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VVILD (JEAN) — WILFRID D’YORK (SAINT ;


67 propositions de Wild ù qui il reprocha de s’être laissé gagner par l’hérésie luthérienne. Michel de Médina (voir ce nom, t. x, col. 487) prit la défense de Wild dans son Apologia Joannis Feri, Alcala, 1558, et donna, l’année suivante, une édition corrigée des Enarrationes. On trouvera le détail de la controverse aux articles précités.

Il est à retenir qu’un certain nombre de contemporains de Wild mirent en doute son orthodoxie, tout en louant à l’envi son érudition, son habileté et la puissance de son verbe ; la plupart de ses ouvrages furent mis à l’Index. Il y a lieu de noter, sans vouloir en tirer de conclusions, que les protestants, lorsqu’ils expulsèrent les religieux de la ville de Mayence, en 1552, firent une exception en faveur de Wild. Il mourut à Mayence le 8 septembre 1554. Outre les ouvrages cités plus haut, on lui doit un Examen ordinandorum, in quo ad quæstionnes sacrorum ordinum candidatis proponi solilas, aptæ et piæ responsiones adjunguntur, Mayence, 1550, 1554 ; Lyon, 1555.

Dieterich, De Joh. Fero, teste veritatis evangelicæ, Altorf, 1723 ; N. Faulus, Joh. Wild, ein Mainzer Domprediger des 16. Jahrlumderts, Cologne, 1893 ; dans cet ouvrage, Paulus donne un catalogue complet des œuvres de Wild ; Wadding, Seriptores ordinis minorum, p. 205-206 ; Allgemeine deulsche Biographie, t. vi, p. 221 ; David Clément, Bibliothèque curieuse, t. viii, p. 294 sq. ; Lexikon fur Théologie und Kirche (Buchberger), t. x, p. 886 ; Hurter, Nomenclator ; Michaud, Biographie uniuerselle, t. xliv, p. 604-605 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xlvi, col. 730-731, et la bibliographie donnée dans Catholic Encyclopedia, t. xv, p. 621.

J. Mercier.


WILFRID D’YORK (Saint), archevêque de cette ville, et l’un des personnages qui ont le plus contribué à affermir dans l’Angleterre nouvellement convertie les usages romains (6347-710). — La Vie de Wilfrid a été écrite, peu après sa mort, par un de ses admirateurs, Heddi, surnommé Etienne ; bien que n’étant pas exempte de préoccupations apologétiques, cette Vie fournit un bon cadre chronologique ; c’est à elle que Bède a emprunté l’essentiel de ce qu’il raconte de Wilfrid.

Celui-ci est né en Northumbrie, en 634 ou 635, d’une famille puissante ; pour des difficultés intérieures, il la quitta vers l’âge de quatorze ans et, se rendant à York, fut introduit auprès de la reine Eanfled, chrétienne fervente et gagnée, d’ailleurs, aux usages romains. Elle envoya bientôt le jeune homme au monastère de Lindisfarne, où il désirait s’initier aux choses de Dieu ; mais Wilfrid ne se fit pas moine, d’autant que bien des choses le choquaient dans ce couvent tout dévoué aux idées et aux pratiques des Scots. L’idée lui vint bientôt de se rendre à Rome, pour s’initier aux façons de prier et de penser qui régnaient dans la ville du prince des apôtres. Il inaugurait ainsi le mouvement qui, dans les siècles suivants, entraînerait vers le tombeau de Pierre tant de ses compatriotes. Après s’être arrêté quelque temps à Cantorbéry, pour y trouver une occasion favorable, il franchit le détroit, arriva en Gaule et, passant à Lyon, reçut de l’archevêque Annemond le plus favorable accueil. En dépit des efforts de celui-ci pour le retenir, il arriva enfin à Rome, où il fut présenté au pape Eugène I er (654-657), ou à son successeur Vitalien (657672). Il se renseigna avec avidité sur les usages, tant monastiques que généraux, et étudia tout spécialement la question du comput pascal, sur lequel portait le conflit le plus aigu entre Scots et Romains. De retour à Lyon, il retrouva la protection de l’archevêque, s’initia sous sa direction aux sciences ecclésiastiques et reçut de lui la tonsure romaine. Quand Annemond fut mort, dans les circonstances tragiques que l’on sait, Wilfrid retourna en Northumbrie. Il entra fort avant dans l’amitié d’Alchfrid, fils du roi

