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VERSIONS. LES SEPTANTE, ÉDITIONS ACTUELLES
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poèmes homériques, les questions de critique textuelle. Un jour ou l’autre les mêmes problèmes allaient se poser pour le texte grec de la Bible. Par ailleurs, la polémique avec les Juifs attirait de plus en plus l’attention dans les milieux chrétiens instruits sur les différences, vraies ou prétendues, que présentait le texte grec avec l’original hébreu. C’est à ces deux ordres de préoccupations que répondent les grands travaux d’Origène et de ceux qui lui ont succédé.

1° Les H exaptes d’Origène (Voir art. Opigènk, t. xi, col. 1495-1496). — On a expliqué, à cet article, ce qu’était la gigantesque entreprise d’Origène. Si elle avait survécu, elle permettrait d’avoir une idée très exacte de ce qu’était au iiie siècle le texte hébreu (très voisin du texte massorétique) et des rapports qu’il entretenait avec les Septante. Malheureusement l’énormité du travail de transcription a fait reculer les copistes et le manuscrit original ayant disparu, c’est uniquement sur des bribes que nous pouvons juger de l’œuvre primitive.

Sur six colonnes, Origène avait fait disposer :

1. Le texte hébreu en caractères hébraïques. —

2. Le même texte transcrit en lettres grecques. —

3. La version d’Aquila.

4. Symmaque. — 5. Les Septante. -- (>. Théodotion. — À divers endroits s’ajoutaient une, deux ou trois autres colonnes, reproduisant les versions anonymes dont il a été question ci-dessus. La partie capitale était la colonne des Septante, dont le texte était muni des signes critiques employés par les grammairiens alexandrins : l’obèle —, indiquant les passages à supprimer, l’astérisque * ceux que l’on rétablissait ; deux points (métobèle) indiquaient l’endroit où s’arrêtait l’influence du signe précédent. Soit un passage, de quelque ampleur qu’il fût, mot ou phrase, qui était dans l’hébreu et ne se trouvait pas dans les Septante, il était rétabli dans le grec de la 5e colonne, d’après une des versions grecques, généralement celle de Théodotion, et précédé d’un astérisque. Soit au contraire un passage des Septante qui n’avait pas de correspondant dans l’hébreu, il était signalé par un obèle ; et dans le texte massorétique les mots en question étaient replacés, munis de l’astérisque. Enfin, si les Septante donnaient une traduction qui s’écartait de l’hébreu, cette traduction était marquée de l’obèle et la leçon correspondante dans le texte massorétique était signalée par l’astérisque. En dehors de cela, des notes marginales expliquaient soil les noms hébreux, soit les phrases obscures ; elles étaient empruntées à des textes qui étaient désignés comme à’E6paôoç (une traduction grecque provenant d’un juif inconnu), ’> X’jpoc (peuti in une version grecque dérivée d’un texte syriaque ?), -’, Sa|iOCpeiTix6v (une traduction grecque du Targutn samaritain !).

L’intention d’Origène étal ! excellente et la méthode a la rigueur acceptable, en ce sens que la ">’colonne (Septante) donnait à première vue une idée exacte des rapports entre la Bible grecque officielle et le texte hébreu tel qu’il se présentait a l’époque, Origène supposant d’ailleurs, tout a fait gratuitement,

que le texte massorétique était identique au texte

hébreu sur lequel avaient travaillé les Septante. Mais le résultat final a été de fournir des Septante un texte composite qui différait considérablement

du texte grec original. À bien des reprises, on recopia

(elle.V colonne toute seule, et elle n’avait guère

de sens que replacée au milieu des autres dont elle

dait surtout on la recopia sans les signes

critiques ou avec les signes critiques négligemment

placés. De la sorte des leçons étrangères aux Septante et provenant des aidres versions pénel ici eut

