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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. SYNTHÈSE, LES PERSONNES

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mais le fait qu’elle ne s’oppose pas à ces deux relations l’empêche d’être personne distincte dans sa subsistence propre. Cf. Suarez, t. V, c. viii, n. 5-6.

Ils se demandent ensuite, en commentant l’a. 3, quelle idée expriment les termes numéraux relativement aux personnes qu’ils désignent. Tous admettent avec saint Thomas (q. xxx, a. 3) qu’ils n’ont qu’une signification transcendantale ; ils « signifient simplement les personnes dont on les affirme, en y ajoutant simplement une négation », la négation de l’identité d’une personne avec les deux autres personnes. Cette signification transcendentale est sauvegardée dans l’expression « trinité », employée pour désigner les trois personnes dans l’unité de nature et, par sa forme même, excluant la signification quantitative du terme « triple », qu’il n’est pas permis d’employer (a. 1). C’est pour avoir manqué à ces règles de langage que les jansénistes de Pistoie ont mérité un blâme en parlant d’un Dieu « distinct en trois personnes » au lieu d’un Dieu en trois personnes distinctes. Denz.-Bannw., n. 1596. Cf. ici t.xii, col. 2222

Ces affirmations communément admises sont cependant le point de départ de subtiles discussions, sur lesquelles il est impossible de s’arrêter. Les Salmanticenses ne leur consacrent pas moins d’une disputatio (la Xe) en 5 dubia. On pourra s’y référer. Saint Thomas et les commentateurs se contentent d’y rattacher quelques brèves discussions sur l’emploi de substantifs et d’adjectifs et notamment des mots alius et solus en parlant de la Trinité. La doctrine reçue a été exposée à Noms divins, t. xi, col. 790, 791-793 ; cf. t. i, col. 282-283. On consultera également Jean de Saint-Thomas, disp. XIV, a. 4.

3. Connaissance des personnes divines (q. xxxii). —

En commentant la q. xxxii, les théologiens rappellent à la suite de saint Thomas, que le mystère de la sainte Trinité est un mystère proprement dit, inaccessible à la raison humaine. Ils font en général le procès des auteurs du Moyen Age qui ont voulu entreprendre une démonstration rationnelle du mystère ; ils interprètent cependant en bonne part Richard de Saint-Victor et surtout saint Anselme. Saint Thomas avait brièvement parlé de la doctrine platonicienne du Verbe, a. 1, ad l um. C’est surtout à la fin du xixe siècle et au début du xxe que nos théologiens ont mis au point cette question. Voir Fils de Dieu, col. 23792386, avec les références bibliographiques.

On a vu que plusieurs auteurs du xixe siècle, en Allemagne et en Italie, col. 1794 sq., avaient tenté de reprendre une démonstration rationnelle de la Trinité. La théologie catholique n’a pas manqué d’adapter à la réfutation de leurs tentatives la doctrine traditionnelle transmise par saint Thomas et les autres docteurs : Franzelin, Kleutgen, Pesch, Janssens s’en sont inspirés dans leurs controverses.

Un autre passage de saint Thomas a retenu l’attention des commentateurs ; c’est l’ad 2um, qui justifie certaines raisons de convenance apportées pour prouver le mystère. Elles montrent simplement qu’une vérité posée, admise, reconnue, s’accorde avec la raison, l’expérience, les faits. C’est ainsi que saint Thomas interprète en bonne part les raisonnements de l’école bonaventurienne touchant la bonté divine qui doit se manifester nécessairement dans la procession des personnes ineffables ; ou encore la possession d’un bien non partagé qui ne saurait rendre heureux. Signalons les heureuses applications faites des raisons de convenances par Bossuet, Sermon pour la fête de la Très Sainte Trinité (l’Église, image de la Trinité), éd. Lebarq, t. ii, p. 48 sq. ; Élévations sur les mystères, 2e semaine (en entier) ; 12e semaine, viii-x ; Méditations sur l’Évangile, La Cène, I" partie, 5 « , 6e, 84e 86e jours (sur les fêtes) ; 2e partie, 19 « -25e jours (sur le Saint-Esprit), 58e -59e jours (unité du Père et du Fils ; unité des fidèles dans le Christ) ; 70e -71e jours (la Trinité par rapport à nous). Voir aussi Monsabré, Conférences de Notre-Dame, carême 1874, conꝟ. 10 et 11.

