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ZENON DE VÉRONE — ZÉPHYRIN (SAINT)


développé sur la présence réelle, moins encore sur ce que nous appelons la transsubstantiation. Il n’y a pas davantage chez lui d’exposé sur la pénitence : il signale la confession des péchés, Tractât., II, xxxix ; II, xl, et la pénitence qui la suit normalement, Tractai., i, x, 13 ; II, xiv, 4 ; ce n’est pas à lui qu’il faut s’adresser pour avoir un tableau des institutions pénitentielles dans l’Italie du Nord au ive siècle.

Sur la très sainte Vierge, Zenon enseigne une doctrine très ferme. Il sait que Marie est la mère de Dieu, la nouvelle Eve, Tractât., i, ii, 9, et plus encore qu’elle est toujours vierge : magnum sacramentum ! Maria virgo incorrupta concepit, post conceptum virgo peperit, posl parfum virgo permansit. Tractât., II, viii, 2 ; II, xi, 1 ; II, xix, 20. Cette doctrine est celle de saint Ambroise, de saint Jérôme, de toute l’Église latine qui proteste avec énergie contre les fantaisies de Bonose, d’Helvidius, de Jovinien. Il est naturel de le retrouver chez l’évêque de Vérone.

Comme d’autres parties de son enseignement, l’eschatologie de Zenon est de caractère assez archaïque. Selon lui, toutes les âmes descendent aux enfers immédiatement après la mort et il semble qu’elles y sont soumises à un jugement provisoire, car les justes sont envoyés dans un séjour de paix, tandis que les méchants commencent à subir la peine de leurs crimes : pro qualitate faclorum quasdam locis pœnalibus relegari, quasdam placidis sedibus refoveri. Tractât, I, xvi, 2 ; II, xxi, 3. À prendre ces expressions à la lettre la béatitude des justes n’est pas encore définitive à ce moment-là ; ailleurs au contraire, Tractât., i, iii, 4 ; I, xvi, 14 ; II, xiii, 4, Zenon parait dire que leur sort est réglé tout de suite après la mort : ce point est de ceux sur lesquels on désirerait plus de clarté. En tout cas, lorsque viendra la fin du monde, Moïse et Élie annonceront la venue du Christ et tous les morts ressusciteront. Tractât., I, xvi, 1, 6, 7, 11. Mais ils ne seront pas tous jugés : ni les justes, ni les infidèles et les impies manifestes n’ont besoin de l’être encore, puisqu’ils ont déjà été mis à leur place, en proportion de leurs mérites Seuls seront soumis au jugement les chrétiens ordinaires, c’est-à-dire ceux qui n’auront pas été de vrais saints ici-bas. Tractât., i, xxi, 1-3. Les réprouvés seront alors envoyés en enfer, où ils demeureront éternellement. Tractât., II, xxi, 3. Tandis que leurs corps seront misérables, les corps des élus seront glorifiés, Tractai., i, 16, 10, 14, et jouiront d’un bonheur sans fin que le bon évoque se plaît à décrire sous les couleurs les plus brillantes. Tractai., i, ix, 6 ; I, xxi, 3.

Telle quelle, avec ses insuffisances et ses lacunes, la théologie de Zenon est intéressante à étudier. Les homélies de l’évêque nous font en effet connaître au mieux ce qu’on enseignait aux fidèles et la manière dont on l’enseignait dans un diocèse quelconque de l’Italie du Nord aux environs de 370. Les hérésies ne troublent pas beaucoup la foi des croyants, bien qu’on sache ce qu’est Farianisme et quels dangers il a fait courir à l’Eglise. On sait qu’il y a un seul Dieu en trois personnes, que le Fils de Dieu s’est fait homme pour notre salut, qu’on entre dans l’Eglise par le baptême. Si quelquefois les formules laissent à désirer, la croyance qu’elles expriment est toujours orthodoxe et il est facile de s’en rendre compte en comparant les uns aux autres les divers exposés qui sont donnés de la foi traditionnelle. La doctrine est surtout enseignée en vue de la vie morale : Zenon veut convertir ses auditeurs, c’est-à-dire les amener à la sainteté, et le meilleur de ses efforts tend vers ce but.

1-0 première édition des homélie* « le / « non est due A Alitertm Cjistelluims, (). P., et à.Inrnlius de Lcnco, Venise. 1508. Plus Importante est l’édition de P. M II. Hiillerlni.

nlCT. Dr. Tll6ni, . f’.ATUOL.

