla mente di S. Prospero d’Aquitania, ouvrage imprégné d’augustinisme à tendance jansénisante. Les molinistes s’efforcèrent de faire condamner l’auteur et dans trois sonnets publiés contre lui l’accusèrent d’hérésie ; mais le P. Viateur, jouissant de la protection des cardinaux Passionei et Tamburini, ne fut pas inquiété. En 1760, le théologien capucin publia, en réponse à ces attaques, un recueil d’épigrammes de saint Prosper d’Aquitaine : Lo spirilo di S. Prospero qu’il s’efforça de présenter comme le reflet des doctrines augustiniennes. L’année suivante, en 1761, le P. Viateur donna dans la cathédrale de Spolète une série de conférences exégétiques