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    1. VERSIONS##


VERSIONS. LES SEPTANTE, CONTEN !

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(ludion surgirent d’abord en diverses communautés,

nous aurions dans le texte des Septante le rassemblement et la révision de ces traductions partielles. Une version de la Torah s’imposait en toute première ligne ; peu à peu s’y adjoignirent les traductions des autres livres. Ce travail d’adjonction dura longtemps : si, comme il est vraisemblable, le livre de Daniel ne prit sa forme actuelle, dans le texte original, qu’à l’époque machabéenne, sa traduction en grec ne peut guère être antérieure à la seconde moitié du 11e siècle. Il y a donc plusieurs générations entre les parties les plus anciennes et les plus récentes des Septante. On peut montrer que les traductions plus récentes dépendent de parties plus anciennement traduites. Quand le petit-fils du Siracide, qui vint en Egypte l’an 132, traduisit la collection de proverbes de son grand-père, que nous appelons l’Ecclésiastique, la traduction de tous les écrits (proto-)canoniques paraît bien avoir déjà été terminée ; cf. le Prologue de l’Ecclésiastique. En fait, un autre historien juif, Eupolémos, dans son llepi tûv èv’IouSaîa [îacnXécov, qui est sans doute du milieu du n p siècle, pouvait déjà se servir de la traduction des Paralipomènes ; Aristée (ne pas confondre avec Pseudo-Aristée), quelque temps après, utilisait pour l’histoire de Job la narration des Septante. Cf. Eusèbe, Prœpar. evang., ix, 25, P. G., t. xxi, col. 728. En résumé, la traduction des livres du canon palestinien s’échelonne sur une durée d’environ un siècle et demi. Plus tard des compléments importants furent ajoutés à cette version.

Contenu de la Bible des Septante.

Nous n’avons

pas à revenir ici sur la question du Canon de l’Ancien Testament. Voir t. ii, col. 1569 sq., et spécialement col. 1752. Rappelons seulement que, si les frontières du canon palestinien furent arrêtées de très bonne heure, celles du canon alexandrin demeurèrent toujours incertaines. Parmi les Juifs hellénisés, on n’éprouva jamais aucune répugnance soit à compléter par des additions diverses les livres reconnus dans la mère patrie, soit même à ajouter des livres nouveaux. De la sorte, la Bible grecque dépasse notablement en ampleur la Bible hébraïque ; elle dépasse même, de ce point de vue, notre Bible officielle latine, car un certain nombre des textes qui s’y lisent en grec n’ont pas pénétré dans la Vulgate. Il n’est pas inutile de dresser ici le catalogue des pièces qui figurent dans les éditions complètes des Septante. Les problèmes théologiques que soulèvent ces additions, plus ou moins intégralement reçues dans le texte latin officiel, ont été traités à l’art. Canon.

1. Compléments ajoutés aux livres protocanoniques.

— a) La question des livres d’Hsdras-Néhémie. — Ce groupe d’écrits se présente très différemment dans la Bible hébraïque (suivie par la Vulgate hiéronymienne ) et dans la Bible grecque. Dans cette dernière, le I er Esdras correspond à notre III Esdras (rejeté en appendice dans les éditions ordinaires de la Vulgate) ; le IIe Esdras correspond, pour la première partie (c. i-x) à notre I er Esdras, pour la seconde partie (xi-xxm) à notre IIe Esdras (= Néhémie). Il n’y a rien qui corresponde en grec à notre IVe. Esdras (rejeté en appendice comme non canonique dans la Vulgate). Ainsi le I er Esdras de la Bible grecque est-il un « apocryphe », où l’auteur a voulu faire une histoire du temple depuis les derniers moments du culte ancien jusqu’à la reconstruction d’après l’exil et au rétablissement du culte divin. Les matériaux employés se retrouvent, sauf une exception, en d’autres livres du canon palestinien : c. i = II Par., xxxv-xxxvi ; c. ii, 1-14 = Esdr., i, 1-11 ; c. ii, 16-31 = Esdr., iv, 7-24 ; c. v, 7-70 = Esdr., ii, 11v, 5 ; c. vi, 1-ix, 36 = Esdr., v, 1-x, 44 ; c. ix, 37 55 = Neh., vii, 37 fc-vm, 13a. Reste une partie originale, c. iii, 1-v, 6, qui n’a de correspondance nulle part et qui raconte la manière dont Zorobabel fut mis en évidence à la cour de Darius. La composition de ce livre soulève ainsi un certain nombre de problèmes, les uns d’ordre littéraire, les autres d’ordre théologique. Ils ont été touchés sommairement ici, art. Esdras, t. v, col. 524 sq.

