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1469 TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, LES DIFFICULTÉS 1470

mandations instantes de ménager le cardinal de Lorraine, comme récemment encore Pie IV le leur avait fait dire : c'était un programme et une distribution de faveurs. Quant au programme, il fallait « opposer le décret de Florence sur la suprématie pontificale au prétendu droit divin qui garantissait l’indépendance de l'épiscopat. La tradition et la pratique de tous les siècles établissaient que le pape avait toujours exercé sans conteste le pouvoir de gouverner l'Église universelle. Pie IV consentait toutefois à ce que l’assemblée remplaçât, dans le texte à discuter, les termes universalem Ecclesiam par Dei gregem, ou qu’elle y fît des modifications peu importantes, mais sans porter atteinte à cette universalité, car elle devait être sauvegardée avant tout contre les hérétiques. Si ces expédients n’avaient pas l’approbation de la majorité, les légats laisseraient tomber les points en litige : le droit divin des évêques et le principe de la résidence, se bornant à définir ceux qui n'étaient pas contestés : les six premiers canons sur l’ordre et le décret qui obligeait à la résidence, puis attendre que l’apaisement fût revenu au concile. En tout cas, ils devaient veiller à ce que l’autorité pontificale ne fût en rien lésée ». Richard, p. 810 ; cf. Pallavicino, t. XIX, c. xv, n. 3-6, col. 128-131. Dans des lettres à part, Pie IV témoignait sa satisfaction de leur conduite et maintenait expressément le proponenlibus legatis. La réponse aux articles français de réforme serait communiquée plus tard par Gualticri. Quant aux faveurs, il y en avait pour chacun des légats et plusieurs membres du concile, pour Gonzaguu de Mantoue et le cardinal de Lorraine en particulier. Au premier, le pape refusait la démission qu’il avait de nouveau offerte et octroyait un chapeau de cardinal pour son neveu Frédéric, jeune homme de dix-sept ans, dont la promotion ne se justifiait que par le souci de plaire à son oncle ; au second furent accordés de riches bénéfices, comme Cluny et Marmoutiers, avec une bonne partie des subsides que se. souverains sollicitaient contre les huguenots révoltés. Eiifip, sans s’engager à aller à Pologne, le pape recommandait une mission soit d’Hosius soit de Commendone à Inspruck pour s’entendre avec l’empereur.

5. Nouvelles offensives françaises et impériales.

Les directives et les faveurs du Saint-Père auraient dû produire quelque effet sur les débats. Il n’en fut rien. Le 2 février, les légats arrêtèrent de proroger la xxmi c session au jeudi d’après Quasimodo, 22 avril. La séance du 3 fut consacrée à faire accepter cette date par l’assemblée. Comme le cardinal de Mantoue ne parlait pas de la réforme, le cardinal de Lorraine lui rappela que le décret sur la résidence qu’il avait dressé depuis dix jours n'était pas encore soumis aux Pères. Conc. Trid., t. ix, p. 376-377. C'était une offensive combinée d’avance., car tout aussitôt l’archevêque de Prague et plusieurs autres prélats insistèrent avec une certaine hauteur. Le cardinal Simonetta fut directement attaqué par l'évêquc de liudéa, Antonio Cuirella (Il février). Le désarroi reprenait place au concile. D’autre part, l’empereur Ferdinand était à Inspruck, à 150 kilomètres de Trente. Tiraillé entre les différentes sectes de ses Étals et scs convictions catholiques, il voulait avant tout la réforme du clergé et, pour ramener la paix, la concession de certaines faveurs, comme l’usage du calice et le mariage des prêtres. Pour réaliser plus facilement ses desseins, il avait convoqué l'évêquc du Funfkirchen |x » ur présider une sorte di p tii coneik a côté (Ntben Konzil, dit l’astor, edit. ail., I. vii, p. 237) ot l’on rédigerait des conclusions.i présenter à l’assemblée trldentine. Il invita même le cardinal de Lorraine, comme s il avait

DeSOin de ses lumières.

