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    1. VALENCIA##


VALENCIA. DOCTRINES, LA GRACE

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unitur intelleclui per sui speciem intentionalem. Item potentiæ, habilus, et (ictus, per hoc etiam sufflcienter cum intellectu uniuntur, quo insunt in cudem essentiel animas, lbid., col. 1380-1381.

II. TRAITS DOCTRINAUX CAMACTÊR ST QUJSS DANS LES T. II, m ht IV. — Vers la fin du t. i des Commentaires théologiques, Valencia consacre quelques lignes à l'état de « nature pure » : Il n’a jamais existé à part et n’existera jamais, l’homme ayant été établi dans des conditions de justice originelle qui comprennent à tout le moins les privilèges « préternaturels ». Avec saint Thomas, d’ailleurs, et contrairement à saint Bonaventure, Valencia estime que l'état de rectitude originelle incluait le don surnaturel de la grâce. Ibid., disp. VII, q. ii, punct. 2, col. 14221425. L’homme eût pu être créé in puris naturalibus. On peut même, par voie d’abstraction indispensable, considérer cet état quatenus ordine quodam rationis prior est natura, quam supernaturalia dona gratuita. Ibid., col. 1422. Sans insister, Valencia énumère ensuite les cinq états effectifs : de nature intègre, dégradée, rachetée, béatifiée incomplètement avant la résurrection du propre corps, béatifiée entièrement après.

De la béatitude.

Au seuil du t. ii, G. de Valencia

rencontre le problème des rapports entre raison et foi, en traitant de l’acquisition de la béatitude. Disp. I, q. v, punct. 1-6, col. 117-144. Cf. S. Thomas I » -II », q. v, a. 1-8. Après avoir distingué la béatitude comme perfection et bonheur pléniers en général de la béatitude réalisée par vision et fruition de Dieu, Valencia constate que celle-là est désirée de tous et celle-ci par ceux qui savent que la perfection et le bonheur en général s’y trouvent accomplis. La béatitude prise en ces deux sens, tous les hommes la désirent d’un désir naturel, absolu ou conditionnel. Par rapport à la béatitude à réaliser par vision et fruition de Dieu, notre désir est nécessaire quant au jugement de valeur, quoad specifteationem ou appretiative, mais il peut se laisser combattre et vaincre en fait par un appétit coupable. Car, si le désir naturel absolu de la béatitude en général s’avère de tout point souverain, le désir-vœu de la béatitude en Dieu, s’il s’actue lui aussi souverainement quant au jugement appréciatif, quoad specifteationem ou appretiative, ne s’actue pas toujours de même intensive. Ibid., punct. 1, col. 119-125.

Ces précisions acquises, Valencia approfondit le problème, en ce qui concerne la béatitude par vision et fruition de Dieu. De par son âme l’homme y est naturellement accordé et elle lui est désirable. Il est donc nécessaire qu’elle puisse être réalisée mais pas, pour autant, qu’elle doive l'être. Ibid., punct. 2, col. 125-126. C’est d’un désir tout docile au bon vouloir de Dieu que, naturellement, nous la désirons. L’homme ne peut s’y hausser lui-même ni l’exiger, mais il a besoin d’y être élevé par don de grâce. Ibid., punct. 5, col. 141. Besoin absolu ou seulement relatif ? Le caractère absolu du besoin serait contraire, pour Valencia comme pour saint Thomas, au dogme philosophique et théologique de la gratuité foncière du surnaturel. Contraire même, pour Valencia, à ses brèves et nettes affirmations sur l'état humain, irréel en fait, possible en droit de « nature pure ». Mais, pas plus que saint Thomas, notre commentateur ne vise à construire un ensemble philosophique répondant à cette possibilité de droit. Comme lui, il se contente, au fur et à mesure de ses commentaires théologiques, d’en façonner les matériaux.

Grâce efficace et liberté humaine.

