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TRENTE. LE CONCILE DE PIE IV (1562-1563)


sacrement de l’ordre, dont Theiner (p. 646) donne le texte, et l’exposé doctrinal, que Le Plat insère à la suite des chapitres relatifs au sacrifice eucharistique. Op. cit., p. 397-404. Les canons répondaient exactement au texte des articles : à l’art. 4 répondaient cependant deux canons, les can. 3 et 4, ce dernier empruntant la finale du dernier article, ordinationes fadas sine plebis consensu irritas esse. Les can. 6 et 7 répondaient à l’art. 5 de 1551 et enfin, dans le can. 8, on proclamait l’institution de droit divin de l’épiscopat, le pouvoir d’ordonner et la supériorité des évêques sur les simples prêtres. Ces projets malheureusement ne devaient pas aboutir, les événements politiques prenant une tournure inquiétante.

2. Deux sessions vides (XVe et xvie). — Le 23 janvier, des ambassadeurs du prince protestant Maurice de Saxe étaient annoncés. Sous le bénéfice d’un plus large sauf-conduit, ils promettaient d’envoyer au concile une députation de leurs théologiens. L’assemblée décida donc de surseoir à la publication des projets préparés, afin de fournir aux adversaires l’occasion de se faire entendre. Ces décisions furent publiées à la xve session (25 janvier 1552), où l’on fixa la session suivante au 19 mars. La date de cette xvie session dut même être prorogée. Mais devant la tournure inquiétante des événements, Jules III décida la suspension du concile. La xvie session (28 avril 1552) n’eut donc qu’à entériner purement et simplement le décret pontifical. Theiner, t. i, p. 647-659.

IV. Concile de Pie IV.

Le cardinal Cervini succéda à Jules III, mort le 13 mars 1555, mais ne régna que quelques jours sous le nom de Marcel II (10 avril-1° mai 1555). Le rigide et intransigeant Carafîa fut élu le 23 mai et prit le nom de Paul IV (1555-1559). Sa volonté de réaliser la réforme par lui-même et en dehors du concile eut du moins ce résultat de montrer la nécessité d’y revenir. Ce fut l’œuvre de Jean-Ange de Medici, l’oncle de saint Charles Borromée, élu après trois mois de conclave, le 26 décembre 1559, sous le nom de Pie IV.

Les préliminaires du concile.

Dès les premiers

jours de son pontificat, Pie IV fit signifier son intention de reprendre le concile aux trois premiers souverains de la chrétienté : le nouvel empereur Ferdinand, le roi de France François II et le roi d’Espagne Philippe IL C’est bien à lui que revient l’initiative de cette reprise ; voir Pie IV, t.xii, col. 1635-1637. Cf. Mgr Elises, Die letzle Berufung des Trienter Konzils diirch Pius IV., 29 november lôflO, Kcmpten, 1913.

Le nouveau pontife commença par réaliser, à Rome même, des réformes qui, dans son esprit, devaient préparer la reprise du concile. Dès septembre 1560, il publiait une bulle qui imposait la résidence et en réglait les modalités. Il attira l’attention du consistoire sur la nécessité d’un examen très approfondi des candidatures à l’épiscopat. Il s’attacha à régler pacifiquement les gros embarras créés par les mesures excessives prises par Paul IV et s’efforça de pourvoir à l’amiable à la situation canonique des moines vagabonds. Une sérieuse difficulté s’opposait à la convocation du concile : l’empereur insistait pour que le concile fût une assemblée toute nouvelle, les princes protestants et la France n’ayant pas pris part aux délibérations précédentes. Et pourtant il était impossible d’annuler le travail déjà accompli. De son enté le roi de France, après avoir demandé que le concile se réunît à Vereeil, accepta Trente, mais à la condition défi exprimée par l’empereur, que ce fut un concile qui commençât et non la continuation d’un concile antérieur. I.e pape ne s’émut pas et, le 19 novembre, il publiait la bulll d’indulgence pour la reprise do COU

cile : tndlcere et continuait, el la bulle mentionnaJI les sessions tenues sous les pontificats antérieurs. C’était

