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TRENTE. LE CONCILE DE PAUL III, IVe ET Ve SESSIONS


vrier. Y assistaient six archevêques, vingt-six évêques, les cardinaux, les généraux d’ordre, les abbés, en tout quarante-six Pères, avec quarante-neuf théologiens comme témoins derrière les agents du roi des Romains. Le symbole était précédé d’un préambule à la fois exhortatif et impératif : le concile l'émettait à l’exemple des anciens conciles, comme une arme pour garantir sa foi et le donnait en exemple à l'Église enseignante de l’avenir. Les textes dans Conc. Trid., t. iv, p. 579. Trois évêques — Badajoz, Capaccio et Fiesole — réclamèrent la publication du décret concernant le travail simultané en matière dogmatique et disciplinaire.

La session suivante fut fixée au jeudi 8 avril 1546.

5° Autour de la rve session (8 avril 1546). — C’est avec la quatrième session que devaient apparaître les décrets dogmatiques et disciplinaires. Dès la réunion du 8 février, del Monte indiqua qu’il fallait avant tout déterminer les sources et les documents d’où découlaient les règles sur lesquelles il serait facile d'établir un accord entre les dissidents et l’enseignement de l'Église. Ces règles existaient dans l'Écriture, dont les protestants ne cessaient de se réclamer et dans les traditions remontant aux origines de l'Église. C’est sur ces deux sujets que devaient se concentrer les discussions et les travaux des Pères en vue de la session projetée.

1. Le canon des Écritures.

Pour ce qui concerne les discussions préalables, le texte du décret promulgué le 8 avril, et le commentaire théologique du texte, voir Canon des Livres Saints, t. ii, col. 1593-1604. Texte dans Conc. Trid., t. v, p. 91 ; tr. fr., dans A. Michel, Les décrets du concile de Trente, Paris, 1939, p. 19 sq.

2. Les abus de l'Écriture sainte. — Entre temps, les Pères s'étaient occupés des « abus dans l’emploi de ta sainte Écriture ». L'évêquc de Bitonto avait rédigé un rapport dans lequel il ramenait tout à quatre points : 1. On se servait de traductions quelconques, en toutes langues, plus ou moins fautives, parfois même dangereuses. Il conviendrait d’adopter comme version officielle la Vulgate ; mais 2. il importe de corriger la Vulgate à l’aide des Septante et de quelques autres textes, car dans la Vulgate se sont glissées un certain nombre d’incorrections préjudiciables à l’orthodoxie. Le concile priera le Saint Père d’en faire publier une édition aussi correcte que possible à l’aide des manuscrits les plus autorisés, un texte grec et un texte hébraïque choisis parmi les meilleurs. Sur la suite donnée dans les débats et dans le décret final, voir l’art. Vulgate. 3. L’abus le plus grave et le plus fréquent provient des interprétations personnelles, arbitraires, bizarres, inconvenantes, souvent contraires au dogme et à la discipline et, par suite.au sens adopté par l'Église. Les prédicateurs se permettent une licence sans limite : le concile devra donc renouveler le décret promulgué dans la xi* session du V « concile du Latran, bulle Supremæ maje.slatis, qui interdit de s'écarter, en matière de foi et de mœurs du sens généralement admis par l'Église ou par l’unanimité des Pères. 4. Un autre abus non moins funeste est qu’on imprime sans permission des supérieurs ecclésiastiques, sous le couvert d’un privilège quelconque, toute sorte de livres sur l'Écriture sainte : versions, traductions, gloses, explications, jusqu'à y glisser des passages scandaleux et inacceptables. Contre ces abus, il faut renouveler les dispositifs de la bulle Inler snlliriludines de la x" session du même concile du Latran, interdisant d’imprimer ou de répandre un écrit qui n’aurait pas été examiné ou approuvé par le souverain pontife, ou le métropolitain ou l’Ordinaire, l'.t le rapport Indiquait les peines à porter contre les délinquants et les contumaces (18 mars 1546).

