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1429 TRENTE. LE CONCILE DE PAUL III, I « ET II* SESSIONS 1430

mettre les procureurs des évêques allemands, sans leur accorder double vote puisqu’ils en avaient un personnel. Peu d’ambassadeurs : l’envoyé de Jean III de Portugal, le dominicain Jérôme d’Oleastro, et les ambassadeurs des Habsbourg. Comment ouvrir un concile « œcuménique » en de telles conjonctures ? Il fallait, pour suppléer aux absences de l'épiscopat, que l'Église romaine manifestât d’une façon formelle son intention. C’est ce que fit Paul III sous forme d’un mandement sans réplique, parvenu à Trente le Il décembre.

Première session.

Dès le lendemain, les légats

convoquèrent une congrégation générale préparatoire de la session d’ouverture. Après une vive discussion sur leurs pouvoirs et l’admission des procureurs allemands, discussion soulevée par le pointilleux et intransigeant évêque de Jæn, Pacheco, l’entente parvint à se faire et le troisième dimanche de l’Avent, 13 décembre, à la date prévue, le concile s’ouvrit en présence de trente-quatre Pères ; quatre cardinaux, quatre archevêques, vingt et un évêques et cinq généraux d’ordre, dans la cathédrale Saint-Vigile. Après le chant du Veni Creator, l'évêque de Feltre lut les actes relatifs à la convocation du concile : bulle Lœtare Jérusalem et le bref du 22 février 1545 confiant tout pouvoir aux légats ; puis le décret De inchoando concilio, auquel tous répondirent : Placel. L’absence d’un théologien impérial qu’un mandat de Charles-Quint avait investi de pleins pouvoirs pour parler en son nom, suffisait à arrêter toute discussion dès l’origine, notamment la fixation de l’ordre du jour sur lequel le pape et l’empereur ne s’entendaient pas. On dut se contenter d’indications générales. On choisit le jeudi, consacré au Saint-Esprit pour les sessions futures ; la deuxième session devait avoir lieu le 7 janvier. On se sépara ensuite après le chant du Te Deum. Conc. Trid., t. iv, p. 393, 517.

Quarante-deux théologiens, dont quatre seulement séculiers, assistaient les Pères ; mais ils avaient simplement rôle de consulteurs, et demeuraient attachés à la personne d’un évêque ; del Monte avait amené Ambroise Catharin ; Dominique Soto et trois juristes espagnols étaient envoyés de l’empereur ; Mendoza avait son théologien, Alphonse Zorilla, dont l’absence avait arrêté net les travaux de la première session. Les légats, le cardinal de Trente avaient les leurs. Après la clôture de la session, deux ecclésiastiques se présentèrent comme procureurs du cardinal d’Augsbourg. L’un d’eux était un jésuite, Claude Le Jay, qui avait rendu d’immenses services à la cause catholique en Allemagne. Les légats ne crurent pas pouvoir les admettre comme définiteurs. Le Jay obtint plus tard cette dignité. Massarelli fut désigné par le concile luimême comme secrétaire de l’assemblée, nonobstant la désignation antérieurement faite par Paul III de l’humaniste Marc-Antoine Flaminio : on n’eut pas à le regretter, car Massarelli fut vraiment la cheville ouvrière du concile et on lui doit des matériaux considérables qui complètent heureusement les Acta concilii. Voir son art. t. x, col. 256.

3° Autour de la deuxième session (7 janvier 1546). — I. Règlement du concile.

