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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. CULTE A RENDRE

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danger, dit encore Léon XIII, dans la foi ou dans le culte, est de confondre entre elles les personnes divines ou de diviser leur nature unique ; car la foi catholique vénère un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’unité. » Id., ibid.

Aussi, pour éviter de diviser la nature, l’Église s’est toujours refusée, dans son culte extérieur, à les séparer, t Innocent XII, continue Léon XIII, refusa absolument, malgré de vives instances, d’autoriser une fête spéciale en l’honneur du Père. Que si l’on fête en particulier les mystères du Verbe incarné, il n’existe aucune fête honorant uniquement la nature divine du Verbe, et les solennités de la Pentecôte elles-mêmes ont été établies dès les premiers temps, non en vue d’honorer exclusivement le Saint-Esprit pour lui-même, mais pour rappeler sa descente, c’est-à-dire sa mission extérieure. Tout cela a été sagement décidé, afin que la distinction des personnes n’entraînât pas une distinction dans l’essence divine. » Id., ibid.

Léon XIII marque par quelques exemples le souci qu’a toujours eu l’Église, dans le culte rendu aux personnes de la Trinité, d’affirmer l’unité de la nature divine dans la distinction des personnes. D’abord, l’institution d’une fête spéciale de la Trinité, rendue obligatoire dans l’Église universelle par le pape Jean XXII ; ensuite, la dédicace à la Sainte Trinité de tant d’églises et d’autels ; enfin, l’approbation d’un ordre religieux fondé, sous le vocable de la Trinité, pour la délivrance des captifs. Le pape remarque aussi que, dans les prières adressées à l’une des trois personnes, on fait ordinairement mention des autres : « Dans les litanies, une invocation commune accompagne l’invocation adressée séparément à chacune des trois personnes. Dans les psaumes et les hymnes, la même louange est adressée au Père et au Fils et au Saint-Esprit ; les bénédictions, les cérémonies rituelles, les sacrements sont accompagnés ou suivis d’une prière à la Sainte Trinité. Et Léon XIII confirme sa doctrine par l’enseignement de saint Paul, Rom., xi, 36, commenté par saint Augustin, De Trinitate, t. I, c. vi, n. 10, P. L., t. xlii, col. 826.

Aucune fête spéciale n’honore donc une personne divine prise à part et considérée dans sa seule nature divine. Les fêtes en l’honneur de la deuxième et de la troisième personne ont pour objet non uniquement leur nature divine, mais leur manifestation personnelle dans une mission visible sur terre. Mais la mission impliquant nécessairement la relation d’origine qui unit les personnes dans la Trinité, voir plus loin, col. 1832 sq., l’adoration s’adressant à une personne en raison de la mission accomplie par elle parmi les hommes implique l’unité de la nature dans la trinité des personnes. En adorant le Verbe incarné, dans sa conception, dans sa naissance, dans sa passion, dans sa résurrection, dans la gloire de son ascension, dans sa royauté ou son sacerdoce, dans son amour divin et humain symbolisé par son cœur sacré, nous ne le séparons pas en réalité du Père qui l’a envoyé et dont il procède, ni du Saint-Esprit auquel, par appropriation, est attribuée l’œuvre de l’incarnation du Verbe et de la sanctification des hommes. En adorant le Saint-Esprit, dans sa mission visible de la Pentecôte, nous adorons également le Père et le Fils dont il procède et qui sont à l’origine même de sa mission.