Enfin, un certain nombre de théologiens, cf. Billot, th xv, ad 3um, rattachent à cette question de la connaissance de la Trinité le fait que Dieu a créé l’âme humaine à l’image de la Trinité et que les êtres inanimés eux-mêmes en présentent des vestiges. Cette question a d’ailleurs été traitée par saint Thomas dans la Somme, I », q. v, a. 5 ; q. xlv, a. 7 ; q. xcvii, a. 5-8. C’est aux commentaires de ces questions qu’il faudra se reporter. Cette similitude d’image est très réelle, même quant aux propriétés des personnes divines (se rappeler la théorie psychologique de saint Augustin ) procédant selon l’intelligence et la volonté, mais elle ne nous est pas connue avant la révélation du mystère et, dès lors, ne saurait nous mettre sur le chemin d’une connaissance certaine de la Trinité. Billot, th. xv, se référant à saint Thomas, In Boetium, De Trinitate, q. i, a. 4, ad 6um ; cf. Taymans d’Eypernon, Le mystère primordial, Paris, 1946.

La connaissance par voie de raisonnement étant impossible, il est dom nécessaire, concluent nos théologiens, de recourir à la voie de la révélation. Et c’est ici que les commentateurs de la lettre de saint Thomas intercalent les données de la théologie positive, scripturaire et patristique. V. g. Billot, th. xv, p. 490-527.

4. Les notions divines (q. xxxii, a. 2-4). —

On se référera à l’art. Notion (dans la Trinité), t. xi, col. 802-805. Les notiois sont les notes ou propriétés par lesquelles nous discernons une personne de l’autre dans la Trinité. Il est donc logique que leur étude intervienne ici dans la connaissance des personnes divines.

Il est à remarquer que, dans l’a. 4 de cette question, saint Thomas déclare que la doctrine des notions divines n’appartient à la foi qu’indirectement et qu’ainsi elle laisse une certaine liberté aux opinions. C’est ce qui explique certaines divergences chez les théologiens quant à l’appréciation des notions et des propriétés en Dieu. Voir art. cit., col. 803-804. Cf. Suarez, 1. VII. C’est surtout sur la notion d’innascibilité que portent les controverses, dont on aura un aperçu très suffisant dans la disp. XI des Salmanticenses et dans Jean de Saint Thomas, disp. XIV, a. 3. On rapprochera de cette question sur les notions divines la q. xli sur les actes notionnels, dont un aperçu a été donné, Notion, col. 804-805. Ces questions sont généralement peu commentées ; voir cependant Suarez, 1. VI.

Les personnes considérées en particulier. —

1. Le Père (q. xxxiii). —

On se reportera à l’art. Père, où se trouve exposée la doctrine des théologiens relativement aux noms de * principe », de « Père », d’ « inengendré », propres à la première personne. Voir t.xii, col. 1188-1192. C’est surtout au point de vue de la révélation et de la tradition patristique que la personne du Père est étudiée. Voir Petau, t. V, en entier ; Thomassin, c. x-xv. À la personne du Père, Petau rattache la question de la génération du Fils (c vivm ) et Thomassin l’explication du texte Pater major me est. Suarez consacre au Père tout le livre IX.

2. Le Fils (q. xxxiv-xxxv). —

a) Le Fils est vraiment engendré, voir Fils de Dieu, col. 2471-2473, et plus haut, col. 1809. On l’appelle aussi Verbe ou Image. Cf. Petau, t. VI, c. i-m, v-vn. C’est sur ces deux expressions, auxquelles saint Thomas a consacré deux questions, que portent principalement les commentaires théologiques.

b) À propos du « Verbe », les commentateurs de la question xxxiv, a. 1-2 (à part de rares exceptions, cf. Antoine, De Trinitate, t. ii, a. 6) déclarent qu’il