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    1. UNITE DE L’ÉGLISE##


UNITE DE L’ÉGLISE. THÉOLOGIE ORTHODOXE

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apôtres, au ix p siècle, n’est ni l’Église jcaOéxairov (selon chacun) comme chez les protestants, ni l’Église xa-rx rbv È7tSTX07tov rf, î l’i.iu.’, : > comme chez les latinisants ; mais c’est l’Église xaB’ô'Xov (selon l’unité de tous), comme elle l’a été avant le schisme occidental, et comme elle l’est encore chez ceux que Dieu a préservés du schisme. » L’Église lutine et le protestantisme, Lausanne, 1872, p. 391400. Outre les références indiquées, t. xiv, col. 361-362, voir l’opuscule Cerkov odna (l’Église une) dans Œstliehes Christentum, Munich, 192.">, t. ii, p. 3 sq. Cf. ici t. xiv, col. 36ô. On consultera également la thèse de A. Gratieux, A. S. Khomiakov et le Mouvement slauophile, Paris, 1939, t. ii, Les doctrines, c. v, p. 116 sq.

Beaucoup d’auteurs récents partagent les idées de Khomjakov. Ainsi Nicolas Malinovskij, dans son manuel Pravoslavnoe dogmaticeskoe bogoslovie, t. ii, Stanropol, 1903, p. 219-220, retient comme essentielle l’unité invisible, se manifestant extérieurement par la même profession de foi, par l’unité de culte et de sacrements, par l’unité de hiérarchie (subordination des fidèles et des prêtres à l’épiscopat) et de gouvernement (soumission aux canons ecclésiastiques). Dans ces limites, les Églises particulières peuvent se multiplier sans nuire à l’unité générale. On trouve des idées analogues chez Alex. Lebedev, dans le 3e vol. de ses polémiques antiromaines, voir ici t. xiv, col.364, O glavenstvie papy (la primauté du pape), Saint-Pétersbourg, 1903, p. 105 sq. ; chez Eugène Akvilonov, Cerkov (l’Église), Saint-Pétersbourg, 1894, p. 241 ; Melosoras, Zu[j.60Xtxy), 2e éd., Athènes, t. ii, p. 14.

Tous ces auteurs ont plus ou moins subi l’influence protestante. Avec Macaire Bulgakov († 1882), mort métropolite de Moscou, le retour à la tradition est nettement marqué. Pour Macaire, l’Église est une : 1. par son origine et sa fondation, le Christ n’ayant voulu instituer qu’une seule Église ; 2. par sa structure externe et interne : externe, les croyants se divisant en pasteurs et brebis, supérieurs et inférieurs, entre lesquels existe l’unité de foi, d’espérance et de charité ; interne, tous unis entre eux sous le même chef, le Christ, et ne formant qu’un seul corps et un seul Esprit ; 3. par la foi, et ainsi tous doivent être avec le Christ et entre eux-mêmes consommés dans l’unité. Théologie dogmatigue orthodoxe, tr. fr., Paris, 1859-1860, t. ii, § 178, p. 235-236. Voir, dans le même sens, Antoine Amfiteatrov de Kiew (cf. t. xiv, col. 357), Dogmaticeskoe bogoslovie pravoslavnoi katholiceskoi voslocnoi Cerki, Kiev, 1848, édit. grecque, Athènes, § 275, p. 326 ; Khamoudopoulos, ’OpOoSoÇoç ^pioTiavtxY) xaTV)77]0°i< ;, Athènes, 1893, p. 66.

De Macaire, il faut rapprocher Philarète Gumilevskij, archevêque de Cernigov. Pour lui, l’unité de l’Église comporte : 1. l’unité de foi ; 2. l’unité de sacrements ; 3. l’unité de l’Esprit dans la charité fraternelle ou dans la communion. Elle ne requiert pas l’unité de rite ou d’institutions ecclésiastiques. Les Églises particulières ne cessent pas de faire partie de l’Église véritable du Christ, tant qu’elles retiennent la même foi, les mêmes sacrements, le même esprit d’amour. Pravoslavnoe dogmaticeskoe bogoslovie, Cernigov, 1865, t. ii, p. 228-233.

Le canoniste serbe N. Milasch expose sensiblement la même doctrine. L’unité de l’Église universelle implique : 1. l’unité de foi dans les Églises particulières ; 2. l’unité de communion ecclésiastique conformément aux canons ; 3. l’unité de discipline selon la direction et le but imposés par les saints canons. Un chef visible, numériquement un, est impossible, car son existence s’opposerait à l’unité du chef invisible, Jésus-Christ. Ainsi l’unité de l’Église est spirituelle. D’ailleurs, dès le début, les Églises particulières furent indépendantes les unes des autres dans leur gouvernement : toutefois l’unité de communion exige que les décrets légitimes d’une Église soient reconnus

comme valables par les autres. Droit ecclésiastique de V Église orthodoxe orientale (en grec : To bLvXtyv.i.n-.vL’ri SUatov), Athènes, 1906, part. II, § 51, p. 290-298 passim.