b) Les parties deutérocanoniques d’Esther. — À sa traduction d’Esther faite sur l’hébreu, Jérôme a ajouté en appendice la version latine de plusieurs morceaux qui n’étaient pas dans l’hébreu et qui étaient passés du grec dans la vieille latine : songe de Mardochée ; .prière de celui-ci et d’Esther : double édit d’Assuérus, l’un contraire aux juifs, l’autre en leur faveur. Ces divers morceaux figurent dans la Bible grecque à leur place normale. Avant notre c. i, le songe de Mardochée ( = Vulg. hier., xi, 2-12, xii, 1-6) ; au c. iii, entre v. 13 et v. 14. s’intercale le premier édit d’Assuérus (Artaxerxès) (= Vulg., xiii, 1-7) ; après iv, 17, la prière de Mardochée (Vulg., xiii, 8-18) ; celle d’Esther (Vulg., xiv, 1-19). le récit de la démarche d’Esther auprès du roi (Vulg., xv, 1-19) ; après vii, 12, le second édit du roi en faveur des Juifs (Vulg., xvi, 1-24). Ainsi l’ensemble de la narration se présente d’une manière beaucoup plus satisfaisante que dans notre Vulgate latine, où Jérôme, avec-un dédain à peine dissimulé, a entassé en appendice tout ce qui ne figurait pas dans l’hébreu.

c) Les parties deutérocanoniques de Daniel. — Dans le texte original de Daniel, le grec a introduit : la prière d’Azarias, iii, 24-45, le cantique des trois enfants dans la fournaise, iii, 52-90 ; il donne en appendice et, sous un titre spécial, les deux narrations de Suzanne, et de la manière dont Daniel triompha de Bel et du Dragon. La Vulgate hiéronymienne a conservé cette disposition.

d) La prière de Manassé. — Les Paralipomènes, II Par., xxxiii, 12 sq., 18 sq., dans le texte original, faisaient mention du repentir et de la prière du roi Manassé. Un auteur grec a composé la prière en question, qui s’est introduite dans quelques manuscrits de la Bible grecque. Mais elle ne figure pas, d’ordinaire, dans le texte des Paralipomènes ; elle est renvoyée dans le recueil des toSat (voir ci-dessous). Ainsi dans Sweete, t. iii, p. 824. Notre Vulgate la donne en appendice. Le texte grec figure dans les Constitutions apostoliques, II, xxii, P. G., t. i, col. 648 sq. On a conjecturé que c’est de là que cette pièce était passée dans la Bible grecque.

2. Livres ajoutés à ceux du canon palestinien. — En dehors de ces pièces rapportées qui se sont introduites, plus ou moins tôt, dans la Bible grecque, des livres entiers y ont été ajoutés à ceux qui figuraient dans le canon palestinien.

a) Baruch. - - En appendice aux prophéties de Jérémie, figure dans les Septante un livre attribué à Baruch, qui se divise assez naturellement en trois parties : après l’introduction i, 1-14, une première division : i, 15-ur, 8 ; puis iii, 9-iv, 4 ; enfin iv. 5v, 9. Ces trois parties peuvent difficilement provenir d’un même auteur ; la première paraît bien supposer un original hébreu ; la grécité des deux dernières, nettement séparées d’ailleurs, ne permet guère de penser pour elles à un point de départ sémitique.

b) La lettre de Jérémie. — Elle figure, dans notre Vulgate comme le c. vi de Baruch. Dans la Bible grecque, elle est séparée de Baruch par les Lamentations. La grécité ferait penser d’abord que le grec est l’original ; l’on a fait valoir, néanmoins, en faveur d’un original sémitique la précision avec laquelle est décrit le culte des idoles tel qu’il se pratiquait en Babylonie,