I.cs dignitaires du concile ayant été choisis, sauf Masisarelli, conformément aux indications de Paul III.il s' ; igK', nit de donner un règlement au concile : Le règlement s'établirait par la pratique, selon les circonstances avec la participation i * pape approuverai ! ensuite. » Tel était le mot d’ordre donné à Rome. L’empereur attrait volontiers laissé les questions dogmatiques pour n’envisager qu’un règlement disciplinaire ; le pape ne pouvait pas transiger sur la foi, mise en péril par les négations protestantes. Le bon.eus lut même Indiquai ! qu’on pouvait mener <c front les définition doctrinale ! avec forme*. Apres avoir proposé, le 18 décembre, un

règlement en dix-sept articles, les légats abordèrent l’ordre du jour : entreprendrait-on d’abord la réforme disciplinaire comme les Impériaux le demandaient ? Les avis furent tellement partagés qu’on dut ajourner la décision. Comment un si petit nombre de Pères pouvaient-ils délibérer en une question qui engageait la responsabilité et l’avenir de l'Église ? Et les quelques évêques français présents demandèrent qu’on ajournât toute délibération jusqu'à l’arrivée de leurs compatriotes. C'était vouloir arrêter le concile : prétention inadmissible qui fut discutée en deux séances (20 et 22 décembre) et le débat aboutit à une formule de politesse, le concile priant Sa Majesté Très Chrétienne d’envoyer ses évêques le plus tôt possible.

Les dix-sept articles du règlement furent ensuite discutés (22 décembre). Del Monte avait désigné une commission, uniquement composée d’Italiens, pour réunir les avis en un sommaire. Les Espagnols et les Français protestèrent et, après les fêtes de Noël, le légat s’excusa de sa méprise. Des dix-sept articles, les cinq premiers prévoyaient les règles de discipline, de conduite, de religion, qui s’imposaient aux Pères comme à leur entourage ; les autres concernaient l’organisation matérielle et, à partir du douzième, ils s’occupaient de la manière de rendre les discussions plus faciles, de les abréger, de les mener rapidement à leur terme. Conc. Trid., t. iv, p. 533-534. Le concile, ayant adopté les mesures de sécurité prévues par le règlement, décida d’ajourner, jusqu’au moment où il serait en nombre convenable, le règlement définitif sur le droit de vote et la distinction entre consulteurs et membres définiteurs. Les deux procureurs de l'évêque d’Augsbourg ne furent encore admis qu'à titre de consulteurs. Trois abbés mitres se présentèrent et leur cas fut discuté : on leur accorda — ce qui était d’ailleurs leur droit d’après la bulle de convocation — la voix de définiteurs. Les légats entendaient ainsi revenir à la tradition. Une lettre de Farnèse, communiquée le 4 janvier 1546, indiquait que le pape prenait à sa charge les frais du concile, mettant à la disposition de celui-ci les officiers dont il pouvait avoir besoin. Les légats ayant fait remarquer que la liberté du concile restait pleine et entière, toute difficulté semblait aplanie à la veille de la deuxième session.

2. La session officielle.

À cette même congrégation du 4 janvier, trois incidents surgirent relativement à la session prévue pour le 7 janvier. Tout d’abord, la formule à employer pour le titre du décret. L'évêque de Fiesole aurait voulu qu’on libellât ainsi ce titre : Sacrosancta generalis et Trident ina synodus, universalem Ecclesiam représentons. L’apposition universalem Bcclesiam reprœsenlans, acceptable peut-être au concile de Constance, quand on ignorait quel était le pape légitime, était, dans le cas présent, aussi inutile que prétentieuse. Del Monte n’eut pas de peine à le faire comprendre aux Pères qui cependant l’avaient accueillie avec faveur. Un second incident surgit à propos des abbés mitres à qui Cervini accordait voix décisive : une contestation s'éleva à leur sujet entre l'évêque de Feltre et celui d’Astorga. Del Monte fit admettre une transaction : ces abbés, représentant leur ordre, devaient jouir du même privilège que leur général, s’il était là. Ils auraient donc une voix décisive à eux trois. Bnfln, pour la date de la troisième session, les Français réclamaient la date la plus éloignée, linalii on transigea pour le 4 février. L’assemblée M donna ensuite la Satisfaction d'élire Comme siens les officiers désignés par le pape. Massarelli fut maintenu 1 1 promu, sous le contrôle <le l’auditeur de rote Plghinl, terutator votorum. Les actes officiel ! <lu concile furent rédigés par (.lande de La Case, du diocèse de I oui, et Nicolas Driel, de Cologne.

Le 7 janvier se tint la deuxième session avec le