Le russe J. Ossinin exige l’unité de foi, des sacrements, de la vie sociale et de la prière. Des propriétés essentielles et du rôle général de l’Église du Christ (en russe) dans Khristianiskoe Cfenie, 1862, t. i, p. 522523. Le grec Andrutsos fonde l’unité de l’Église sur l’unité de foi et de gouvernement. L’unité de foi comporte aussi l’unité de culte, le culte s’appuyant sur une base dogmatique. L’unité de gouvernement implique l’obéissance des fidèles à leurs pasteurs hiérarchiques, mais non à une autorité suprême et unique, à laquelle seraient soumises les Églises particulières. AoypotTix/ ;, Athènes, p. 274. On notera qu’Andrutsos n’admet pas que l’unité de foi se réduise, comme le veulent certains protestants, aux seuls articles fondamentaux. Voir ce mot, 1. 1, col. 2025. Pour Baphidès, l’Église est une parce que ceux qui la constituent, unis au Christ par la même foi, sanctifiés par les mêmes sacrements, persévèrent sous le régime spirituel des pasteurs et docteurs du Christ, ne faisant qu’un seul corps avec le Christ pour chef. Qu’un de ces éléments vienne à manquer, et ce n’est plus la vraie Église, ’OpôoSo^oç ypiazioLvinr, y. r xTr l yr l ai.ç, 2e éd., Constantinople, 1886, p. 78. Beaucoup d’auteurs de catéchismes mentionnent également l’unité de foi. Cf. Wladimir Guetté, Exposition de la doctrine de l’Église catholique orthodoxe, Paris, 1884, p. 101 ; Bernardakis, ’Iepà xaTTj’/vjo-iç, 3e éd., Constantinople, 1876, p. 142 ; C. G. Koidakis, KoLzriyrjmç, p. 63.

Application des principes.

1. À l’Église romaine.

— L’Église romaine, affirment les orthodoxes, par l’introduction de nouveautés dogmatiques et disciplinaires a brisé l’unité de l’Église. L’obédience du pape de Borne constitue le « schisme occidental ». Les déclarations du patriarche Dosithée, l’un des plus énergiques défenseurs de l’orthodoxie orientale sont significatives à cet égard. Voir ici t. iv, col. 1788. On ne pouvait introduire des dogmes nouveaux, sans briser l’unité de foi, qu’à la condition de recourir à l’autorité du concile œcuménique ou à la consultation de l’Église orientale. Cf. Philarète Gumilevskij, op. cit., p. 232 ; Macaire, Introduction à la théologie orthodoxe, 6e éd., Saint-Pétersbourg, 1897, p. 408 sq. ; Philarète Drozdov, Dialogues sur l’orthodoxie, v, (tr. grecque), Athènes, 1853, p. 53 sq. ; A. Lebedev, op. cit., p. 116-117. De plus, au cours des âges, les papes ont enseigné des doctrines différentes, et les opinions des théologiens scolastiques sont innombrables. Scot ne s’est-il pas posé en adversaire de saint Thomas ? Cf. Nectaire de Jérusalem, tïepi àpyîjç toù roxTra, tr. anglaise, Londres, 1802, p. 362. L’unité dont peut se réclamer Borne est tout externe, fondée sur une obéissance aveugle au pape ; la foi, au contraire, est une libre adhésion de l’esprit et les membres de l’Église romaine n’ont pas cette liberté. A. Lebedev, O glavenstvie papy (la primauté du pape), Saint-Pétersbourg, 1903, p. 111.

2. À l’Église orthodoxe.

Par contre, l’Église orientale a conservé l’unité dont le Christ a voulu que soit dotée l’Église. Cette affirmation revêt une forme absolue chez certains auteurs, anciens et modernes, de tendance traditionnelle. Citons : Barlaam deCalabre, De primatu papæ, c. xvi, P. G., t. eu, col. 1278 ; Georges Scholarios, Brève apologie des adversaires de l’union, n. 6, cf. n. 12, dans Œuvres complètes, t. iii, Paris, 1930, p. 85-86, 95 ; Nectaire de Jérusalem, lequel considère les Latins comme des hérétiques, mais, pour des raisons d’opportunité, non condamnés, op. cit., tr. angl., p. 125-126 ; Platon Levkhin, Pravoslavnoe ucenie (Orthodoxa doclrina), Saint-Péters-