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TRENTE. LE CONCILE DE JULES III, Xie-XIII* SESSIONS


expédiés le 4 mars. Un retour du conflit entre l’Empire et le Saint-Siège au sujet des duchés de Parme et de Plaisance, aggravé des intrigues d’Henri II, faillit tout remettre en question. Cf. Pallavicino, t. XI, c. xii, éd. Migne, t. ii, col. 549 sq. Néanmoins le concile s’ouvrit, à la date fixée, 1 er mai 1551. Massarelli était arrivé à Trente le 23 avril et, avec le concours de Madruzzi, avait fait les préparatifs nécessaires. Pighini se présenta le 28 ; Lippomani et le légat Crescenzi le 29. Ils firent leur entrée solennelle le 30, escortés du cardinal Madruzzi et de treize évêques, la plupart espagnols ou napolitains.

Les sessions vides.

Avec si peu d’évêques et pas

de consulteurs, que faire ? Les seuls actes de la xie session (1 er mai) furent la lecture de la bulle de reprise, Cum ad tollenda, de la bulle de légation Ad prudenlis patrisfamilias du 4 mars et du décret De resumendo concilio, avec l’indiction de la session suivante pour le 1 er septembre, afin de permettre aux Pères d’arriver et aux luthériens de se présenter. Peu d’évêques et un très petit nombre de théologiens parurent dans les semaines qui suivirent. Au mois de juin, les Allemands donnèrent quelques signes de vie : un certain nombre arrivèrent à Trente dans le courant d’août. Les Français faisaient totalement défaut. Le 31 août, la congrégation préparatoire ne put que constater le néant des résultats après trois mois de travail.

La xiie session (1 er septembre) fut donc des plus simples. Le secrétaire lut une exhortation du légat aux Pères sur la manière de vivre et de travailler. Il fit adopter un décret prévoyant pour la session suivante, fixée au Il octobre, des décisions se rapportant à l’eucharistie et d’autres concernant les impedimenta circa commodiorem residentiam. Les deux ambassadeurs des Habsbourg, récemment arrivés, furent admis. L’agent du cardinal de Tournon, Jacques Amyot, apporta des lettres du roi de France, avertissant le concile qu’il ne pouvait envoyer les évêques en raison de l’état de guerre qui bouleversait l’Italie du Nord. Il se réservait de prendre lui-même les mesures nécessaires à la réforme du elergé, mais aussi de défendre celui-ci contre tout empiétement. L’incident ne fit pas d’ailleurs grand bruit et, rassurés par la protection des Impériaux, 1rs l’éns se remirent au travail.

3° Autour de ta xiii* session (Il octobre 1551). — 1. Préparation des décrets.

La discussion sur l’eucharistie, commencée à Trente et continuée à Bologne en 1547, fut reprise à Trente le 3 septembre 1551, comme si rien n’avait été fait auparavant. Sur la marche de ces discussions, voir Eucharistie, t. v, col. 1320-1337. Un texte de réforme fut également préparé en huit chapitres. Tout fut présenté à la congrégation du 10 octobre, avec, pour les agents des princes luthériens, un projet de sauf-conduit que le nonce Bertano avait réclamé le 25 septembre au nom de l’empereur.

2. Congrégation générale préparatoire.

Il fut d’abord décidé que lis luthériens seraient entendus non seulement pour la communion sous les deux espèces, mais pour tous les points par eux contestés et sur lesquels ils avaient été condamnés ; mais cela sans droit d’appel. Le légal et ses assesseurs dressèrent donc eux-mêmes un texte de quatre articles, dont la dérision était reportée au 25 janvier 1552. Cf. Eucharistie, col. 1337.

Malgré le petit nombre de Pères prêtent », la congrégation préparatoire fut importante. Elle dit nia d’ajourner les difficultés pratiques de la communion

et de l’usage du caliæ : les présidents avaient le loua-Ue souci de ne rien précipiter, de laisser an In, | l.i

liberté entière de s’exprimer. Ceux-ci purent donc, eu toute connaissante de cause, donnai k ni ptætt aux

diverse ! motions et examiner ! < projet de réforme

qu’ils entendaient pour la première fois. Ils voulurent que le sauf-conduit accordé aux protestants fût aussi général et libéral que possible et, en attendant la session projetée pour le 25 janvier, ils en fixèrent une au 25 novembre, afin d’y donner quelques définitions sur le sacrement de pénitence.