Le danger était grand. Pie IV l’avait ummiutl < n

insistant auprès des légats pour l’envoi d’une mission. Pour que cette mission fût discrète, les légats choisirent Commendone, qui partit le 28 janvier. Les délibérations des théologiens impériaux n’avaient pas encore commencé : ils attendaient le retour de Madruzzi et de Lorraine. Commendone se renseigna sur les dispositions de l’empereur et celles de scs conseillers ; surtout il laissa à Pierre Canisius ses directives. Mission sans grand résultat et à la suite de laquelle Pie IV (10 février) pria le cardinal de Mantoue de faire lui-même auprès de l’empereur une suprême démarche pour lui demander de prendre avec lui les mesures nécessaires à la prompte conclusion du concile. Aux instantes prières de Pie IV, Charles Borromée joignit les siennes. Le cardinal ne put répondre à leur désir : sa santé l’obligeait à s’aliter et c'était pour ne pics se relever.

Au même moment, les ambassadeurs français revenaient à la charge pour demander l’examen par le concile des trente-quatre articles de réforme proposés au nom de leur souverain. Les légats sollicitèrent un délai de trois jours et obtinrent ce répit, qui leur permit d’attendre les réponses apportées par l'évêquc de Viterbe. Mais les Espagnols provoquèrent un nouveau conflit de préséance, l’ordre dans lequel devaient parler les théologiens ! Après plusieurs jours de négociations inutiles et une séance où, pour gagner du temps ( !), Salmeron occupa la tribune de façon à ne laisser à aucun autre le temps de parler, il fut réglé que les docteurs parleraient selon leur ancienneté de doctorat. Les articles français ne revenaient pas de Rome, Lorraine partait pour Inspruck, les théologiens gallicans s’en donnaient à cœur joie, les ambassadeurs français insistaient pour la réforme immédiate ; bref, une véritable campagne d’intimidation au milieu d’un désarroi quasi général. Les conférences théologiques d' Inspruck n’apportèrent aucun moyen de sortir de l’impasse où l’on paraissait s'être engagé. La Providence pourvut au bien de son Église par un moyen inattendu : la mort du cardinal de Mantoue. 3 mars, et celle de Seripando, 17 mars. Les deux légats qui restaient manquaient d’autorité. Hosius donna sa démission, et Simonetta était peu aimé, parce que trop romain et trop canoniste. Condamné a l’inaction, le concile vit chaque jour des rixes se produire entre gens de la domesticité des évêques. Le concile n’existait plus que pour les Français et les Impériaux qui faisaient publiquement campagne pour que le cardinal de Lorraine fût nommé premier président. Pic IV nomma le cardinal Morone assisté du vénitien Bernard Xavagero.

Morone au concile.

Morone était l 'homme providentiellement préparé pour sauver la situation. En

attendant son arrivée, les deux légats demeurés à Trente avaient fait commencer aux théologien conférences sur le mariage, écartant les questions

('pineuses Jusqu'à ce que l’assemblée eût à sa i Ole un homme qui sût et pût prendre une décision. Mais, en attendant, le concile se dissolvait peu à peu ci au 1 er avril, on comptai ! déjà une centaine d’absents. Pie IV parla énergiquement au cousis : oire du 27 mars : il ne consentirai ! pas à arrêter le coin ile. ni même à le

transférer tant que l’assemblée n’aurai' pas constaté elle-même que son œuvre était terminée. Susia. t. u. p. 309. On ramena les fuyards ; et, le jour de Pâques, Morone pontifia a Trente et prit aussitôt ni main la direction des affaires, recevant successivement ambas sadeurs ci évêques. A. tous, Morone attesta que le pape voulait la réforme <-t il le prouva eu montrant, documents en main, < < qui déjà avait été réalisé à i en ce sens. Puis il part il pour Insprui k, où, l 'empereur, après avoir reçu le nouvel ambassadeur d’Espagne, le comte de Luna, l’attendait ; il laissait : i son colli