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la fin « lu XIIe siècle, une école de droit, qui, sans égaler la célébrité de celle d’Orléans, devint, au siècle suivant, faculté de droit civil et canonique. Cartul. Montp., n. 3, p. 18 1.

En Italie, Bologne est incontestablement en tête pour renseignement des deux droits. Le droit civil avait eu pour initiateur le célèbre Irnérius († 1140), tandis que vers la même époque Gratien publiait son Décret. Ces deux noms suffisent à immortaliser l’école bolonaise, qui, à cette date, n’était pas encore une université. Celle-ci s’organisa par l’union corporative des « nations » ; mais, à la différence de Paris, ce furent les étudiants seuls qui formèrent la corporation, tandis que les maîtres, citoyens de Bologne pour la plupart, n’arrivaient pas à s’affranchir de l’autorité communale et, ayant perdu leur indépendance, ne participèrent pas à la fondation de l’université.

c) La médecine, tout en conservant ses foyers traditionnels (Salerne et Montpellier) tendait également à se répandre dans toutes les universités, dès le xme siècle. Lorsque l’école de Salerne fut reconnue comme université en 1231, elle était déjà en pleine décadence. Il y avait plus d’un siècle qu’elle était en possession d’une doctrine condensée dans VAniidotaire, célèbre ouvrage de thérapeutique d’inspiration gréco-romaine, et dans le Recueil du moine africain Constantin, colporteur de l’influence paléo-arabe. Mais au xiiie siècle, le rôle de Salerne est presque terminé. Cependant, si elle ne produit plus rien de nouveau, elle a du moins mis de l’ordre dans l’enseignement de la médecine et fourni des textes authentiques et autorisés aux universités de l’Occident.

Montpellier semblait au contraire dans une situation géographique privilégiée pour recevoir les influences venues de la Méditerranée (Italie, Afrique, Levant, monde gréco-romain) aussi bien que de l’Espagne (monde arabe et savants juifs). Cf. Salomon Kahn, Les écoles juives et lu faculté de médecine de Montpellier, Montpellier, 1890, p. 7. Une autre circonstance favorable fut la présence de nombreux hôpitaux dans une cité qui fut le berceau de l’ordre hospitalier du Saint-Esprit, fondé en 1172 par Guy de Montpellier, et qui comptait, en 1300, quatre cents maisons en Europe. La charte organique de l’université est due au légat pontifical, le cardinal Conrad d’Urach. Cf. Cartulaire de l’univ. de Montp., éd. Germain, t. i, n. 2, p. 180. Les maîtres, organisés en corps, ont à leur tête un chancelier, choisi par l’évêque de la ville parmi les professeurs. La médecine se sépare de plus en plus des arts libéraux ; elle tend à n’être plus un simple « art », mais une science rationnelle. C’est à Montpellier qu’apparaît pour la première fois cette place donnée à 1j médecine dans la hiérarchie des sciences. Autres i inovations remarquables : les statuts de 1239, confirmés par le Saint-Siège, font de l’examen universitaire la condition préalable de l’exercice de la médecine. D’autre part, cet exercice doit être précédé d’un stage de six mois. Cf. Germain, Hist. de la commune de Montpellier, t. m. p. 96, 422-424. Paris eut aussi, dès le xiiie siècle, sa faculté de médecine.

d) « Les arts ». — Terminons par la faculté des arts, qui, on le sait, préparait aux leçons des trois autres facultés. Les études y correspondaient assez à ce que nous appelons les classes supérieures de lettres (de la troisième à la philosophie) : tout ce que le Moyen Age enseignait dans le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, astronomie, musique).

Tandis que les programmes des trois autres facultés changèrent peu au cours du xiii c siècle, l’enseignement de la faculté des arts se développa dans le sens d’une véritable faculté de philosophie. L’introduction des

sciences au programme et l’infiltration des ouvrages gréco-arabes ne furent pas étrangères à cette évolution. Mais l’entrée des ordres mendiants, en particulier des dominicains, dans les universités eut une influence plus déterminante encore. On sait que les réactions des maîtres séculiers contre ces nouveauxvenus furent assez vives ; mais le Saint-Siège ayant l’ait sentir le poids de son intervention, les mendiants eurent gain de cause. Avec eux ce fut Aristote qui triompha, mais un Aristote chrétien, et ce succès fut plus éclatant encore après la condamnation de l’averroïsme en 1270. Saint Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin, en intégrant et en systématisant le péripatétisme avaient créé le cadre d’une philosophie chrétienne.

A partir du xive siècle, la grammaire n’est plus qu’un cours préparatoire pour les débutants ; la logique elle-même n’est qu’une étape ; la dialectique est très en honneur ; la physique (qui comprend la philosophie naturelle, la cosmologie et la psychologie) entre dans les programmes ; la métaphysique devait suivre de près. Quant à l’enseignement scientifique, il se réduit à la géométrie et à l’astronomie. La philosophie absorbe les autres arts et les sciences.

Ajoutons que le concile de Vienne (1311) avait prescrit l’enseignement des langues orientales dans les cinq principales universités. De sorte que, à la fin du xive siècle, on pouvait noter un mouvement sérieux en faveur des études littéraires et un intérêt croissant pour les écrivains de l’antiquité.

6. Les grades.

a) Faculté des arts. — Pour en parler, il faut commencer par la faculté des arts qui ouvrait l’accès aux facultés supérieures. Les étudiants y entraient vers l’âge de 14 ans. Les régents, qui étaient fort jeunes s’attachaient surtout à la logique.

Les candidats au premier grade, le baccalauréat (appelé déterminance jusqu’au xve siècle), devaient avoir étudié la logique durant deux ans. Les épreuves se passaient dans le cadre de la « nation », qui, en cas de succès, ne donnait pas de diplôme, mais des lettres testimoniales. Les épreuves étaient orales ; partout l’examen écrit était inconnu.

La licence se passait, à Paris, en présence des deux chanceliers, assistés d’examinateurs choisis dans les nations. Les candidats devaient avoir 21 ans accomplis, n’être pas mariés et avoir étudié à la faculté des arts durant trois ans. À l’examen vint s’ajouter, à .partir du xive siècle, une leçon publique. Le grade suprême des arts était la maîtrise, qui faisait entrer les licenciés dans le corps enseignant de la faculté, après agrément de ses membres. L’acte solennel qui introduisait le nouveau maître dans ses fonctions s’appelait inceptio. Le récipiendaire y prononçait une harangue et on lui imposait le bonnet, insigne de sa maîtrise.

b) À la faculté de théologie, les études étaient très longues : de 8 années à l’époque de Robert de Courson (1215), la durée des cours fut portée jusqu’à quatorze un siècle plus tard, pour revenir à 10 ans au xvie siècle (concordat de 1516). Le baccalauréat était un « état » plutôt qu’un grade, une sorte d’apprentissage de la maîtrise. De bonne heure, on distingua trois classes de bacheliers : les bacheliers simples, ordinarii, qu’on appelait aussi biblici, parce qu’ils devaient faire des leçons sur l’Écriture, ou encore cursores, en cours ; les sententiaires, admis à « lire » (enseigner) les sentences de Pierre Lombard ; les bacheliers formés, formati, c’est-à-dire ayant achevé leurs études. Ces derniers étaient candidats à la licence, qu’ils obtenaient après un certain nombre d’argumentations : deux pour les religieux, quatre pour les séculiers. La licence n’était conférée, à Paris, que les années impaires, dites’ « de jubilé » ; pour la médecine, c’étaient les années paires.