3. La XIIIe session. — Elle fut célébrée avec une solennité exceptionnelle : ne s’agissait-il pas de l’eucharistie, que l’Église allait de nouveau définir contre les négations issues de la révolte de Luther ? La commission avait encore travaillé la veille tard dans la nuit pour retoucher le texte des deux décrets et leur donner une forme définitive. II y avait cinquante-deux Pères, dont cinq archevêques et cinq généraux d’ordre. À côté des deux cardinaux (Crescenzi et Madruzzi) et des deux nonces, figuraient les trois électeurs ecclésiastiques d’Allemagne. Les théologiens étaient au nombre de quarante-huit ; le monde laïc était représenté par onze nobles, trois ambassadeurs impériaux et les ambassadeurs de l’électeur Joachim de Brandebourg.

a) Décret dogmatique. — Le décret sur l’eucharistie comporte huit chapitres et onze canons. On trouvera commentés : c. i, la présence réelle, à Eucharistie, t. v, col. 1343 sq. ; c. ii, l’eucharistie instituée pour être la nourriture spirituelle de l’âme, à Communion, t. iii, col. 483, 507, 510, 553 ; c. iii, excellence de l’eucharistie qui contient, même sous une seule espèce, l’auteur tout entier de la grâce, Eucharistie, col. 1351, 1352 ; cf. Communion, col. 569 ; c. iv, transsubstantiation, Eucharistie, col. 1347 ; c. v, culte dû à l’eucharistie, ibid., col. 1353 ; c. vi, conservation de l’eucharistie et port aux malades, ibid., col. 1354-1355 ; cf. Communion, col. 488 ; c. vii, préparation à la communion, ibid., col. 504 ; c. viii, communion sacramentelle et spirituelle, ibid., col. 486, 533, 573. (Nota : les passages cités relatifs à la communion ne font souvent qu’indiquer le sens général des textes conciliaires). Parmi les canons, à l’art. Eucharistie ont été cités et commentés : can. 1, col. 1343 ; can. 2, col. 1347 ; can. 3, col. 1351 ; can. 4, col. 1352 ; can. 6, col. 1353 ; can. 7, col. 1354-1355 ; le can. 9 à l’art. Communion, col. 434. N’ont pas été cités : le can. 5 se rapportant au c. ni ; les can. 8 et 10, au c. vin ; le can. 1 1 au c. vu. La finale relative au précepte de la confession sacramentelle exigée du pécheur avant la communion, à Confession, t. iii, col. 910-911 ; cf. Communion, col. 504. À déiaut du Conc. Trid. non encore paru sur la matière, on trouvera tous ces textes latins dans Denzinger ou Cavallera ; le texte, la tr. fr. et le commentaire dans Michel, p. 255-283.

b) Décret de réforme. — Le décret de réforme, en huit chapitres, fut adopté sans opposition : 1. Les évêques devront traiter leurs subordonnés comme des pères traitent leurs fils ; cependant, au cas où ils remarqueraient chez eux des manquements graves dans la conduite, ils devront prendre des sanctions, desquelles, en certains cas, il ne pourra être fait appel ; 2. Dans les causes criminelles, l’appel interjeté à la sentence de l’évêque, sera confié au métropolitain ou à un évêque voisin ; 3. Dans le jugement d’appel, celui qui fait appel fournira les actes du premier procès S ses nouveaux juges ; 4. En quelles conditions les clercs pourront-ils être déposés et livrés à la justice séculière pour être jugés sur de graves délits ? 5. Les motifs d’un acquittement en appel devront être sommairement soumis a l’évêque, afin qu’il puisse juger de leur valeur ; 6. Les évêques ne MI uni cités personnellement

que dans les causes de déposition ou de privation de leur bénéfice ; " Quels témoins peuvent être admis

<oiitre les évoques ? B. Les causes graves éplscopales seioni soumises au tribunal pontifical. Texte français

.lins Michel, l>- 283-287.