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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ, SYNTHÈSE THÉOLOGIQUE

1806

sur l’Évangile, 2e part., et les Élévations sur les mystères, 2° semaine.

En Allemagne, nombreuses sont les monographies parues sur les questions trinitaires ; elles concernent surtout la pensée de certains auteurs particuliers ; comme œuvres de portée générale rentrant dans le cadre de cet article, signalons, de Diekamp, Ueber den Ursprung des Trinitâlsbekennlnisses, Munster-en-W. , 1910 ; de M. Schmaus, les études précieuses sur saint Augustin et sur le Moyen Age, Die psychologische Trinitâtslehre des ni. Augusiinus, Munster-cn-W., 1927, et Der Liber propugnalorius des Thomas Anglicus und die Lehrunterschiede zwischen Thomas von Aquin und Dans Scotus, Munstcr-en-W., 1930, ouvrage auquel nous nous sommes référé tant de fois dans la deuxième partie de cette étude.

Les sorbonnistes nous ont laissé quelques bons traités. Citons d’abord celui de Witasse († 1716), que Migne a inséré dans son Cursus theologicus, t. viii, col. 9-660, suivi de deux appendices, ajoutés par les éditeurs et donnant, le premier, des extraits de Thomassin sur l’unité et la fécondité divines et sur la circumincession des personnes, le second présentant une synthèse des vérités essentielles à expliquer au peuple. Avant Witasse, J.-B. du Hamel († 1706) avait donné un bon exposé trinitaire dans le t. n de sa Theologia speculativa et practica, Paris, 1640. Peu après Witasse, Toumely († 1729) publia ses Prselectiones theologicæ de mysterio Smse Trinitatis, Paris, 1726. Ces traités insistent beaucoup sur la divinité de la seconde et de la troisième personne, notamment sur la divinité de Jésus-Christ : préoccupation que justifie le souci de combattre l’hérésie socinienne.

Rien que le terme de notre étude ait été fixé en principe au concile du Vatican, il nous faut, pour n’être pas incomplet, dépasser cette limite. Tant de manuels ou de traités de théologie trinitaire ont été publiés dans la dernière partie du xixe siècle et depuis le début du xx°, qu’il serait injuste de ne pas au moins signaler ceux qu’on peut consulter avec avantage : manuels de Bartmann (aujourd’hui traduit en français), Diekamp (tr. en latin par Hoffmann, O. P.), Egger, Einig, Herrmann, Hervé, Hugon, Hurter, Jungmann, Katschthaler, Lahitton, Lercher, Lottini, Mancini, Mannes, Manzoni, Marchini (Ant.), Mazzella (Horat.), Mendive (Jos.), Minges (Part.) (manuel scotistr), Paquet, Pcsch (Chr.), Pohle, Prevel, Sala, Sanda, Se.houppe, Schwetz, Studium solesmense, Tanqucrey, Tcpe, del Val, Zaccherini, Zubizarreta. Les meilleurs traités sont : J. Kuhn, Die christliche Lehre von der gOttlichen Dreieinigkeil, Tubingue, 1857 ; Scheeben, Myslericn des Christentums, dans Dogmatik, t. i ; Stentrup, De SS. Trinitatis mysterio, Inspruck, 1888 ; Oswald, Die Trinitâtslehre, Paderborn. 1888 ; L. Billot, De Deo uno et trino, Rom- (6 « éd.), 1921 ; L. Janssens, Summa théologien…, t. iii, Tractatus de Deo trino, Fribourg-en-B., 1900 ; Buonpensirre, Comm. in / part. Snm. theol. S. Thomæ Aquinatis, t. ii, Vergare, 1930 ; Al. Janssens, De hl. Drievuldigheid (2° éd.), Anvers, 1925 ; A.-L. Lépicier, Tract, de SS. Trinitate, Paris, 1902 ; J. van der Meersch, Tract, de h’-o uno et trino, Bruges, 1928 ; J. Muncunill, Tract, de Deo uno et trino, Barc lune, 1928 ; Van Noort-Verhaar, Tract, de Deo uno et trino, Hilversum, 1028 ; J.-M. Pic’-irelli, De Deo uno et trino, Naples, 1902 ; l’omprn-Salten, Tract, de Deo uno et trino, Bois-le-Duc, 1904 ; A. « l’Aies, De Deo trino, Paris 1924 ; P. Galticr, De SS. Trinitate in se et in nobis, Paris, 1933 ; Hugon, O. P., Le mystère de la Sainte Trinité, Paris, 1931 ; Valentin Rr> ton, l.a Trinité, histoire, doctrine, piété, Paris, 1931. On voudrait, pouvoir renvoyer au traité, de petit volume, mais riche de doctrine et d’érudition du P. Mohn, S. J. ; Il n’est malheureusement publié qu’ad usum auditorum (à l’université grégorienne). Les études de théologie positive, scripturaire et patristique, se sont multipliées au cours de ces soixante dernières années ; on les a signalées au cours de la première partie de cet article. Nous ne rappellerons ( que les savants travaux de J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité (2 vol. parus) et, avant eux, le t. I er des Leçons de théol. dogm., de M. Labauche, Dieu.

