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VATICAN (CONC. DU). L’INFAILLIBILITÉ


nationaux. M.-P., t. li, col. 646 sq. Cette demande fut transmise à la commission des postulats le 28 janvier, par le patriarche arménien. Mgr Hassun, et le primat de Pologne, Mgr Ledochowski. Le second postulatum était déposé par cent trente-cinq Pères, c’est-à-dire par une importante partie de la minorité. Il groupait cinq demandes rédigées séparément par les évêques d’Allemagne et de l’Empire austro-hongrois (46), les français (40), les américains (27) les orientaux (15), les italiens du nord (7). S’adressant au pape, ces diverses demandes insistaient sur les difficultés d’ordre théorique et pratique que pourrait soulever une définition et indiquaient que le mieux serait de rester dans le statu quo. Ibid., col. 677-686. Ces diverses demandes, furent transmises à la délégation des postulats, le 29 janvier, par le cardinal Schwarzenberg (Prague). D’autres membres de cette minorité adhéraient à son postulat sans l’avoir signé. Entre ces deux groupes opposés un troisième s’était formé qui, jugeant inévitable avec une telle majorité une définition, s’était donné la délicate mission de chercher une formule qui pût rallier tout le concile. De ces trois groupes émergent soit par leur éminente valeur personnelle ou par l’importance des sièges qu’ils occupent dans l’Église des prélats de tout premier ordre.

1. Les partisans de l’infaillibilité.

Parmi les promoteurs et partisans de l’infaillibilité pontificale, qui représentent dans le concile le groupement des intransigeants et constituent une majorité considérable, la France figure avec honneur tant par le nombre que par la qualité. Les évêques français étaient venus se grouper autour du cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux. Il était, confiait-il à ses amis, moins préoccupé de la thèse elle-même de l’infaillibilité que de la nécessité qui paraissait s’imposer à lui de déférer aux vœux d’un pape aussi saint que Pie IX. Mais l’influence du vieil archevêque s’effaçait un peu devant la haute autorité de Mgr Pic, évêque de Poitiers, autorité qui lui venait de sa science réelle des Écritures, des Pères et de la théologie, autant que de son inflexible orthodoxie. Il était l’effroi des catholiques libéraux qui lui reprochaient d’avoir poussé de toutes ses forces le souverain pontife à la publication du Syllabus. Et lui-même ne déguisait pas son aversion pour ces catholiques qui lui paraissaient « inspirés du diable, plus haïssables et plus dangereux mille fois que les incrédules ». Mgr Pie était particulièrement secondé par Mgr Plantier, évêque de Nîmes, dont les conférences à Notre-Dame étaient loin d’avoir fait oublier celles de Lacordaîre. Il n’en restait pas moins un dialecticien de première force, rompu à toutes les arguties de la scolastique. L’évêque de Poitiers trouvait encore un précieux appui dans Mgr Freppel, ancien professeur à la Faculté de théologie de Paris, qui venait d’être promu au siège d’Angers. Il avait jadis regardé la définition de l’infaillibilité pontificale « comme la mesure la plus inopportune que l’on puisse proposer », mais il s’était ravisé depuis et consacrait à la promulgation de cette infaillibilité une éloquence et un zèle justement appréciés. Autour de ces trois vedettes peuvent être rangés plusieurs évêques français comme Mgr Sergent, évêque de Quimper, Mgr Fillon du Mans, Mgr de Dreux-Brézé de Moulins, d’autres encore que nous verrons intervenir,

