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TRENTE. LE CONCILE DE PAUL III, VI* SESSION


2. Le péché originel.

On se référera, tant pour les discussions préalables et la rédaction du décret sur le péché originel, que pour l’analyse et la portée de ce décret à l’article Péché originel, t.xii, col. 513-527 ; voir aussi Baptême, t. ii, col. 296-301, et Rédemption, t. xiv, col. 1918. On sait que Pacheco et les évoques espagnols auraient voulu que le concile définît l’immaculée conception de Marie. Mais il était impossible de faire dévier l'œuvre du concile dans une discussion à ce sujet : l'évêque d’Aquino, Fiorimonte, proposa une transaction, à laquelle se rallia en substance le concile : rappeler les décisions de Sixte IV sur l’immaculée conception et proclamer que l’enseignement de l'Église touchant le péché originel, n’atteignait nullement la vierge Marie. Voir ici Immaculée conception, t. vii, col. 1166-1169. Le texte latin du décret dans Conc. Trid., t. v, p. 238 ; tr. fr. et commentaires, dans Michel, p. 42-59.

3. Le décret de réforme.

Désormais, à côté du décret dogmatique, nous trouvons dans les Acta du concile un décret de réforme.

Trois sujets avaient été abordés en vue de cette ve session : les abus des prédicateurs, la contumace des évêques qui s’obstinaient à ne pas venir au concile, la résidence. Sur le premier point, les discussions avaient permis d’aboutir à un projet consistant. Sur le second point, déjà envisagé à la ive session et dont la solution avait été brusquement arrêtée en dernière minute par l’ambassadeur de Charles-Quint, voir Richard, p. 273274, il fut encore impossible au concile, à la ve session, de prendre une décision. Sur le troisième point, la discussion était à peine amorcée.

Le décret de réforme se compose de deux chapitres étendus. Le premier, De instituenda lectione sacras Scripturæ et liberalium artium, organise l’enseignement de l'Écriture sainte, sous le contrôle de l’Ordinaire, par des lecteurs en théologie, dans les écoles de grammaire, auprès des cathédrales ou dans les couvents. Il invite les princes à créer aussi cet enseignement dans leurs collèges. Le second chapitre, De verbi Dei concionatoribus et quæsloribus eleemosynariis, règle la prédication par les évêques, les prélats et les bénéficiers ayant charge d'âmes, avec licence de se faire suppléer en cas d’empêchement. Les délinquants seront soumis à un châtiment rigoureux, dislrictse subjaceant ultioni. La prédication, dans les paroisses qui dépendent des réguliers, sera contrôlée par le métropolitain en qualité de délégué apostolique. Les réguliers, après l’examen de leur supérieur, devront requérir la bénédiction de l’Ordinaire, qui procédera contre les moines vagabonds ou qui répandent des erreurs, en certains cas précis et toujours comme délégué du Saint Siège. Un dernier paragraphe interdit la prédication avec quêtes et aumônes, nonobstant n’importe quel privilège. Le texte latin dans Conc. Trid., t. v, p. 241243 ; tr. fr., dans Michel, p. 60-64.

7° Autour de la rie session (13 janvier 1547) : la justification et la résidence. — La vie session avait été fixée au 29 juillet, fête de sainte Marthe : elle n’eut lieu en fait qu’au mois de janvier suivant. C’est que les problèmes qu’on agitait en vue de cette session étaient d’importance exceptionnelle et devaient provoquer de longs et fastidieux débats. Il s’agit de la justification — point crucial du conflit entre catholiques et protestants — et de la résidence, sujet de discordes entre deux écoles. On passe sur les incidents de tous genres qui contribuèrent à retarder la marche du concile : conflit de préséance à l’occasion de l’arrivée de l’ambassade française, le 26 juin (et cette sorte de conflit se reproduira pour ainsi dire automatiquement au cours de tout le concile) ; craintes d’envahissement d’une armée luthérienne ; « rixe » Sanf elice-Zanettini ; tentatives d’ajournement du concile sous l’empire d’une

