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VERSIONS DIVERSES ANTIQUES

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les Prophètes ; une reproduction photographique en a été donnée par A. Ceriani, en 1874 : Monumenta sacra et profana, t. vu.

3. Autres versions syriaques.

Au dire de Barhelmeus et d’Ebecljésu, le patriarche nestorien Aba I er (540-552) aurait traduit du grec l’Ancien et le Nouveau Testament. Absolument rien ne s’est conservé de cette traduction, si tant est qu’elle ait existé.

Au début du vie siècle, en 508, l’évêque de Mabboug, Philoxène (dit aussi Xénaïa), fit exécuter, par son chorévêque Polycarpe, une traduction de l’Écriture à partir du grec. Cf ici art. Philoxène, t.xii, col. 1516. Quels livres comprenait cette traduction, on en discute encore. Certainement le Nouveau Testament, mais certainement aussi le Psautier ; on a cru retrouver aussi des fragments d’Isaïe. Cette version « philoxénienne » a été revisée un siècle plus tard (en 610) et collât ionnée à Alexandrie par Thomas de Harkel ou d’Héraclée, devenu, lui aussi, évêque de Mabboug, sur des mss. que l’on pense avoir retrouvés. Le dernier mot n’est pas dit sur le rapport entre cette « harcléenne » et la « philoxénienne ». Cette question intéresse d’ailleurs surtout’a critique textuelle néo-testamentaire. Voir ci-dessous, col. 2726.

Deux siècles après la traduction de la philoxénienne, Jacques d’Édesse († 708), cf. ici, t. viii, col. 286, procura à ses coreligionnaires monophysites une révision très soignée de la Bible syriaque en se fondant sur les Septante et en fournissant des références aux autres traductions grecques. Il reste peu de choses de ce beau travail dont on peut juger par un ms. de Paris, donnant un Pentateuque lacuneux et Daniel, un ms. de Londres donnant les I et II Reg., III Reg. jusqu’à ii, 11, et des fragments d’Isaïe.

Plus importante que ces versions, qui sont malheureusement assez mal connues, est la traduction syriaque dénommée la Si/ro-palestinienne ou encore la hiérosolymitaine, qui a finalement été connue en Europe par le Cod. valic. 1 1 ( 19), décrit par les Assémani en 1758 dans leur catalogue de la Yalicane, t. tb, p. 70-103 ; le ms. en question a été publié à Vérone en 1861-1864. Cette recension qui s’étendait aux deux’Testaments se rencontre en outre dans beaucoup de livres liturgiques, surtout dans les lectlonnaires, c’est ce qui explique comment cette version est surtout connue par de menus fragments. Sa date est très diversement fixée, quelques critiques la faisant <u ix c siècle, d’autres la remontant jusqu’au v*. Sa langue paraît plus vulgaire que celle des traductions précédentes ; les mots grecs y sont nombreux ; elle s’attache de très près au texte grec.

Versions coptes.

En Egypte, le christianisme

fut d’abord de langue grecque, mais, dès qu’il pénétra d ; ins la masse indigène, il dut parler le copte et mettre la Bible en cette langue à la disposition des fidèles. Plusieurs dialectes, d’ailleurs, se parlaient en Egypte : bohaïrique au Nord, sahidique (ou thébain ) au Sud, sans compter les dialectes du l’aïoum et de la Moyenne-Egypte. Or, il y eut, dans ces divers dialectes, des traductions plus ou moins com piétés de la Bible et cela de très bonne heure, dès le m", peut-être déjà dès le ile siècle. Ces versions ont’I. râites sur le grec des Septante, dont elles reflètent l’étal avant la recension d’Oiigènc. Pour autant que l’on en puisse juger, car le classement et surtout la publication, du moins pour l’Ancien Testament, sont

encore rudimentaires, le texte qui leur servait de I’i l étail très voisin de celui du Vaticanus.

