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UNITE I)]- : L’ÉGLISE. CONCLUSIONS

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à la conception d’une Eglise unique celle d’une Église unir. Et ainsi l’imité de l’Église se réduira finalement à ces deux points : 1° l’union dans la vie et l’action, qui « ouvrira sûrement la voie à une unité spirituelle plus complète par la foi en Dieu et en Notre-Seigneur Jésus-Christ » ; 2° l’union dans la foi et l’organisation, qui « implique l’idée d’une Église unique comprenant divers types de déclarations doctrinales et d’administration des sacrements ». Et ainsi les deux tendances se trouvaient accordées ( ?), dans une « unité » faite de divergences. Incohérence essentielle au protestantisme.

On pourra lire, en ce sens, le rapport de la viie commission. 1 n’rédaction, op. cit., p. 454-455 ; 2e rédaction, p. 492-493. I.a première rédaction reconnaissait (n. 5) « pour toutes les communions qui s’unissent, la liberté, en ce qui concerne les interprétations diverses de la grâce sacramentelle, de l’organisation et de l’autorité du ministère ». I.a deuxième rédaction devait reconnaître qu’ « il y a des divergences quant aux limites de la liberté d’interprétation prévue au n. 5°. Il lui fallait également insérer une restriction des orthodoxes quant à l’enseignement formel de la « sainte tradition de l’Église », laquelle « rejette la liberté d’interprétation en ce qui concerne soit la grâce sacramentelle, soit l’organisation et l’autorité des ministres ». F. 693, note 1.

Il existe d’ailleurs un texte « olliciel » de la déclaration vu relative à « l’unité de la chrétienté et les Églises actuelles ». Il fait suite aux déclarations officielles il à vi qui enregistrent le degré d’unité réalisée jusqu’ici par la Conférence dans sa conception de l’Église. Il s’exprime ainsi :

L’unité de l’Église implique une unité dans la foi et l’organisation ; mais ne signifie pas « uniformité ». Elle doit pouvoir se manifester sous des formes diverses, à la condition de maintenir les réalités essentielles qui sauvegardent son unité fondamentale. Les diverses communions chrétiennes devraient apporter à la vie commune de l’Église les éléments où s’expriment les dons spéciaux qui les caractérisent. Ainsi l’on conserverait dans sa plénitude la riche variété de l’expérience chrétienne ; et la liberté d’interprétation (dans les cadres de la foi traditionnelle) serait garantie.

D’autre part, il existe entre nous des divergences quant à la forme définitive que l’Église doit revêtir selon la volonté de Dieu. Les uns estiment que cette forme a été fixée par le Christ lui-même, et doit en conséquence rester immuable. Les autres pensent que l’Église, une, peut s’exprimer en des formes variées, sous la direction du Saint-Esprit ; ils font place dans l’Église future à une diversité dans la doctrine, dans le culte, et dans l’organisation ecclésiastique. Certains admettent, enfin, une diversité dans le culte et l’organisation, mais non dans la doctrine.

Cette différence d’idéal affecte les vues qu’on se forme des moyens à employer pour atteindre le but. Les uns resserrent, plus que les autres, les limites concédées aux divergences légitimes dans les questions de dogme ou d’organisation ecclésiastique. Cependant l’on est généralement d’accord pour affirmer qu’il faut quelque unité de foi et de pratique, et, en même temps, quelque liberté d’interprétation en ce qui regarde la nature de la grâce sacramentelle, la forme et l’autorité du ministère. Op. cit. p. 539-540.

On pense bien que l’Église orthodoxe ne pouvait admettre ces conclusions. Voici sa déclaration officielle :

Les représentants de l’Église orthodoxe posent les limites suivantes à l’acceptation de la diversité dans les questions de foi et d’organisation :

a) Les formules qui énoncent cette foi et cette organisation doivent être maintenues, pour autant qu’elles ont été fixées par les Synodes œcuméniques.

b) La liherté d’interprétation relève de l’Église tout entière et non de ses diverses sections ou d’individualités.

c) Ils ne peuvent admettre qu’il puisse y avoir une certaine liberté d’interprétation, quant à la nature de la grâce

contenue dans les sacrements, et quant à la forme et ; i l’autorité du ministère.