dans le texte. Ce que fournissaient de telles copies de la 5 1’colonne, c’était un texte qui ne s’apparentait que de très loin à l’œuvre primitive des traducteurs alexandrins. Si l’on veut rétablir la recension des Septante dont se servait Origène, il est nécessaire de dégager le texte « hexaplaire » de toutes les variantes et de toutes les additions qui s’y sont introduites. Pour compliquée qu’elle soit, la tâche n’est pas absolument impossible. Quelques mss. grecs, spécialement le Colberto-Sarravianus (Leide, Voss. Gr. 98) et le Marchalianus (Vatic. gr. 2 125) ont conservé à beaucoup d’endroits les signes critiques ; il en est de même de la traduction syriaque, fort littérale, de Paul de Telia, dite syro-hexaplaire (ci-dessous, col. 2720). Cette dernière rendra pour l’établissement du texte des Septante utilisé par Origène les plus grands services.

Les diverses recensions des Septante.

À la tin

du ive siècle, Jérôme faisait déjà remarquer qu’à son époque circulaient en Orient trois recensions bien distinctes du texte des Septante : Alexandrin et Mguptus in Septuuyinta suis Hesychium laudat auctorem ; Conslunlinopolis usque Antiochiam Luciani marlyris exemplaria probat ; mediæ inler lias proinnciæ pala’siinos codices legunl, quos ab Origène elaboralos Eusebius et l’amphilus vulgaverunl, tolusque orbis hue inler se trifaria varielate compugnat. In libr. Paralip., prsef., P.L., t. xxviii, col. 1324 sq. Ainsi, en Egypte, dominait une recension ayant pour auteur un certain Hésychius, en Asie Mineure la recension du martyr saint Lucien, en Syrie et en Palestine, une autre qui remontait à Eusèbe et à Pamphile.

1. La recension palestinienne de Pamphile et d’Eusebe. — C’est celle-là même que nous avons appelée le texte hexaplaire, reproduisant avec ses signes critiques la 5° colonne d’Origène (ci-dessus).

2. La recension d’Hésychius.

Elle est mal connue ; son auteur l’est plus mal encore. S’agit-il de l’évêque égyptien martyrisé avec beaucoup d’autres en 312, Eusèbe, II. JE ?., VIII, xiii, 7 ? On ne saurait le dire. Il est à présumer que cette recension a pénétré dans les versions coptes et qu’on pourrait la restituer aussi en étudiant les citations scripturaircs des écrivains originaires d’Egypte et spécialement des Alexandrins. Il est vraisemblable qu’elle est représentée, plus ou moins pure, dans le Vaticanus et les mss. apparentés. Sur ses rapports avec la version éthiopienne, voir ci-dessous, col. 2721.

3. La recension lucianique.

Elle a pour auteur le martyr saint Lucien d’Antioche ; cf. ici, t. ix, col. 1027, où sont données les caractéristiques principales de son texte. Les travaux de P. de l.agarde ont permis à celui-ci de reconstituer la première partie, Genèse à Esther, de la recension lucianique. On peut donc juger avec exactitude l’œuvre de Lucien. Celui-ci partait d’un texte de base assez différent du texte commun, bien que souvent d’accord avec le Vaticanus contre les autres témoins, il le corrigeait à l’aide de l’hébreu, qu’il lisail d’ailleurs dans un texte assez différent du texte massorétique, il comblait les lacunes du grec à l’aide des anciennes versions el surtout de Théodotion. Mais le dernier mot n’est pas dit sur le texte susdit. Le fait que des leçons g lucianiques i se retrouvent dans la vieille latine, dans l’hilon et.losèphe, pose la question de savoir si Lucien n’utilisait pas une recension beaucoup plus ancienne que lui.

/ i. ÉDITIONS ACTUELLES t/BS SEPTANTE. Comme on vient de le voir, il est difficile, à l’heure présente, de se représenter l’étal primitif de la version grecque alexandrine. Un travail s’Impose à l’endroit de ce texte, analogue à celui qui est actuellement en court pour restitue ! le texte latin de la Bible tel qu’il est