I lors de l’épiscopat français la majorité pouvait nommer pour la défense de l’infaillibilité des prélats d’une Incontestable valeur, pour l’Angleterre Mgr Manning, un ascète, converti au catholicisme, auquel le pape avait fait faire une carrière rapide

en l’appelant à l’archevêché de Westminster ; en Allemagne Mgr Martin, évêque de l’adei boni, dont les Interventions auront le plus grand poids soit dans

les commissions soit dans les séances générales ; en Italie, le cardinal Annibale Capalti, né à Rome en 1810, qui apportera dans la lutte pour le Saint-Siège une grande passion et fera partie des commissions les plus actives ; l’évêque de Calvi et Teano, Mgr Bartolomeo d’Avanzo, latiniste consommé, philosophe, savant théologien dont l’éloquence contenue s’opposera aux emportements de Mgr Strossmayer, évêque de Diakovo, et, par une affirmation nette et vive, dès le premier jour, prendra sa place au concile avec autorité. Un autre grand défenseur de l’infaillibilité se révéla parmi les évêques américains dans la personne de Mgr Spalding, archevêque de Baltimore. Mais au premier rang des évêques de la majorité apparaît Mgr Dechamps, récemment nommé par Pie IN archevêque de Malines et primat de Belgique et déjà célèbre par sa controverse avec Mgr Dupanloup et l’abbé Gratry (voir les Quatre lettres de l’abbé Gratry dans A. Chauvin, Le Père Gratry, et les lettres de Mur bu panloup à Mgr Dechamps dans Lagrange. op. cit.. t. iii, p. 158 sq.). L’archevêque de Malines, dont ses adversaires eux-mêmes reconnaîtront l’exquise courtoisie et le courage qu’il mettait au service d’une résolution inébranlable, sera une des principales lumières du concile.

2. Les opposants.

Les évêques français du groupement minoritaire étaient réunis sous la présidence du cardinal Mathieu (Besançon). Ce prélat, esprit cultivé et très fin sous des allures massives, présidait avec une grande affabilité les réunions de ses collègues au palais Salvati. Mais, trop souvent flottant dans les décisions à prendre, il n’avait ni le caractère ni l’âme d’un chef. Deux hommes tout à fait supérieurs suppléaient par leurs qualités autant que par leurs défauts à la carence présidentielle : Mgr Darboy, archevêque de Paris et Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans. Le premier, diplomate très avisé, écrivain d’une pureté de forme et d’une élégance raffinée, orateur dont l’éloquence soulevait l’admiration de Berryer lui-même, était cependant suspect à Rome pour son gallicanisme, qui lui fera commettre une faute grave en le poussant à réclamer avec insistance pendant le concile l’intervention du gouvernement français. Le second dont on devait dire « qu’il était à lui seul une armée au service de l’Église et de l’Esprit-Saint », fut l’objet de nombreuses critiques pour l’ardeur trop passionnée qu’il devait apporter à la défense de son opinion. N’alla-t-on pas jusqu’à l’accuser lui aussi de certaines Interventions gouvernerr entâtes occultes contre la liberté du concile ? Mais aussi prompt dans ses illusions que tenace dans ses décisions, il avait l’âme d’un chef et sous sa bannière se rangeaient des évêques du plus grand mérite, comme Mgr Ginoulhiac, transféré pendant le concile de l’évêché de Grenoble à l’archevêché de Lyon et que son Histoire du doqme catholique pendant les trois premiers siècles de l’Église avail révélé comme un théolo gien de la plus haute valeur. Mgr Landriol. archevêque de Reims, qui relevait une vaste érudition patristique par l’élégance de sa parole, Mgr Meignan, évêque de Chfllons, célèbre dans le monde religieux par ses œuvres d’exégèse et Mgr Place, évêque de Marseille, qui pendant six ans avait été associé aux travaux de Mgr Dupanloup en qualité de vicaire général. Ces deux évêques devaient être promus plus tard aux honneurs du cardinalat. Signalons encore Mgr Dupont des Loges, évêque de Metz, et le savan ! évêque de Sura. lgi Marel. le seul français qui, dans son ouvrage Du concile général et de lu paix rcliqiruse se fut ouvertement révélé comme un adver taire de l’infaillibilité elle-même, dont ses collègues se bornaient à contester l’opportunité.

A ce groupe d’opposants ; i i.i définition de l’infail-