S. Zenonis episcopi Veroncnsis sermones, Vérone, 1739, où le texte des Tractatus est accompagné de dissertations sur la vie et l’enseignement de Zenon. Le texte de cette édition est reproduit dans P. L., t. xi, col. 253-528. Une édition nouvelle, qui utilise des manuscrits inconnus des Ballerini, sans apporter d’ailleurs de changement intéressant, a été publiée par J. B. C. Giulari, Vérone, 1885, et réimprimée en 1900. Cf. H. Januel, Commentaliones philologicæ in Zenonem Veronensem, Gaudentium Brixiensem, Peu-uni Chrysologum Ravennatensem, pars 1-2, Ratisbonne, 19051906 ; E. Lôfstedt, Patrislische Deilràge, Upsal, 1910.

Sur la vie et l’enseignement de Zenon, voir F.-A. Schiltz, S. Zenonis episcopi Veronensis doclrina christiana, Leipzig, 1854 ; A. Pighi, Cenni intorno alla vita di S. Zenone, Vérone, 1889 ; A. Bigelmanin, Zeno von Verona, Munster, 1904 ; P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, t. iii, Paris, 1905, p. 365-371 ; K. Ziwsa, Zur slilistischen Wùrdigung des Zeno Veronensis, dans Festgabe zum 100 jalirl. Jubilâum des Schoitengymnasiums, Vienne, 1907, p. 372 ; C. Weymen, Studien zu Apuleius undseinenNachahmern, dans Sitzungsbericbte der Mùnchener Akad. der Wissenscb., 1893, t. ii, p. 350-361 ; Grazioli, dans Scuola cattolica, 1940, p. 174-199, 290-301 ; voir aussi Dôlger, dans Antike und Christentiwi, t. vi, p. 1-56.

G. Bardy.


ZÉPHYRIN (Saint), pape du début du iiie siècle (198-217 ?). — Les dates consulaires fournies par le catalogue libérien, 198-217, et qui sont passées dans le Liber pontificalis (l re et 2e éditions) peuvent être retenues ; elles attribuent au pontificat de Zéphyrin une vingtaine d’années (durée que le Liber réduit à 8 ans et demi). C’est aussi le chiffre auquel arrive approximativement Eusèbe, (H. E., V, xxviii). Sur ce pontificat, Eusèbe ne sait à peu près rien et le Liter ponti/icalis pas beaucoup plus ; celui-ci ne connaît en effet qu’une ordonnance de ce pape concernant la concélébration des prêtres avec l’évêque et une autre relative à la publicité des ordinations. Les deux constitutions que lui attribuent les Fausses Décrétales, Jaffé, Regesta pontif. Rom., n. 80 et 81, n’ont rien à voir avec la réalité. La découverte, au xixe siècle, des Philosophoumena d’Hippolyte permet de reconstituer les conflits doctrinaux qui se déroulèrent à Rome sous ce pontificat. Voir l’art. Hippolyte (Saint), t. vi, col. 2491 sq. et l’art. Monarchianisme, t. x, col. 2200.

A ce moment l’adoptianisme théodotien, condamné par le pape Victor, prédécesseur de Zéphyrin, avait beaucoup perdu de sa virulence. En réaction contre lui se développait au contraire la doctrine modaliste, laquelle tendait à ne faire aucune distinction entre le Père et le Fils. Elle pourrait bien avoir été apportée à Rome par l’Asiate Praxéas ; cf. ibid., col. 2196, dont la venue dans la capitale se situe bien sous le pontificat de Zéphyrin. Après le départ de Praxéas pour l’Afrique — on sait que Praxéas ne nous est connu que par Tertullien — Rome connut l’activité d’un disciple de Noët, Épigone, lequel donna, au modalisme patripassien un regain de vitalité. Cet Épigone eut pour disciple un certain Cléomène, de conduite assez douteuse. Or, dit Hippolyte, à qui nous devons tous ces détails (Elench. [Philosophoumena], t. IX, c. vu sq.), ceci se passait a l’époque où Zéphyrin s’imaginait gouverner l’Église, alors qu’en réalité il était manœuvré par son archidiacre Calliste. Hippolyte nous représente le pape comme un homme de peu de culture, l8tcî>T7)ç, , et par ailleurs assez avide. « Persuadé par quelque offre d’argent, il permit aux fidèles de fréquenter l’école de Cléomène. Pendant quelque temps même il aurait penché vers la doctrine qu’enseignait ce personnage, dont l’école allait se fortifiant, à cause des complaisances de Zéphyrin et surtout de son archidiacre, qu’Hippolylo représente connue un être ambitieux, cupide et taré. L’actkM « le l : n rliidi.it i <. continue Hippolyte, fut particulièrement funeste