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ZACHARIE. LE LIVRE, AUTHENTICITÉ


permettent à l’occasion d’intéressantes corrections comme c’est le cas, par exemple, pour iii, 4-5, où le grec, dans l’ensemble, représente plus fidèlement le texte primitif sans être pour autant exempt de toute difficulté, ou encore pour v, 66, dont la leçon massorétique : « Ceci est leur œil (’êynâm) par toute la terre » est avantageusement remplacée par la leçon des Septante : « C’est leur iniquité (’"ivônam) dans tout le pays ». L’interpellation du prophète à Javan, ix, 13, « contre tes fils, ô Javan » d’après l’hébreu, se lit dans le grec : ènl xà téxvoc tcov’EXXrjvov, « contre les fils des Grecs », traduction confirmée par celle d’Aquila et de Symmaque, supposant une leçon’al-be nêy yâwân, au lieu de’al-bânayk yâivûn. Dans xiv, 18, le texte massorétique exige une correction que suggèrent le grec et l’ancienne version latine par la suppression de la négation et de l’athnach : xaî èni toûto’jç è’aTou 7] 7rrwai< ;, et super eos eril ruina, correction appuyée également par le syriaque ; d’après le Targum, il faudrait lire après lô’-ta’Héh les mots : et le Nil ne s’élèvera pas pour eux.

Les versions ne suffisent pas toujours à rétablir le texte, et la variété des retouches proposées, souvent très arbitraires et procédant parfois d’idées préconçues, montre assez la difficulté d’une solution satisfaisante ; tel est le cas de la péricope vi, 9-15, et plus spécialement des versets 10 et 136, objet sans doute de changements intentionnels. Dans d’autres cas, des transpositions permettent une meilleure lecture du texte massorétique ; ainsi pour ix, 6-7, qui sont très complexes, van Hoonacker propose la distribution suivante : 7e « Accaron aura le sort du Jébuséent » 6a « Le Bâtard habitera dans Asdod. » 7a-d* et j’enlèverai son sang de sa bouche et ses abominations d’entre ses dents. Il formera, lui aussi, un Reste pour notre Dieu, et il sera comme une famille appartenant à Juda. » 66 « Je détruirai l’orgueil des Philistins I » Op. cit., p. 665. Dans l’analyse du livre, il a déjà été question de la transposition de iv, 66-10a à la suite du c. iii, dont ce serait, d’après certains commentateurs, la suite naturelle.

Aux corrections proposées et discutées dans les commentaires en vue d’un accord plus parfait du texte avec la grammaire et le contexte quelques critiques prétendent en ajouter d’autres qui ne tendent à rien de moins qu’à un bouleversement total et qui portent atteinte non plus seulement à l’intégrité mais à l’authenticité même du livre, ainsi A. van der Flier, Het getuigenis van Zacharja en Haggai ouer Juda’s herslel (extrait des Theolog. Studien), 1906.

Authenticité.

Pas plus que l’unité du livre son

authenticité ne fut contestée pendant de longs siècles sur la foi des traditions juive et chrétienne, corroborées par l’analyse du livre manifestant l’unité des visions et des discours dans le développement du thème unique : l’avenir messianique.

Pour ce qui est de la première partie du livre, les huit premiers chapitres, l’accord est encore à peu près unanime pour y voir l’oeuvre même du prophète Zacharie. Tout, en effet, y est si intimement mêlé aux événements de l’histoire juive aux environs de 520 qu’il ne saurait être question de mettre en doute le témoignage traditionnel sur l’origine de ces chapitres, non plus que les indications qu’ils nous donnent sur leur date et leur auteur.

