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de Y Histoire scolastique ; il n’est pas impossible qu’une partie de cette traduction reproduise une version antérieure de la Vulgate, du milieu de ce même siècle. Pour ce qui est du vieux-suédois, nous savons, par les œuvres de sainte Brigitte, que celle-ci s’était fait traduire la Bible en cette langue.

Vint la Réforme, qui, dans les Pays Scandinaves, s’opéra surtout par la volonté des souverains. -C’est par Christian II, exilé aux Pays-Bas depuis 1520, que le Danemark eut d’abord son N. T., Leipzig, 1524, en dépendance plus ou moins étroite de la traduction de Luther. Ce premier essai et d’autres qui suivirent furent assez mal accueillis ; c’est.seulement en 1550 que l’on eut la première Bible en danois ; traduite par Christian Pedersen († 1554), elle suit de très près la Bible de Luther ; elle resta longtemps en usage.

En Suède, ce fut Gustave Wasa qui fit le nécessaire pour doter son Église d’une Bible en langue vulgaire. A l’époque où il n’avait pas encore rompu définitivement avec le catholicisme (vers 1525), il s’adressa à l’archevêque d’Upsala, Jean Magni, qui répartit la besogne de traduction entre différents chapitres et couvents. Ce travail n’aboutit à rien. La Bible en suédois parut à Upsala en 1540-1541 ; cette édition avait été préparée par l’archevêque Laurent Pétri († 1573) avec le concours des deux frères Olaus Pétri et Laurent Andréa, les deux grands propagateurs de la Réforme en Suède. Elle s’inspirait de très près de la traduction de Luther. Elle est devenue la Bible officielle de l’Église de Suède, non sans avoir été soumise à de multiples révisions. Pour le N. T., elle a été remplacée dans l’usage ecclésiastique par une traduction de l’archevêque d’Upsala, Sundberg, en 1882.

Autres versions en des langues européennes.

Nous ne pouvons insister sur les multiples traductions de la Bible qu’amena, dans les divers pays de l’Europe l’explosion de la Réforme. À peu près partout, on constaterait le même phénomène ; des essais plus ou moins complets de versions scripturaires existent avant le XVIe siècle, mais c’est la Réforme qui amène le développement systématique de traductions plus ou moins filles de celle de Luther, ("est le cas pour les langues celtiques (irlandais, gaélique, bas-breton), dont les versions ont paru soit au xvr siècle sous la poussées des autorités officielles protestantes, soit au xixe par l’initiative des sociétés bibliques. Dans les États baltes, il en est de même. De même encore dans les légions magyares, où il faut signaler quc, dès le xviie siècle, les catholiques eurent grâce à Pazmanv une traduction de la Bible qui fui modernisée au XIXe siècle.

La Bohême devrait retenir davantage l’attention, car la littérature tchèque du Moyen Age est extraordinairemenl riche en traductions de livres bibliques avant pour base la Vulgate ; au cours du xiv siècle, toutes les partie, de II II rit lire étaient traduites. Ainsi Jean fins († 1415) avait a sa disposition une Bible tchèque complète, et il entreprit seulement de réviser

elle ci en s’aidanl surtout de la Vulgate. C’est ce texte qui passa dans les premières impressions, Prague, 1 188, d’où dérivent les autres. Puis intervient le groupement dit l’Unité des frères >, voir ici Bohèmes (Les jréres), t. ii, col. 930 sq. Après diverses traductions du N. T. qui ne donnèrent pas satisfaction, l’Unité entreprend une traduction complète de la Bible qui est éditée de 1579 a 1598, a Kralitz, en Moravie. La réaction catholique en Bohême, au xviie siècle, fait cesser toute publication des Bibles dissidentes, c’est une Bible catholique qui les remplace et qui doit d’ailleurs beaucoup à la Bible des frères. I.a Pologne eut également, dès le xiir siècle, des traductions partielles de la Bible (le Psautier principalement), qui s’amplifient au milieu du xv c siècle et semblent d’ailleurs s’inspirer des versions tchèques. La Réforme, qui fit de grands efforts pour gagner ce pays, devait amener une activité plus grande des traducteurs. Du côté luthérien, le duc Albert de Prusse, d’accord avec Mélanchthon, fait exécuter par Jean Seclutianus († 1578) une traduction du N. T., 1551-1552. C’est du prince Nicolas Radziwill que les réformés reçurent leur version (Bible de Brest, 1563), qui sera ultérieurement remplacée par la Bible de Dantzig, 1632. Pendant ce temps, les catholiques s’efforçaient, non sans succès, de faire paraître une Bible polonaise dès 1561 ; elle sera reléguée dans l’ombre par l’excellente traduction du jésuite Jacques Wujek († 1593, à Cracovie), qui ne parut au complet qu’après la mort de celui-ci. Voir son article.