1° Version éthiopienne. Depuis longtemps,

l’Eglise éthiopienne est en possession d’une version

en langue geez de la Bible entière. Ancien et Non

veau Testament, qui est la seule autorisée dans l’usage ecclésiastique et continue à maintenir son ancien prestige, même depuis que l’éthiopien est devenu une langue morte. Les origines de cette version sont obscures ; qu’elle remonte à saint Frumence, le premier apôtre de l’Ethiopie, c’est ce qu’il est impossible de démontrer ; qu’elle ait été faite sur l’arabe, c’est ce qu’il est encore plus difficile d’admettre, car la traduction de l’Ancien Testament suit très exactement le texte des Septante. Les travaux d’Aug. Dillmann qui a commencé la publication critique de cette version en 1853-1855 -- la mort a interrompu son œuvre en 1894 — ont montré que la version éthiopienne est très fidèle, rendant d’ordinaire mot pour mot le texte grec, très lisible néanmoins, excellente dans l’ensemble, encore que tous les livres n’aient pas été également bien traduits. La date de cette version est encore sujette à discussion. De ce que le christianisme a pénétré en Ethiopie dès la première moitié du ive siècle, on ne saurait conclure que la traduction ait été réalisée d’aussi bonne heure, il s’est écoulé un laps de temps assez considérable entre le moment où l’Évangile a été annoncé et celui où le pays a été suffisamment christianisé pour que fût nécessaire une Bible éthiopienne. Ce n’est pas une raison, d’ailleurs, pour reculer, comme le voulut un instant P.-O. de Lagarde, la traduction éthiopienne jusqu’au xiv re siècle, et pour la faire dériver de l’arabe ou du copte. On maintient donc que ladite version dérive des Septante et, comme les rapports religieux de l’Ethiopie ont été surtout étroits avec Alexandrie, on a admis, un peu à priori, que la recension utilisée avait été la recension hésychienne ; on pensait même pouvoir se servir de la traduction éthiopienne pour une reconstitution aisée de cette édition des Septante. Il a fallu en rabattre. Le christianisme n’est pas venu en Ethiopie exclusivement de l’Egypte ; les vrainéens ont eu part eux aussi à l’évangélisation. Il ne serait pas du tout invraisemblable que des docteurs araméens ou leurs disciples aient eu quelque part à la constitution de la Bible éthiopienne.

5° Versions arménienne et géorgienne, — On sait de quelle obscurité sont entourées les origines chrétiennes de l’Arménie et de sa littérature. Il est certain que, dans l’Arménie proprement dite, passée depuis 387 dans la mouvance de l’empire sassanide. les nouveaux maîtres témoignèrent de leur hostilité à la langue grecque et favorisèrent, au contraire, la propagation du syriaque. Les communications étaient difficiles avec Constantinople, beaucoup plus aisées avec les pays de langue araméenne. Il n’y aurait donc rien d’étonnant que la traduction des Livres saints ait été exécutée d’abord sur le syriaque. En fait, pourtant, la version arménienne actuelle part du grec. Dans la première moitié du ive siècle, on arriva à se procurer en Arménie des exemplaires de la Bible grecque et c’est sur cette Bible que les traducteurs arméniens exécutèrent leur version. La connaissance qu’ils avaient du grec était néanmoins assez élémentaire et ils révisèrent leur travail en recourant au syriaque qui leur était plus familier. Plus tard, diverses révisions, très soigneusement exécutées, ont donné à la vulgate arménienne sou caractère de perfection. Ceci était terminé vers le début du viir siècle. Ainsi la traduction arménienne de l’Ancien Testament dérive des Septante et plus par ticulièrement de la recension hexaplaire dont les plus anciens mss. ont conservé, au moins en partie,

les signes critiques. Quant à savoir si les variantes qui se rencontrent dans ces mêmes mss. proviennent de l’influence de traductions anciennes inspirées du

syriaque ou du fait que plusieurs textes grecs étaient