Il n’en va pas de même de la seconde partie du livre. Au xvii 8 siècle déjà, un Anglais, J. Mede, à cause de l’attribution par Matth., xxvii, 9-10, de Zach., xi, 12-13, à Jérémie, émit l’opinion que ces versets et les c. ix-xi du livre de Zacharie étaient L’oeuvre du prophète Jérémie ; on ne pourrait, en effet, en vertu « le l’inspiration strictement littérale, admettre la moindre inexactitude dans le texte de

DICT. DR THKOI.. CATHOI..

l’Évangile. Cette opinion, avec bien des nuances certes, se retrouve de nos jours encore dans l’attribution des c. ix-xiv, non plus à Jérémie, mais à quelque autre prophète antérieur à l’exil. Cf. entre autres Kônig, Einleitung in das A. T., p. 366 sq. On en donne ordinairement comme preuve, non plus celle de J. Mede, mais les allusions dans ix-xi aux événements de la période préexilienne telle que la présence à Damas de la puissance araméenne, ix, 1, la représentation de l’Assyrie et de l’Egypte comme les ennemis d’Israël, x, 10, 11, le culte encore en vigueur des idoles et des teraphim, x, 2 ; xiii, 2, le maintien de la maison de David sur le trône de Juda, xii, 1.

Sauf quelques rares exceptions, E.-G. Krœling, par exemple, qui fait remonter Zach., ix, 1-10 au temps du roi Ézéchias (The historical situation in Zech., ix, 1-10, dans American Journal of Semitie Languages and Literalures, 1924-1925, p. 24-33), la critique récente est, dans son ensemble, favorable à une date postexilienne pour les six derniers chapitres du livre de Zacharie et plus ou moins éloignée de l’époque même du prophète. Au xviii 8 siècle déjà, Grotius, et au début du xix°, Eichhorn émettaient semblable opinion. Elle s’appuie non pas tant sur les différences relevées dans la langue et le genre littéraire de ces chapitres que sur celles de leur contenu même. Au lieu des titres aux renseignements précis des premiers chapitres, on trouve ici la formule très vague : oracle, parole de Jahvé, ix, 1 ; xii, 1. Alors que l’arrière-plan historique apparaît au début du livre en traits précis et concrets, très faciles à identifier, dans ix-xiv, l’arrière-plan historique se dessine avec si peu de netteté que les circonstances dans lesquelles et pour lesquelles les oracles ont été écrits demeurent incertaines ; de là, d’ailleurs, la diversité d’opinions dans l’attribution à telle ou telle époque de l’ensemble des derniers chapitres de l’une ou l’autre de leurs parties. On observe encore, dans le même sens, que le trouble et les violentes commotions dont ils portent l’empreinte ne rappellent guère la paix, caractéristique des visions du prophète, i-viii. Enfin, et c’est là le principal argument, il y a la différence des conceptions eschatologiques avec l’image qui se dégage des temps de salut telle qu’elle est esquissée dans la première partie ; avec celle-ci ne cadrent guère, en effet, la perspective d’une attaque de toutes les nations contre Jérusalem, xiv, 2, l’attente d’une source qui, jaillissant de la capitale, arroserait le pays pour y opérer une œuvre de purification, xiii, 1, le caractère apocalyptique des descriptions du c. xiv, l’insistance sur les manifestations cultuelles de la conversion des peuples, xiv, 16-19.

Si les chapitres ix-xiv ne sont pas de Zacharie, à qui les attribuer ou tout au moins à quelle époque les situer ? Nombreux sont les critiques modernes qui, à la suite de Stade, partisan de l’unité d’auteur de ces chapitres, en cherchent l’origine à la période grecque, au temps des luttes des Diadoques, peu après 300 av. J.-C. On distingue volontiers plusieurs auteurs, un deutéro et un trito-Zacharie, dont la composition est reportée par certains au temps des Machabées, ainsi Dulun, Nowack, Bcrtholet, Marti ; ce dernier qui tient pour l’unité d’auteur le situe en 160 av. J.-C. Sel lin. dans la 5e édition de son Introduction, renonce à l’opinion qu’il avait précédemment adoptée et selon laquelle ix-xi serait d’un contemporain d’Osée, Isaïe peut-être, xii-xiii de Jérémie, et xiv une apocalypse postexilique ; il voit maintenant dans l’ensemble de ix-xiv une apocalypse du m’ou du m » siècle, mais présentée comme l’œuvre d’un prophète précxillen, Einlritunr/ in dan A. T., 5e édit., 1929, p. 124-125. Pour Stcucmagel, ix-xi est l’œuvre d’un prophète judéen peu après la ruine du royaume

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