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1465 TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, LES DIFFICULTÉS 1466

Kolosvary (10 novembre), l'évêque de Lettere, Pantusa, l’archevêque de Naxos, Sébastien Lecavalla.

2. Le cardinal de Lorraine et les Français au concile. — Le cardinal Charles de Guise, archevêque de Reims, avait fait annoncer sa venue dès le 19 septembre ; mais, avant de faire son entrée à Trente, il avait fait négocier avec le Saint-Père, par François de Belliers, abbé de Manne, le mode et des détails importants de son rôle au concile. SuSta, t. I, p. 352. Rome voulait avant tout empêcher que le puissant prélat ne groupât, autour de lui et des Français, les opposants pour imposer plus ou moins ses décisions au concile.

L’abbé de Manne s’efforça de tranquilliser le pape : son maître, affirmait-il, n’avait d’autre désir que de sauvegarder l’honneur du Saint-Siège et d’accroître son autorité. Mais il s’agissait de faire reculer la date de la xxme session, fixée au 12 novembre, pour permettre au cardinal d’y prendre part. À l’annonce de l’arrivée prochaine de Lorraine, on se remit fébrilement au travail, tant à Rome qu'à Trente, sur la question de la réforme de la curie ou de l'Église, pour enlever l’initiative au cardinal français ou du moins l’empêcher de faire cette réforme à sa façon. Déjà le décret sur la résidence amorçait d’autres décisions ; on y avait pris en considération aussi bien les articles du colloque de Poissy que ceux de l’empereur et ceux de l’ambassadeur portugais. Un projet de vingt articles avait déjà pris corps et ce projit était soumis, le 3 novembre, aux agents impériaux. Conc. Trid., t. ix, p. 110, note 5. Gomme tout cela, y compris le décret sur le sacrement de l’ordre, n'était pas au point, il n’y eut, au concile, aucune difficulté à reporter la session. Ibid., p. 147. Le vendredi 13 novembre, le cardinal paraissait aux portes de Trente, à la tête de seize évêques, de trois abbés et de trente théologiens, chiffres qui passèrent, le 16 novembre, à vingt-sept évêques, cinq abbés, généraux et procureurs d’ordre. Cf. Prat, Histoire du concile de Trente, t. ii, p. 193-194. Les préparatifs pour la solennité de la réception des Français absorbèrent plusieurs journées, immobilisèrent les discussions : rien ne fût prêt pour la session reportée au 26 novembre. Il fallut encore la reculer.

En attendant, les légats mirent tout en œuvre pour gagner le cardinal de Lorraine à la cause du concile ; Seripando se rendit vite compte qu’on n’y arriverait qu’avec beaucoup de tact et de ménagement. L’ancien nonce en France, homme de confiance des Guises, Sébastien Gualtieri mit en garde le cardinal contre les manœuvres des Espagnols et ne lui laissa pas ignorer qu’on attendait de lui qu’il fût l’arbitre des partis, le conseiller des légats, « une sorte de légat surnuméraire, jusqu'à ce que la nomination lui en vînt de Rome ». Richard, p. 765. Le 23 eut lieu la réception solennelle, devant deux crut cinq Pères, avec, force démonstrations d’honneur <1> la part des légats eux-mêmes et en présence de tous les ambassadeurs. Les discours furent ce qu’on devait en attendre en pareille circonstance, pleins de promesses, de protestation de fidélité au Saint-Siège, de complimenta de part et d’autre ; mais Lorraine ne manqua pas de faire un tableau sombre des malheurs de la France, en appelant de tous ses vœux une réforme nécessaire. Et il fallait établir cette réforme « en restaurant l’ancienne discipline, basée sur l'Écriture sainte, les décrets des conciles et les ordonnance ! des papes ». Conc. Trid., t. ix, p. 168, note 2.

3. Nouvelles difficulté ! au cours des travaux. — La multiplication des évêques entraînait la multiplical Ion des embarras. Les travaux, arrêtés pendant trois semaines en raison de l’arrivée des Français, reprenaient avec lenteur. Certains évêques se demandaient pourquoi les létfals laissaient l’assemblée se débattre dans des dis< lissions sans fin ; d’autres les soupçon naient de faire traîner les choses en longueur pour éviter une décision préjudiciable aux prérogatives pontificales. Les légats, de leur côté, manifestaient leur lassitude et les Espagnols ne cessaient de revenir sur le point qui leur tenait à cœur. Et l’hiver, tout proche, s’annonçait rude.