(Il Ils n’admettent de différences dans le culte que pour autant qu’elles ne s’éloignent pas de la base doctrinale commune, par laquelle est fondé le Saint Service qui nous a été transmis depuis le temps des apôtres. P..VI I.

Depuis Lausanne et Stockholm et la conférence de Jérusalem, le mouvement œcuménique chrétien non catholique s’est continué. En 1937, Oxford fut une suite de Stockholm, et Edimbourg, « la réplique de Lausanne, avec moins d’optimisme et plus de travail préparatoire. On discuta d’abord dans le cadre de commissions plus ou moins restreintes, puis en séances plénières, sur la grâce, l’Église et la parole de Dieu, le ministère et les sacrements. On réalisa un accord assez général sur la première question, relatif sur la deuxième ; on échoua, comme il fallait s’y attendre, sur la troisième ». André Paul, L’Évolution de l’œcuménisme, dans Foi et Vie, 1946, p. 774.

On voit par là que la question de l’unité reste posée et non résolue : elle ne saurait avoir d’autre solution que la solution catholique. Pour reprendre ici « le témoignage d’un luthérien », « il ne peut y avoir et n’y a, en matière de religion, qu’une seule vérité unique, en dehors de laquelle tout est erreur. Jésus n’a pas donné à ses disciples le droit d’interpréter Ses Sacrements et Ses Paroles, chacun à sa guise, et il n’est point indifférent, par exemple, que le Christ soit ou non présent de corps dans les espèces de la sainte communion, de même que la rémission des péchés dans l’absolution est ou n’est pas effective, sans que l’Église chrétienne puisse enseigner indifféremment l’un ou l’autre. L’un est vrai, l’autre est faux : Dieu est ce qu’il est, veut ce qu’il veut ». A. Greiner, dans Protestantisme français, Paris, 1945. p. 427-428.


VI. Conclusion : l’argument de l’unité de l’Église présenté a la lumière des enseignements du magistère et des faits.

Principes posés par le magistère touchant l’unité de l’Église.

1. Les documents.

L’unité de l’Église est affirmée dans les symboles : symbole de Nicée-Constantinople, Denz.-Bannw., n. 86 ; cf. n. 994 ; d’Épiphane, ibid., n. 14. Pelage II rappelle ce dogme aux schismatiques d’Istrie, ibid., n. 246. On le retrouve inséré dans la profession de foi de saint Léon IX, ibid., n. 347 ; dans celle qu’Innocent III imposa aux vaudois, ibid., n. 423 ; dans le canon Firmiter credimus du IVe concile du Latran, ibid., a. 430. L’union avec les Églises orientales ne pouvait pas ne pas en faire mention explicite ; cf. Profession de foi de Michel Paléologue, du IIe concile de Lyon, ibid., n. 464 ; Décret pour les Grecs du concile de Florence, ibid., n. 694 ; Décret pour les jacobites, ibid., n. 714 ; et, équivalemment, profession de foi imposée aux maronites par Benoît XIV. ibid., n. 1473. Cette unité, Boniface VIII la rappelle au début de la bulle Unam sanctam, ibid., n. 468. L’unité monarchique de l’Église est affirmée par Pie VI dans sa condamnation du fébronianisme, ibid., n. 1500. Plus récemment encore, les tentatives anglicanes et protestantes pour substituer à l’unité l’union ont provoqué diverses réactions du Saint-Siège : sous Pie IX, l’encyclique du Saint-Office Apostolic.se Sedis, 16 septembre 1864, ibid., n. 1685 1686 ; et la lettre Quod vos, 8 novembre 1865, Acta apostolicæ Sedis, t. xi, 1919, p. 310 sq., condamnant la Branch theory ; de Léon XIII, l’encyclique Satis cognilum, 20 janvier 1896, Denz.-Bannw., n. 19541956 ; sous Benoît XV. le décret De participatione catholicorum societati ad procurandam christianitatis unitatem, dans Acta apostolicæ Sedis, t. xi, 1919, p. 309 ; sous Fie XI, Décret De convenlibus ad procurandam omnium christianorum unitatem, 8 juillet