Autre justification de l’hommage rendu à une personne particulière : la loi des appropriations. Non, dit encore lr pape, que toutes les perfections et toutes les œuvres extérieures ne soient communes aux personnes divines ; …mais parce que, en vertu d’une certaine comparaison et, pour ainsi dire, d’une affinité entre les enivres et les propriétés des personnes, telle oeuvre est attribuée ou, comme on dit, appropriée, à Mie personne plutôt qu’à telle autre… : il s’en suit que le Père, principe de toute la divinité, cf. S. Thomas, I*, q. xxxix, a. 7, est en même temps la cause créatrice de l’universalité des êtres, de l’incarnation du Verbe et de la sanctification des âmes : de lui sont toutes choses ; l’Apôtre dit de lui (Rom., xi, 36) à cause du Père. Le Fils, Verbe, image de Dieu, est en même temps la cause exemplaire que reflètent toutes choses dans leur forme et leur beauté… ; il est pour nous la voie, la vérité, la vie, le réconciliateur de l’homme avec Dieu : par lui sont toutes choses. L’Apôtre dit par lui à cause du Fils. Le Saint-Esprit est la cause finale de tous les êtres… ; bonté divine et amour mutuel du Père et du Fils, il complète et achève par une impulsion forte et douce les opérations secrètes qui ont pour résultat final le salut éternel de l’homme : en lui sont toutes choses ; l’Apôtre dit en lui à cause du Saint-Esprit. » Id.. ibid., p. 145. C’est sur cette appropriation au Saint-Esprit de la sanctification des hommes par l’incarnation, et de la conception virginale qui en est le principe ; de la fondation de l’Église et de l’effusion des grâces dont la manifestation de la Pentecôte fut le premier symbole ; de l’assistance accordée à cette Église jusqu’à la consommation des siècles, soit dans l’enseignement de la vraie foi, soit dans le gouvernement des âmes, de la communication des grâces par les sacrements et tout particulièrement le baptême et la confirmation ; enfin, de l’inhabitation de la divinité dans l’âme juste ; c’est sur tous ces motifs que Léon XIII fonde le culte spécial rendu au Saint-Esprit qui, si le Christ est le chef et la tête de l’Église, peut véritablement en être appelé le cœur ; car « le cœur a une certaine influence cachée et c’est pour cela que l’on compare au cœur le Saint-Esprit qui vivifie et unit l’Église d’une façon invisible ». Lettre Provida malris, 5 mai 1895, éd. cit., t. iv, p. 209. Cf. S. Thomas, III », q. viii, a. 4, ad 2 uæ.

Mais, même dans les actes de culte ainsi appropriés à l’une ou l’autre personne, nous ne les séparons pas dans notre adoration : les liturgistes font en effet remarquer que la forme classique des oraisons est toujours une prière au Père, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, vivant avec lui dans l’unité du Saint-Esprit.

2. Par rapport à la vie chrétienne. —

a) La forme trinitaire du baptême. —

L’importance du mystère de la Trinité pour la vie chrétienne apparaît dès l’initiation de l’homme à cette vie. Le baptême, qui est l’acte essentiel de cette initiation, ne peut être validement conféré sans la forme trinitaire, indiquée à Matth., xxviii, 19. Voir, sur les discussions relatives à ce tte forme, t. ii, col. 182-185, cꝟ. 228. Et cette forme est tellement essentielle au baptême qu’à partir du v c siècle, après toutes les controverses concernant le baptême conféré par les hérétiques, elle devient la pierre de touche de la validité du baptême. Voir col. 232. On connaît la prière touchante de l’Église au moment des funérailles d’un chrétien : elle prie Dieu d’éviter à l’âme du défunt un jugement de vengeance, et la raison qu’elle en donne à Dieu est que le défunt, dum viveret, insignitus est signaculo sanctse Trinitatis. Rituel romain, tit. vi, c. iii, n. 7, prière Non intres de l’absoute.

b) La nécessité de la foi en la Trinité pour être sauvé.

Saint Thomas propose cette vérité en ces termes :

On ne peut croire explicitement à l’incarnation du Christ (foi qu’il estime nécessaire au salut) s ; uis croire à la Trinité, paiVe que le mystère de l’incarnation implique que le Fils de Dieu a pris ehair, qu’il a régénère le monde par la tîrflce du Saint-Esprit et qu’il a été conçu lui-même par l’opération < 1 1 1 S : iint-F.si>rit. Aussi la foi en la Trinilé. avanl la venue de.lésus-Christ a-t-elle été comme la foi en l’incarnation, explicite chez le* hommes plus éclairés et Implicite et enveloppée de certaines ombres chez ceux rpii l’étaient moins. C’est pour cette raison aussi qui-, sous la loi de graco, tous les hommes sont tenus de croire explicilein ni