Le 27 novembre les évêques espagnols de Ciutad Rodrigo et de Guadix, toujours à propos du droit divin des évêques, mirent le feu aux poudres, par des discours où la convenance due aux légats et les droits de la vérité n'étaient guère respectés. Celui de Guadix surtout provoqua dans l’assemblée une scène scandaleuse, où s’entrecroisaient les injures. Conc. Trid., p. 194 et note 3 ; cf. SuSta, p. 466-467. Le cardinal de Lorraine manifesta hautement son indignation. Les évêques espagnols, même ceux qui n'étaient pas de l’opposiiion antiromaine, prirent le parti de leurs compatriotes. Pie IV, prévenu, dut envoyer à Philippe II un véritable réquisitoire contre les prélats les plus turbulents. SuSta, p. 465. Le 2 décembre, le cardinal de Mantoue admonesta sévèrement les auteurs du tapage, Conc. Trid., t. ix, p. 196-198, les menaçant, en cas de récidive, de lever la séance : « L’assemblée, conclut-il, doit à la chrétienté réparation du scandale qu’elle vient de donner, par une session prochaine bien remplie. » Et il proposa la date du 17 décembre. Le cardinal de Lorraine prit la parole, approuvant en substance Mantoue, protestant derechef contre la séance scandaleuse et demandant, pour l’avenir, des sanctions. Guerrero, de Grenade, excusa son sufîragant de Guadix, et l’archevêque de Prague dissuada les légats de lever les séances tumultueuses ; ce serait une nouvelle perte de temps. Conc. Trid., ibid. ; cf. SuSta, p. 99.

Les Espagnols n’en avaient pas fini avec leur intransigeance. Le 3 décembre, la discussion reprit encore sur le droit divin des évêques, ce qui provoqua derechef quelques propos fâcheux, même à l’adresse du pape, au point que Simonclta craignait que les hérétiques ne s’armassent de la thèse espagnole pour légitimer les pouvoirs qu’ils confèrent à leurs pasteurs sans s’inquiéter du pape. A Pierre Canisius, il écrivait (février 1563) : « Certains disent du pape des choses que nous aurions plutôt attendues des Saxons (luthériens) que des fils de notre mère (l'Église). » Conc. Trid., t.ix, p. 163, note 1. Le 4 décembre, le cardinal de Lorraine intervint dans le débat et, à sa suile, les évêques français, tous opinant, d’une manière plus ou moins accentuée, dans le sens du droit divin, et même, pour l’un ou l’autre, de l’indépendance des évêques. Le 7 décembre, Laynez terminait les débals par un bon exposé mettant les choses suffisamment au pain ;. Voir Ordre, t. xi, col. 1353. Deux cenl-quinze Pères avaient parlé, mais les opinions étaient si complexes, si embrouillées qu’il était difficile de tirer de ce débat un texte qui fut l’expression d’une vraie majorité.

Lei débats sur la ré Meno ne commi ncèrent que le 10, sans espoir qu’on pût les terminer pour le 17. La discussion se poursuivit, avec des à-cfl es Imprévus et des incidents plus ou inoins en marge de la question ! En une semaine, une soixantaine de Pères avaient parlé. Les fêtes de Noël allaient suspendre les travaux. Le concile décida d’attendre au 30 décembre pour fixer la date de la xxiir 8 session. Dès le Iti. une sclul ion moyenne semblait se dessiner, proposée par l'évêque de Capo d’Istria. Si la résidence n’est pas « le dbroil divin, du moins le pape peut de droit divin l’imposer aux évêques. SuSta, t. ii, p. I2.s. Malheureusement l'évêque gâta sa cause p.ir des écarts de paroles et surtout par son irrevereme i l « ; BXd du cardinal français. Il fallut, que Gualtieri, évêque de Viterbe, aimé des Guises, redoublai d’attention pour calmer la mauvaise humeur de Lorraine ; il s’elTorca « le gagMI l.i