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ZACHARIE. LA PERSONNE DU MESSIE


caractère purement spirituel du royaume de Dieu à la fin des temps, c’est évidemment ce que l’on ne saurait prétendre, quand on songe que les Apôtres, malgré les années passées à l’école du divin Maître, attendaient encore, après la résurrection, la restauration du royaume d’Israël dans son antique splendeur. Act., i, 26. Ils n’ont pas entrevu le royaume de Dieu qu’ils annonçaient dans sa vraie réalité, mais seulement à travers des images qui en étaient l’ombre et à l’aide de comparaisons qui n’étaient qu’approximatives. Ils se représentaient volontiers le triomphe de Dieu sur ses ennemis païens à la manière du triomphe de ces derniers sur le peuple élu qu’ils avaient voulu anéantir par la défaite et la servitude. Ainsi ces peuples païens seraient-ils à leur tour vaincus et asservis. Toutefois la victoire de Dieu et de son peuple, à la différence de celle de leurs ennemis, aurait pour conséquence non pas la destruction des vaincus mais leur conversion par la reconnaissance du souverain domaine de Jahvé auquel ils viendraient rendre hommage à Jérusalem, et ainsi se dessine un aspect du caractère spirituel du royaume de Dieu que telles formes du langage prophétique et les préjugés juifs contribueront trop souvent à voiler.

Les visions de la première partie du livre de Zacharie renferment tout un programme de restauration nationale et messianique. Le rappel de l’espérance d’une telle restauration était bien de circonstance au temps des prophètes Aggée et Zacharie. N’était-ce pas cette espérance qui avait maintenu la foi dans l’âme des captifs, de ceux du moins qui, malgré tout, n’avaient pas désespéré de l’avenir d’Israël. Si les premiers temps du retour ne semblaient guère présager les merveilles de l’avenir glorieux si brillamment annoncé dans la seconde partie du livre d’Isaïe, la faute en était au peuple lui-même ; ses péchés, ses négligences à poursuivre les travaux de reconstruction du temple retardaient cet avènement. Que le péché disparaisse, que l’œuvre entreprise s’achève et alors la gloire du nouveau temple sera plus grande que celle de l’ancien, Agg., ii, 6-9 ; Jahvé viendra habiter dans la cité sainte, Zach., i, 16 ; viii, 3, mais il entend n’y pas demeurer seul, il y ramènera son peuple du pays de l’Orient et du pays du soleil couchant. Zach., viii, 7-8. Au lieu de la famine et de la misère, de l’insécurité et de la guerre, ce sera la prospérité et la paisible possession de tous les biens assurée, vin, 12. Ces perspectives de prospérité matérielle n’excluent pas celles des biens spirituels. Fidèle à l’esprit de ses devanciers, le prophète n’ignore pas le pur yahwisme ; la restauration de Jérusalem se fera dans la vérité et la sainteté, viii, 3 ; l’alliance renouvelée entre Jahvé et son peuple le sera dans la vérité et la justice, viii, 8 ; le programme de vie imposé marque bien le caractère hautement moral des conditions de l’alliance : « Voici les préceptes que vous observerez : Tenez des discours sincères l’un envers l’autre ; rendez dans vos portes des jugements salutaires ; ne méditez pas dans vos cœurs le malheur l’un de l’autre ; ne prenez point plaisir au faux serment, car ce sont toutes ces choses que je hais ! parole de Jahvé. » vin. 16-17.

Pour compléter ces réconfortantes visions d’avenir s’ajoute flans la seconde partie du livre la perspective de la réunion des tribus. Dispersés parmi les nations, les enfants d’Israël se souviendront de leur Dieu et lui reviendront, x, 9. Jahvé les ramènera, renouvelant pour eux les prodiges de la sortie d’Egypte, les rétablissant dans leur pays, x, 11. L’union primitive’le tous les fils d’Israël sera ainsi rétablie, x, 6.

