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1453 TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV, XVIIle ET XIX « SESSIONS 1454

légats, du 10 mars 1561, que les Pères approuvèrent. Cf. Conc. Trid., t. viii, p. 104, 176 ; cf. p. 291-292.

3. Remise en marche du concile.

- La venue des ambassadeurs impériaux laissait espérer celle d’au moins quelques évêques allemands. L’incertitude de la date de leur arrivée n’empêcha pas le concile de commencer ses travaux. À la première congrégation générale (27 janvier), le cardinal de Mantoue soumit aux Pères un programme en trois points : 1. Dresser un catalogue des livres condamnés et des censures, sur la base de l’Index de Paul IV ; les Pères étaient invités à le compléter et à le corriger ; 2. Fallait-il inviter les auteurs à venir se disculper devant le concile ? 3. Au cas où ils seraient disposés à venir à résipiscence, un large sauf-conduit leur serait accordé. D’autres travaux suivraient. Conc. Trid., t. viii, p. 304-305. Il avait été convenu qu’en attendant l’arrivée des luthériens, le concile se consacrerait à des débats touchant la réforme, sur les points difficiles.

L’empereur désirait que la Confession d’Augsbourg ne fût pas mentionnée dans les livres condamnés. Cette exigence, ainsi qu’une demande d’ajournement de la session suivante à quatre mois, n’obtinrent aucun succès. Mantoue présenta une solution conciliatrice : « Le concile n’avait pas songé à faire figurer la Confession d’Augsbourg dans l’Index ; il dresserait celui-ci aussi général que possible, à l’usage exclusif des Pères ; un autre plus complet serait préparé ultérieurement, adaptant celui de Paul IV aux nécessités présentes, et publié seulement à la fin des travaux. Le sauf-conduit serait rédigé de la manière la plus large et la plus généreuse pour permettre aux protestants d’affronter les Alpes à la belle saison. » Conc. Trid., t. viii, p. 326328. On verra plus loin que le concile lui donna une extension plus grande encore.

L’Index s’imposait « aussi général que possible », vu les divergences d’opinion à son sujet. Une commission fut nommée, sous la présidence de l’archevêque de Prague (c’est assez dire en quel sens elle devait travailler). Elle rechercha les censures antérieurement portées, avec les livres et les passages auxquels elles pouvaient se référer. Le tableau en devait être approuvé par le concile et communiqué aux intéressés. Le travail était, terminé le 20 février, travail important qui permettait surtout de déblayer les questions dogmatiques. Mais il était difficile d’accorder le nouvel Index avec celui de Paul IV et, comme le temps manquait pour arrêter un règlement pratique et définitif, les légats présentèrent le 24 le décret De delectu librorum, le concile y faisait simplement appel aux accusés, les invitant à rentrer dans le giron de l'Église, leur promettant toute garantie s’ils désiraient discuter avec ses théologiens les points que la congrégation de l’Index avait reconnus répréhensibles. Quant au sauf-conduit, dont le texte n'était pas encore suffisamment au point, il serait public dans une congrégation générale et aurait la même valeur que s’il avait été arrêté en session.

4. La xviii' session (26 février 1562). — La congrégation préparatoire à la session du 26 eut beaucoup de peine à fixer la date de la xix" session. L'évêque de FQnfklrchen, au nom de l’empereur, avait demandé un délai de trois mois. Les légats obtinrent un compromit, avec la date du 14 mai. jeudi après l’Ascension.

La XVIII" session se tint le jeudi 20 février avec cent trente-cinq déftniteurs, plus de cinquante théologiens cl deux ambassadeurs laies. Il y eu) d’abord l’inévitable conflit de préséance entre l’ambassadeur du Portugal et celui de Hongrie et l’on dut pal len ter deux

heures avant de eonmiem ir la messe. Suivirent les

discours et la promulgation du décret itr deltclu libro rum et omnibus ad roncilitim publiait fldt inni lundis :

Le concile a l’intention de renouveler les oen ores

déjà portées, de compléter ces condamnations et il invite tous ceux qui se croiraient en cause à venir se défendre en toute sécurité. » Conc. Trid., t. viii, p. 355-359.