II. SYNTHÈSE DOCTRINALE. —

La plupart des auteurs qui, depuis le concile de Florence, ont commenté la Somme de saint Thomas ont suivi scrupuleusement l’ordre du saint Docteur. Le progrès dogmatique est nul. Le progrès théologique se réduit à peu près aux conceptions nouvelles de la subsistence, proposées par Cajétan, Suarez, Tiphaine et Duns Scot. On a exposé longuement ces différents systèmes, voir Hypostase, t. vii, col. 4Il sq. On se contentera d’en marquer ici l’application aux problèmes trinitaires. Mais les perfectionnements apportés par la théologie positive ont incité d’excellents auteurs à suivre un ordre différent de celui de saint Thomas. Ils commencent par établir la révélation du mystère avant d’en aborder l’exposé scolastique selon la formule tripartite traditionnelle : processions, relations, personnes.

On n’insistera pas ici sur les explications données aux termes : substance, nature, personne, hypostase, dont l’usage est courant dans le traité de la Trinité. Voir Hypostase, col. 408, et bibliographie, col. 437.

Connaissance du mystère de la Trinité. —

1. Connaissance naturelle. —

Avant de se livrer aux spéculations dogmatiques, il est indispensable d’aborder le problème de la connaissance de la Trinité. Il faut d’abord affirmer qu’il est impossible à la raison de parvenir à cette connaissance par ses seules lumières naturelles. Tous les théologiens enseignent cette impossibilité, doctrine proche de la foi, en raison de la définition du concile du Vatican touchant l’existence de mystères cachés en Dieu, lesquels ne peuvent être connus de nous que par voie de révélation. Denz.-Bannw. , n. 1795 ; cf. n. 1816. Voir ci-dessus, col. 1796. La thèse contraire a été jadis soutenue par Raymond Lulle, voir col. 1739, que Vasquez cherche à excuser. Disp. CXXXIII. Ruiz, au contraire, appelle cette opinion ridicula, deliria somniantis et maie sani capitis, disp. XLI, sect. i. En général cependant les théologiens modernes interprètent bénignement les affirmations en ce sens rencontrées chez Claudien Mamert, saint Anselme, Richard de Saint-Victor et quelques autres. Cf. Janssens, op. cit., p. 412-417.

La raison est même incapable de démontrer apodictiquement la possibilité du mystère. Gonet, disp. VII, a. 1, § 4 ; cf. Janssens, p. 345 sq. ; Diekamp-Hoffmann, sect. I, 2, n. 2 et Ueber den Ursprung des Trinitâlsbekennlnisses, Munster, 1911 ; Billuart, Diss. proœmialis, n. 4 ; Kleutgen, n. 909 ; Franzelin, th. xvii-xviii. Une fois le mystère révélé, la raison peut l’éclairer par le moyen d’analogies prises dans les créatures. Franzelin, th. xix-xx ; Suarez, t. I, c. xi-xii. La théorie psychologique de saint Augustin trouve, à ce propos, grande faveur près de tous les théologiens. Cf. M. -T. Penido, La valeur de la théorie psychologique de la Trinité, dans Le rôle de l’analogie en théologie dogmatique, Paris, 1931, p. 258-345 ; Schmaus, Die psychologische Trinitâtslehre des hl. Augusiinus, Munster, 1927 ; F. Blachèrc, La Trinité dans les créatures, dans Revue augustinienne, 1903, t. ii, p. 114 sq., p. 219 sq.

Le théologien allemand Klce fait justement observer qui si, en Dieu, les processions des personnes divines sont fondées sur des raisons contraignantes issues de la vie divine elle-même, ces raisons ne sauraient nous apparaître, à nous, comme telles et la révélation peut reniement nous en manifester ce qu’il a plu a Dieu de nous faire connaître. Kalh. Dogmatik, 1835, t. ii,