crainte de guerre (ce qui provoqua de regrettables altercations entre le cardinal premier légat et Madruzzi) ; obstruction systématique de Pacheco ; manœuvres impériales d’atermoiement et même indécision de Paul III ; cf. Richard, p. 307-323. Sans parler des vacances octroyées au temps des chaleurs, avec une perspective toujours ouverte sur le transfert ou la suspension du concile, il y avait en tout cela de quoi faire échouer l’entreprise de Paul III, si le Saint-Esprit n’avait assisté son Église.

1. La justification.

Telle qu’elle fut envisagée et débattue à Trente, la question de la justification présente quatre aspects principaux : acquisition, développement, récupération, fruits. C’est là le schéma général auquel aboutirent les laborieuses discussions préparatoires.

a) Sur la préparation du décret, voir Justification t. viii, col. 2165 sq. L’analyse du décret, col. 21722176.

b) Le texte latin du décret dans Conc. Trid., t. v, p. 79 sq. ; tr. fr. et commentaires dans Michel, p. 82157. On en trouve dans ce dictionnaire les passages essentiels. Il débute par un prologue, Justification, col. 2172-2173, indiquant l’esprit dans lequel a été conçu le décret. On remarquera que ce prologue ne nomme que deux présidents-légats. La légation de Pôle avait pris fin, en effet, le 27 octobre 1546, le cardinal s'étant retiré à Padoue pour raison de santé. Le prologue se continue par seize chapitres et trentetrois canons.

c) Les chapitres. — Ils sont étudiés ici en divers articles. Le c. i, De naturse et legis ad justificandos homines imbecillitate et le c. ii, De dispensatione et mysterio adventus Christi ont reçu un bref commentaire à Rédemption, t. xiii, col. 1917 sq. Le c. m indique ceux qui per Christum justificantur : ce sont ceux à qui est communiqué le mérite de la passion et qui, nés injustes de la race d’Adam, renaissent dans le Christ. Partie essentielle à Baptême, t. ii, col. 302.

Dans le c. iv, insinuatur descriptio justificationis impii et modus ejus in statu gratise. Le passage de l'état de péché, en lequel naît tout homme, à l'état de grâce ne peut se faire que par le sacrement de la régénération, le baptême, reçu effectivement ou tout au moins en désir. Texte principal, ibid., col. 302.

Le c. v aborde l’essence même de la controverse : le concours de la grâce et de la libre coopération humaine dans la justification. Et tout d’abord, la question de principe : De necessilate prseparationis ad justificationem in adultis et unde sit, texte et commentaire à Justification, t. viii, col. 2176-2177.

Le c. vu expose quid sit justificatio impii et quæ ejus causa. Ce chapitre est commenté en trois paragraphes, Justification, col. 2180-2185. Sur les causes de la justification, voir le commentaire à Grâce, t. vi, col. 1633-1636. En parlant de la cause « instrumentale, le baptême, sacrement » de la foi, sans laquelle personne n’a jamais obtenu la justification, le concile fait allusion à Hebr., xi, 6. Voir un long commentaire à Infidèles, t. vii, col. 1772 sq. La finale du chapitre, relative à l’action de la foi dans la justification, est brièvement présentée à Foi, t. vi, col. 280 ; cf. col. 82. Cette finale prépare le c. vin. Le concile, en effet, y expose, citant saint Paul, quomodo intelligatur impium per fidem et gratis justificari. Essentiel du texte et commentaire à Infidèles, col. 1776 sq., et à Justification, col. 2185.

Le c. ix est rédigé « contre la vaine confiance des hérétiques ». Voir Justification, col. 2186-2188 et Grâce, t. vi, col. 1618-1626.

Le c. x rappelle les principes catholiques relatifs à l’inégalité et à la perfectibilité de la justification. L’inégalité avait déjà été enseignée au c. vii, qui