Cette lecture souleva un incident assez vif entre

Pacheco et Madruzzi sur les traductions de la Bible en langue vulgaire, le premier demandant qu’on les interdît, le second protestant contre une interdiction générale. Conc. Trid., t. v, p. 30-31. La discussion reprit le 1 er avril, mais cette fois avec des précisions de Bertano, évêque de Fano, sur l’usage de la Vulgate et un long plaidoyer de Madruzzi en faveur des traductions en langue vulgaire. Le 3 avril la discussion reprit encore sur les abus de l'Écriture sainte. Enfin, le 5 avril les deux décrets furent soumis au vote final. On a indiqué plus haut le premier décret De libris sacris et traditionibus. Le second à la fois disciplinaire et doctrinal De edilione et usu sacrorum librorum concerne l’usage de la Vulgate, l’interprétation de l'Écriture, l’impression et l’approbation des livres avec l’indication finale que l’on souhaite le plus rapidement possible une édition améliorée de la Vulgate. La seconde partie du décret indique les modalités de la censure des livres et les pénalités dont sont passibles les délinquants de toute sorte. Voir le texte latin, dans Conc. Trid., t. v, p. 91-92 ; tr. fr., dans A. Michel, p. 26, 28, 30-31. Le décret concernant les abus de la prédication ne devait être promulgué qu'à la ve session.

3. Les traditions.

Les protestants rejetl aient toute source de la foi autre que la sainte Écriture. Le concile devait rappeler qu’il fallait aussi accepter les traditions remontant à l’origine de l'Église et représentant ainsi la doctrine divino-apostolique. Sur les discussions relatives aux traditions et sur l’interprétation du passage qui leur est consacré dans le décret du 8 avril 15-10, voir Tradition, ci-dessus col. 1311.

6° Autour de la Ve session (17 juin 1546). — 1. Les abus de la prédication. — Dès avant la ive session, le concile s'était occupé de ces abus. L'évêque de Sinigaglia avait soumis, le 1 er mars, à la section de Cervini, un volum que le concile avait adopté. On s'élevait contre les religieux vagabonds et les clercs, sans pouvoir, quscsluarii, erronés, gyrovagi qui, prêchant sans aptitude ni préparation, propagent Impunément des doctrines erronées, superstitieuses ou tout au moins superficielles et peu sûres. Ils cherchent par là à s’enrichir et ne se contentant pas d’aumônes, y ajoutent des quêtes. Tout doit être recommandé à la vigilance des pasteurs, évêques et curés, qui prêcheront euxmêmes et réglementeront la prédication des autres. Dans les prédications on évitera ce qui n’est pas pure doctrine de l'Évangile et enseignement commun des Pères et de l'Église. Les délinquants seront punis avec la rigueur du droit et, si c’est nécessaire, avec appel au bras séculier.

Après l’interruption des fêtes pascales, le concile s'était remis au travail et la nécessite de promulguer des décrets de réforme s’imposait d’autant plus que Charles-Quint et ses représentants au conc ile, appuyés par Madruzzi, insistaient pour qu’on dirigeât en ce sens les cfforls de l’assemblée. Cf. Richard, p. 276 sq. Le 13 avril, avait été présenté aux sections un déCT< l en neuf articles De lectoribus et pnvdiraloribus Sacrée Scripturæ ; les légats recueillirent les annotations, si sollicitèrent des Pères un texte définitif qui fut prêt le lendemain en huit articles, De Icclione sacrx Srripluræ et prsebenda theologali, dont le projet fut soumis à l’assemblée le 7 mai suivant. Les débats furent mouvementés, en raison des attaques violentes de certains évêques, notamment celui de Fiesolc, contre les religieux, voir Richard, p. 281-286, et de l’insistance d’autres prélats, notamment de Pacheco, pour ramener la discussion sur le problème non encore amorcé de la résidence. Le pape Intervint discrètement mais fermement auprès des légats et ceux-ci rappelèrent aux membres du COn< ile qu’ils avaient. avant d 'aborder la question de la résidence, à traiter du péché Originel. Aussi ta discussion fût-elle reportée, le 2 1 mai. sur ce sujet.