Le peuple élu ne reviendra pas seul à son Dieu ; il ra, parmi les nations, le missionnaire fin vrai

Dieu ; c’est là une des données fondamentales du messianisme aussi bien chez Amos et Michée que chez Isaïe et Jérémie. « Des peuples nombreux et de puissantes nations viendront chercher Jahvé des armées à Jérusalem et implorer Jahvé >, viii, 22 ; des hommes de toutes les langues des nations viendront se mettre à l’école du Juif, « car nous avons appris, diront-ils, que Dieu est avec vous ». viii, 23. Ainsi, après avoir été parmi les peuples malédiction, maison d’Israël et maison de Juda deviendront bénédiction, viii, 13.

De la réalisation de ces glorieuses perspectives les événements consécutifs à l’avènement de Darius ~réédification du temple, entrée en fonctions comme gouverneur de Palestine du prince Zorobabel de la race davidique — pouvaient sembler les signes avant coureurs, Zach., i, 14-15 ; II, 1-4 ; iii, 9 ; iv, 6-10 ; vi, 9-13. Mais à cette réalisation les oracles de la deuxième partie du livre, surtout ix-xiii, pour autant du moins qu’on peut préciser les circonstances dans lesquelles et pour lesquelles ils furent écrits, semblent apporter quelque retard. Des punitions préparatoires à l’avènement du royaume s’imposent comme la sanction de péchés particulièrement graves : idolâtrie, faux prophètes, mauvais pasteurs, x, 2, 3 ; xiii, 2-6. Restauration nationale aussi bien qu’avenir messianique exigent encore de longues luttes, car les peuples assaillent Jérusalem de toutes parts, xii, 3, H. Il y aura des jours d’angoisse, xii, 2-3, mais Jahvé interviendra et comme un brasier ardent dans du bois, les chefs de Juda dévoreront à droite et à gauche les peuples d’alentour, xii, 6. Si l’imprécision des oracles non moins que la pénurie de renseignements historiques ne permettent pas de déterminer les événements auxquels il est fait allusion, il apparaît néanmoins que Dieu, dans sa puissance et sa sagesse, assurera le triomphe de son peuple, gage et préparation de son propre triomphe. C’est encore la conclusion qui se dégage de l’oracle du c. xiv aux traits apocalyptiques nombreux. Le jour de Jahvé sera d’abord, il est vrai, un temps d’épreuve. Attaquée par toutes les nations, Jérusalem sera prise, pillée, la moitié de sa population exilée, xiv, 1-2. Mais le désastre du Jour de Jahvé se changera bientôt en triomphe, car Jahvé en personne combattra pour son peuple. À travers les difficultés du texte massorétique, surtout au ꝟ. 6, se dégage l’idée de la splendeur de la victoire qui comblera Jérusalem de toutes sortes de bénédictions, xiv, 10, tandis que Jahvé régnera sur toute la terre et que toutes les nations reconnaîtront sa divinité et lui rendront hommage.

b) La personne du Messie n’est pas étrangère à ces différents oracles, bien qu’à son sujet les interprétations soient loin d’être concordantes même chez les catholiques. À plusieurs reprises, il est fait mention d’un serviteur de Jahvé, du nom de Germe, et d’abord m, 86-9 : Voici que j’amène (ou voici que je ferai venir) mon serviteur Germe. Voici la pierre que j’ai placée devant Josué, sur une seule pierre il y a sept yeux, je graverai sa décoration, dit Jahvé des armées, et j’enlèverai l’iniquité du pays en un seul jour. Germe, pierre, yeux, décoration, que représentent-ils ? Le sens de l’épithète n’est pas douteux, écrit Touzard, Ken. bibl., 1926, p. 192-193, elle se rat tache diu-, tement à deux textes de Jérémie dont la portée mes sianlque ne saurait être méconnue, Jer., xxiii, 5 : xxxiii, 15. Le Germe, le ltOÎÎ, c’est le Messie. La

donnée eei eu rapport arec le contexte très prochain.

Ce sont bien des t rail s en relation avec les perspM

tives messianiques que les deux déclarations suivantes. Celle-là concernant la purification fin peuple et rappelant le sens de l’acte symbolique accompli sur In personne tle Josué : - El J’enlèverai l’Iniquité