couper court à toutes les tergiversations. Ce fut également le sens de la bulle Ad Ecclesiæ regimen, communiquée au consistoire du 29 novembre et promulguée le lundi 2 décembre, convoquant le concile à nouveau et pour les mêmes objets. La bulle invitait l’empereur et « tous les princes chrétiens ». C’en fut assez pour que le conseil de régence en France se montrât offensé de l’omission du nom du roi de France. De plus, elle portait simplement que la suspension du concile était levée, mais sans parler explicitement de « continuation ». C’en fut assez pour choquer les cardinaux espagnols, qui entendaient « continuer » le concile, pendant que les Impériaux s’agitaient pour réclamer un « concile nouveau ». L’empereur affirmait cependant sa bonne volonté. Le pape nomma nonce Commendone qui rejoignit à Vienne Delfino qui s’y trouvait déjà en cette qualité. Tous deux se rendirent à Naumbourg pour inviter les princes et les luthériens au concile. Leur mission aboutit à un total échec. Richard, p. 563-566. Voir aussi la délibération des luthériens sur la participation au concile, Conc. Trid., t.vm.p. 144 sq., et la réponse aux nonces, p. 147. En France, les esprits étaient aussi peu disposés que possible, bien que la reine-mère eût fait adopter au conseil la bulle de convocation, tout en continuant sa politique d’intrigues contre le concile et de faveurs aux protestants et tout en invitant les évêques français à Paris, le 30 juillet suivant, pour un synode national I

La grande promotion de cardinaux du 26 février, si elle ne contenta absolument aucun des gouvernements (sauf peut-être celui de Philippe II) eut du moins l’avantage de faire entrer dans le Sacré-Collège quelques hommes éminents qui devaient être fort utiles au concile futur, l’ambassadeur français, Baboy de La Bourdaisière, le coadjuleur de Trente, Ludovic Madruzzi, neveu de Christophe, le théologien polonais Hosius, le général des augustins, Seripando, qui avait tenu un rôle de premier plan dans les conciles de Paul III et de Jules III, le canoniste Simonetta et Bernard Navagero. C’est parmi ces derniers que Pie IV choisit plusieurs des légats du concile (17 mars 1561) à défaut de Morone, qui se récusa en raison de son procès d’inquisition sous Paul IV. Le légat-président devait être le cardinal-évêque Puteo. Mais Puteo ne fut jamais en état de rejoindre son poste. La première place échut donc au cardinal Hercule Gonzague, de Mantoue, avec, comme légats auxiliaires Seripando, Hosius et Simonetta. Voir ici Pie IV, t.xii, col. 1638.

La bulle avait convoqué le concile pour le 6 avril 1561. Le 6 avril, il n’y avait encore que quatre prélats à Trente. Les premiers légats n’arrivèrent que le 16 et furent reçus par Madruzzi junior et neuf évêques. Le fidèle Massarelli était là depuis le 26 mars. On ne pouvait songer à commencer le concile avec si peu de monde et les arrangements matériels occupèrent les loisirs des légats et des prélats. Philippe II avait donné son adhésion à la « continuation » du concile, mais ce ne fut qu’en juin qu’une circulaire royale avertit les évêques d’Espagne d’avoir à se tenir prêts pour les premiers jours de septembre. En France, le synode national, projeté pour le 30 juillet, renvoyait aux calendes grecques la participation des évêques au concile. En Allemagne, Ferdinand tergiversait, attendant quelque réponse favorable à transmettre aux luthériens de Naumbourg. Mais Pic IV le pria d’envoyer ses évêques quand les Espagnols se mettraient en route et, par son éloquence persuasive, I Insuis parvint à le décider à prendre une attitude moins lu si tante : Ferdinand désigna des ambassadeur*. Sur les

négociations de Pie IV avec les trois grandes nations

catholiques, voir Pastor, t. xv, p. 155-185.

II fallait néanmoins encore temporiser. Le papa en profits pour ( iiiivnqucr les notabilités d’Orient, le t. i