Oswy. Tout acquis, à l’inverse de son père, aux usages romains, le jeune prince fit don à Wilfrid, désormais champion infatigable de ces mêmes usages, du couvent de Ripon, fondé par lui, où furent ainsi introduits et la tonsure romaine et le comput pascal romain et, naturellement, la règle de saint Benoît. Wilfrid était encouragé par l’évêque Agilbert, gaulois d’origine, instruit en Irlande et qui avait déjà fait œuvre missionnaire dans le Wessex ; ce fut Agilbert qui l’ordonna prêtre, avant que de rentrer quelque temps après en Gaule, où il deviendrait évêque de Paris. L’agitation faite autour de la question pascale détermina le roi, partisan lui-même de l’usage scot, à convoquer une assemblée mi-civile, mi-ecclésiastique qui prendrait enfin position.

Cette assemblée, réunie au couvent de Strenashalch (Whitby) peu avant Pâques 664, est longuement décrite par Bède, H. E., III, xxv. Grâce aux efforts d’Agilbert et de Wilfrid, qui fit tout spécialement appel à l’autorité de Pierre pour revendiquer la priorité de l’usage romain, celui-ci l’emporta. De ce chef, l’autorité des abbés de Lindisfarne sur la Northumbrie recevait un coup dont elle ne se releva pas. Un certain Tuda qui, bien que consacré par les Celtes, suivait l’usage romain fut proclamé pontifex Nordhymbranorum ; mais il fut emporté, très peu après, par la peste jaune, qui fit à ce moment un grand nombre de victimes ; on décida alors de diviser la Northumbrie, en deux évêchés : Chad (Ceadda) aurait l’un d’eux ; Wilfrid serait évêque d’York. Il ne voulut pas d’ailleurs se faire consacrer dans l’île ; c’est à Compiègne qu’avec une pompe inusitée Agilbert, maintenant évêque de Paris, le sacra (666). Mais il s’attarda trop sur le continent ; quand il rentra en Northumbrie, Chad avait étendu sa juridiction sur tout l’État que gouvernait Alchfrid. Wilfrid était ainsi réduit à son monastère de Ripon. Il se dirigea vers la Mercie, où il restait bien des païens à convertir ; puis, l’évêché de Canterbury étant vacant depuis 664 par la mort d’Honorius, il en prit l’administration, sans en avoir le titre régulier. En 669, quand Théodore eut été nommé à Cantorbéry par le pape Vitalien en personne (voir l’art. Théodore de Cantorbéry), Wilfrid revint en Northumbrie ; à l’été de cette même année, Chad ayant renoncé à son siège épiscopal, il devenait évêque de toute la Northumbrie.

Il déploya dans cette situation la plus grande activité, rebâtit la cathédrale, où le service fut fait désormais à la romaine, par des chantres venus de Cantorbéry, parmi lesquels figurait Heddi, son futur biographe ; un zèle plus grand encore dans les deux couvents de Hexham et de Ripon. Il multipliait d’ailleurs dans tout son ressort le nombre des diacres et des prêtres. Ce temps de tranquille labeur ne dura guère. Théodore de Cantorbéry, fort de l’antiquité de son siège, fort aussi de l’autorité pontificale qu’il croyait représenter, se considérait de plus en plus comme ayant juridiction primatiale sur toute l’Angleterre. Wilfrid, de son côté, se considérait un peu comme le métropolitain du Nord et ne voulait en tout cas accepter aucune diminution de ses droits. Un conflit était inévitable. Sous le prétexte que toute la Northumbrie dépassait les forces d’un seul homme, Théodore proposa de la partager en plusieurs diocèses. Wilfrid en fut fort irrité et son opposition empêcha l’archevêque de Cantorbéry d’étendre à l’Angleterre du Nord la réorganisation de la hiérarchie entreprise au concile de Hertford (673). Mais Théodore ne renonçait pas pour autant à ses projets ; il réussit à y gagner le nouveau roi de Northumbrie, Egfrid, fils d’Oswy, avec qui Wilfrid commençait à se brouiller. Se prévalant de l’appui royal, Théodore divisa en quatre le ressort d’York ; Wilfrid garderait cette ville, mais trois