Dans les autres pays de langue slave, il faut, en général, attendre le xixe siècle et l’activité des Sociétés bibliques pour assister à l’éclosion de traductions en langue vulgaire, sauf dans les régions, comme la Slovénie, où la Réforme prit quelque importance et qui eurent leurs Bibles en langue vulgaire dès le xvi c siècle.

Les indications détaillées se trouveront soit aux divers articles du Dictionnaire de In Bible, soit dans la Protestantische Realencyclopàdie, art. Bibelùbersetzungen, t. m (il faut au moins signaler le très remarquable article de Reuss sur les traductions françaises de la Bible, mis au point par Samuel Berger), à compléter par les deux art. Bibelgesellschaften et Bibellesen und Bibelverbot, t. ii, p. G91 sq., p. Ton.

Ce dernier touche à une question qui n’a malheureusement pas été traitée ici ex professo, celle de l’attitude de l’Église (et des autorités civiles à son service) dans la question de la lecture de la Bible dans une langue autre que le latin. On verrait que l’attitude de l’Église romaine est restée très libérale même aux derniers siècles du Moyen-Age. Cela explique la multiplication, surtout à partir du xiir siècle, des traductions en langue vulgaire, tout au moins dans les pays de vieille culture Chrétienne. Cette littérature de traductions scripturaires forme une partie importante de l’histoire littéraire des peuples en question et, à ce titre, elle a attiré l’attention tles philologues pour lesquels les versions scripturaires constituent souvent les plus anciens monuments d’une langue. Même les revendications bruyantes îles sectes vaudoises, cathares, wicléfites, hussites, en faveur de la diffusion de la connaissance de la Bible, ne semblent pas avoir beaucoup troublé l’Église. Dans les divers pays touchés par ces mouvements, les catholiques continuent à traduire la sainte Écriture en leur langue et presque partout, quand l’imprimerie commence à multiplier les éditions de la Bible, on dispose de traductions eu langue vulgaire. Il faut attendre le grand mouvement de la Réforme pour que l’Église prenne conscience du danger très réel que peut constituer, à Une époque I mutilée, pour la foi des simples, la lecture sans discernement des Livres saints. L’Église romaine n’est pas la première à entrer dans la voie de la prohibition ; plusieurs ordonnances des pouvoirs civils uni précédé les Interdictions ecclésiastiques, en Angleterre par exemple, oii l’on était très attentif aux mouvements du lollardisme. Le concile de Trente semble tiraillé entre deux tendances ; cf. Michel, Les décrets du concile de Trente, p. 11, noie ; il s’en remet au pape. Paul IV en 1559 range parmi les Biblia prohihila, toute une série de Bibles latines ; il ajoute que toutes les Bibles en langue vulgaire ne peuvent ni être imprimées. ni être gardées sans une permission du Saint-( Mlicc. C’était en pratique la prohibition de la lecture des Bibles en langue vulgaire. La renie I’de l’Index publié par l’ie IV, en 1564, est un peu plus libérale, mais elle suppose toujours pour la lecture de ces Bibles une permission donner par l’Inquisition ou par l’Ordinaire, après enquête sur les dispositions de l’impétrant. En 1590, Slxte-Qulnl remplaçait ces règles par une série de 22, dont la T 1 exige a nouveau, pour la lecture de la Bible en langue vulgaire, une nouvelle et spéciale permission du Siège apostolique

Des 1596, Clément VIII écartait le règlement de Sixte-