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WIRCEBURGENSES


p. 398. Ses exposés sur la grâce habituelle portent la marque d’une époque scolastique qui se soucie médiocrement de la divinisation du chrétien. À la filiation adoptive, il ne consacre que quelques lignes, t. vii, p. 436, et l’on cherche vainement dans son traité de la Trinité des développements sur l’inhabitation du Saint-Esprit. Ni Petau ni Thomas sin n’ont encore trouvé d’écho dans l’enseignement de la théologie. Le traité de la foi est plus personnel et’a valu à son auteur, outre la réimpression dans Migne, telle ou telle mention dans les manuels postérieurs, comme celui de Pesch, mais on n’y trouve pas davantage une théorie neuve. Kilber semble avoir été surtout un excellent professeur.

A certains égards, plus original fut Thomas Holtzclau (1716-1783), voir son art. ici, t. vii, col. 33. Moins spéculatif que Kilber, il semble avoir eu davantage de curiosité scientifique. Dans les traités qu’il a donnés à l’œuvre commune, il montre sa science de l’Écriture et de l’histoire du dogme, prouve longuement contre les Juifs la messianité du Christ et sa divinité, t. iv, répond aux accusations d’apollinarisme ou de monophysisme formulées contre Cyrille d’Alexandrie, t. iv, p. 149, 166, consacre vingt pages à défendre la mémoire du pape Honorius, t. iv, p. 180, prenant le contrepied des conclusions du P. Romanus Fisher, O. S. A. ; cf. ici, t. vii, col. 130. Déjà en 1762, il avait fait soutenir une thèse sur la question par l’un de ses élèves ; cf. Sommervogel, t. iv, col. 438. Elle était à l’ordre du jour en histoire ecclésiastique. Non moins passionnés étaient les débats autour de l’authenticité des écrits de Denys l’Aréopagite. Holtzclau se déclare pour l’authenticité dans une dissertation annexée à ses traités sur les sacrements. T. ix, p. 407. Il est plus heureux lorsqu’il rejette celle des Canons apostoliques, se ralliant aux conclusions de Noël Alexandre. T. vi, p. 29. Impressionné par ces faits historiques, il accepte la thèse de Morin sur l’institution des sacrements. T. ix, p. 91. Dans son traité du mariage, il affirme, contre Billuart, que les Pères grecs ont déclaré illicites les unions en troisièmes noces. T. x, p. 512. Tous ces détails et d’autres qu’on pourrait relever encore montrent que Thomas Holtzclau était au courant des recherches historiques en théologie ; on ne peut cependant dire qu’il ait été lui-même un grand théologien positif. Peut-être était-il trop prisonnier d’une méthode d’enseignement pour pouvoir donner sa mesure. Du point de vue spéculatif, ses opinions sont modérées, il les affirme sans batailler, comme on peut le voir à propos de la causalité des sacrements. T. ix, p. 42. On doit regretter que, dans son traité du mariage, il ait retenu encore la thèse de Vazquez sur la séparabilité du contrat et du sacrement, t. x, p. 471, thèse que l’Église devait bientôt rejeter. C’était d’autant plus illogique qu’il maintenait fermement, contre les juristes gallicans, le droit exclusif de l’Église sur les empêchements dirimants, t. x, p. 546, et qu’il condamnait la thèse de Melchior Cano sur le ministre du sacrement de mariage. T. x, p. 474. Ces critiques ne diminuent en rien le mérite de Holtzclau. Rappelons qu’outre un certain nombre de dissertations patronnées par lui, Holtzclau a laissé deux dissertations sur les livres de Judith et d’Esther et le t. I er d’Institutiones scripturisticas, Wurzbourg, 1775. Cet ouvrage, ayant été critiqué vivement par la Bibliotheca ecclesiastica Friburgensis, ne fut pas continué.