Si l’habitus de

grâce est indispensable à l’homme pour obtenir la béatitude de gloire, c’est par le moyen de la grâce actuelle efficace que l’adulte humain parvient à la

grâce habituelle, y persévère jusqu’au bout de l'épreuve et meurt en cet état. Sans enseigner que la grâce de Dieu actuelle devient efficace par le seul bon usage du libre arbitre humain, Valencia requiert ce bon usage effectif. Ce n’est ni par soi seule ni par ce bon usage seul, mais, tout ensemble, par soi et par ce bon usage, par soi principalement et par ce bon usage secondairement, que la grâce est efficace, qu’elle se distingue de la grâce dite suffisante. Capital en soi ce problème l’est aussi pour qui vise à caractériser à la fois la doctrine et la méthode du théologien d’Ingolstadt.

Le but ultime de l’itinéraire est la gloire, épanouissement béatifiant de la grâce habituelle ; le but prochain c’est la conversion qu’il s’agit ici d’obtenir.

1. Grâce efficace.

Il faut, pour mieux saisir le pourquoi secret et le progrès subtil de chacune des sept étapes de notre théologien, sentir son dessein dominant qui est, sans diminuer en rien l’apport personnel libre de l’homme obéissant, de souligner dans la grâce efficace la souveraine primauté de Dieu. Il est indispensable, tant elles sont nuancées, de traduire les sept propositions-résumés de Valencia.

a) « Que l’homme se convertisse et réponde à l’appel excitateur de Dieu, il ne faut pas l’attribuer à son seul libre arbitre mais surtout à la grâce efficace elle-même, qui lui vaut de se convertir. Ainsi, à la question pourquoi un tel se convertit répondons très correctement : et parce qu’il a eu la grâce efficace de librement se convertir et parce qu’il a choisi, avec le secours de la grâce, de se convertir. » Ibid., disp. VIII, q. iii, punct. 4, col. 1190-1191.

b) « Cette grâce efficace, qui vaut à l’homme de se convertir, est telle qu’il n’arrive ni ne peut arriver jamais que, posée tout entière, l’homme ne se convertisse pas, et donc, elle supposée, nécessairement et infailliblement, l’homme se convertit : c’est en toute liberté, néanmoins, qu’il se convertit. » Ibid., col. 1192. Par le mot tota, G. de Valencia signifie ici que ultra vocationem, la grâce efficace continel aliquid, per quod etiam actu efpcit una cum libero arbitrio conversionem. Ibid., col. 1193.

c) « Prise ainsi dans sa plénitude qui amène la conversion, la grâce est nécessaire à tous les adultes pour qu’ils se convertissent librement : il n’arrive donc jamais que, sans elle, l’homme opte pour la conversion. » Ibid., col. 1194.

d) « Cette grâce efficace sans laquelle aucun appelé ou sollicité ne peut librement se convertir et avec laquelle, certainement et infailliblement, l’homme se convertit, consiste en un don que, déjà prévenu par la grâce de vocation et la grâce excitatrice, l’homme puisse obtenir, avec le secours de Dieu, par un pieux usage de son libre arbitre : c’est donc sa faute s’il vient à lui manquer. » Ibid., col. 1195.

e) « Ce don de la grâce efficace est, dans un genre de causalité, antérieur par nature à la libre conversion, et, dans un autre, postérieur. » Ibid., col. 1210. Antérieur, dans l’ordre de l’efficience, « car il consiste en une infusion d’habit us de grâce et de vertus par lesquels l'âme fortifiée produit les actes de conversion, Dieu concourant avec elle à leur production ». Mais, tout en étant postérieure dans l’ordre de l’efficience, « la conversion est antérieure au don de la grâce efficace de par sa causalité matérielle ou dispositive. Cette conversion, dès lors, est le pieux usage même du libre arbitre par lequel est acquise cette grâce efficace ». Ibid. Si l’on entend au sens large la formule « grâce efficace », y comprenant « tous les dons qui aident à la conversion et y concourent », une certaine différence réelle existe entre la grâce efficace et la grâce de justification. Mais, si nous parlons de la grâce efficace comme du don ultime qui, outre la