Après la session, le texte du sauf -conduit fut discuté en plusieurs séances entre canonistes, en prenant pour base le sauf-conduit accordé par le concile de Jules III (session xve), étendu à la généralité des dissidents. Pour ne pas froisser les dissidents, on y évitait l’appellation d' « hérétiques ». Enfin, pour réserver les droits des inquisitions nationales, on n’y parlait ni de procès, ni de sentence. Le décret faisait simplement appel « à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le concile en matière de foi, qui croient autrement que ce qu’enseigne l'Église romaine ». Conc. Trid., i. viii, p. 373-374. Adopté en congrégation générale du 4 mars, le décret fut affiché au grand portail de la cathédrale de Trente le 8 mars. Il mentionnait en particulier « ceux de la Confession d’Augsbourg » et leur garantissait « toute sécurité d’aller et venir entre le concile et le territoire où ils se croiraient à l’abri de tout danger ». Une cédule annexe étendait ces garanties à toutes les nations chrétiennes. Id., ibid., p. 374-375.

5. Travaux sur la résidence et la réforme et XIXe session. — À partir de la xviiie session, sans parler des complications venues de l’extérieur, le concile se débat dans d’inextricables difficultés : intrigues, mésententes, procédés dilatoires, désunion entre évêques et même parmi les légats, difficultés qui obligent à des recours constants à Rome. Deux grandes questions de réforme dominent ces débats, la résidence et la réforme générale, et ces questions reviendront sur le tapis jusqu'à la fin du concile.

a) La résidence. — Soutenus par Seripando et même parle cardinal de Mantoue, les Espagnols demandaient que le concile voulût bien définir le principe du droit divin de la résidence. Cf. SuJta, op. cit., p. 38-39. Depuis le 7 avril 1562, les Pères discutent sur ce point. Le 14, le groupe des intransigeants est renforcé par l’arrivée de l'évêque de Paris, Euslache Du Bellay. Dans le collège des légats, Simonetta sera bientôt seul à défendre les prérogatives du Saint-Siège. Ce débat sur le principe de l’obligation avait son importance. Si la résidence est de droit divin, l'évêque relève directement de Dieu et ne doit au pape que la subordination que Jésus-Christ lui impose et qui dérive de l’institution canonique. L'Église enseignante est un seul corps, composé de tous les évêques, et cet ensemble réuni en un tout — au concile général, par exemple — est supérieur au pape qui en reste toutefois la tête dirigeante.

Le pape ne pouvait accepter tout cela et, à l’exemple de Jules III, Pie IV mit tout en œuvre pour écarter ce débat dangereux, sans vouloir intervenir lui-même. Dès le 18 mars, il recommandait cette mesure dilatoire. Mais Seripando, appuyé par Mantoue, voulait la discussion immédiate. Le 21 mars, le cardinal Borromée avait accepté que, si l’assemblée ne pouvait esquiver la discussion, on l’affrontât sans hésitation. À la réception de cette lettre (6 avril), la discussion commença, confuse « et manquant de tenue et de discipline ». Conc. Trid., t. viii, p. 465, note 3. Le 27 avril. Guerrero, avec sa fougue habituelle, entreprit de prouver le droit divin. Le Pascc oves meas aurait été dit non seulement a saint Pierre, mais à tout le collège des apôtres. La discussion se prolongea passionnée, orageuse, du 7 au 17 avril en onze assemblées, mettant aux prises deux écoles qui s’acharnèrent à se condamner mutuellement. Pendant une Indisposition du cardinal (lonzaguc, Seripando avait propose de nommer une commission pour rechercher et rassembler en un sommaire les empêchements à la résidence, afin d’abréger et de simplifier Les débats. Certains esprits chagrina accusèrent le légal de vouloir étouffai La dis