Le P. Ulrich Munier (1698-1759) enseigna d’abord les humanités à Erfurt, Worms et Baden. Il fut vingt-quatre ans professeur de théologie ; entre temps, il enseigna les langues orientales à Heidelberg. Sa connaissance approfondie de cinq langues le faisait spécialement remarquer. Il a cependant peu écrit. Ses traités De incarnatione et De jure et juslitia, publiés

à Wurzbourg en 1749, n’ont pas été insérés dans la théologie de Wurzbourg. On n’a retenu que son traité De sacramentis pœnitentiee et extremæ unctionis. On y retrouve les caractères généraux de l’œuvre collective. L’auteur prend parti sans passion dans la fameuse querelle entre attritionistes et contritionistes, t. x, p. 39, 141 ; il se range aux côtés de ceux qui exigent dans la réception valide du sacrement un commencement de charité, qu’il identifie avec l’espérance, elle-même conçue comme amour de concupiscence. T. x, p. 155 sq. C’est la position de Tournély, mais Munier se réclame aussi du jésuite Lainez. T. x, p. 157. Un traité de la pénitence est alors nécessairement dirigé par endroits contre certaines assertions jansénistes. Munier montre que nul précepte du Christ n’oblige à accomplir la satisfaction avant l’absolution. T. x, p. 205. Il est au courant des recherches historiques de Morin, traite de la pénitence publique, mais se refuse à croire qu’elle ait été sacramentelle. T. x, p. 229. Moins hardi peut-être que Holtzclau sur la thèse générale de l’institution des sacrements, il n’admet pas que l’absolution ait jamais pu être déprécative, et pense que les textes grecs publiés par Goar ou d’autres érudits ne donnent pas la formule d’absolution proprement dite. T. x, p. 130. Il défend l’extension universelle de la loi du secret de la confession, rejette la thèse des juristes qui prétendent encore qu’on doit en exempter le crime de lèse-majesté, t. x, p. 261, et discute les objections de Daillé ou d’autres protestants. La théologie dogmatique fait ici assez large la part à la controverse. Comme chez ses collègues, la discussion est menée de façon sereine.

Ignace Neubauer (1726-1795), après avoir aussi enseigné au collège de Wurzbourg et fait du ministère apostolique, devint professeur de philosophie à Heidelberg et à Wurzbourg. On lui confia ensuite une chaire de langues orientales à Heidelberg, puis il revint à Wurzbourg, où il enseigna dix ans la théologie dogmatique et la théologie morale. La Compagnie de Jésus ayant été supprimée, il fut jusqu’à sa mort curé d’Œllingen en Franconie. Outre un petit traité sur les Psaumes, il a laissé un Tractatus de beatiludine, de actibus humanis et legibus, inséré dans la Theologia Wirceburgensis, t. v. On y retrouve les méthodes habituelles à ses collègues, encore que la matière se prête moins à un déploiement d’érudition scripturaire ou patristique. Mais Neubauer nous intéresse surtout à cause de son apologétique. Son traité Vera religio vindicata contra omnis generis incredulos, inséré lui aussi dans l’œuvre collective, t. ii, est un travail assez original, dirigé contre les erreurs d’une époque fertile en adversaires du christianisme. Il commence par une dissertation sur l’existence de Dieu et sur la providence, suivie d’autres dissertations sur la religion naturelle et la religion révélée. "Viennent ensuite des études sur le paganisme, la religion de l’islam, le judaïsme et enfin le christianisme. Les dernières dissertations s’en prennent aux transfuges du christianisme, libertins, athées, indifférentistes, et très spécialement aux déistes anglais et français. Bayle, Voltaire, Rousseau sont fréquemment nommés. Neubauer, dans cet ouvrage, adopte la méthode déjà signalée de brève exposition suivie de réponse aux objections. Il est difficile de démêler ce qu’il apporte de neuf. Son travail, bien que méritant de figurer dans l’histoire de l’apologétique (voir ici art. Apologétique, 1. 1, col. 1545), semble un ouvrage de seconde main ; il cite fréquemment d’autres travaux catholiques contemporains, en particulier ]’I ntroductio in sacram Scripturam de H. Goldhagen. La question du salut des infidèles est effleurée au passage. Neubauer renvoie à ce propos à une dissertation d’un de ses