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1415 TRENTE (CONC. DE). PREMIERS ESSAIS DE RÉUNION 1416

collège des cardinaux au fur et à mesure des promotions à venir.

Dès le 18 décembre 1534, il donna la pourpre à ses petits-enfants Alexandre Farnèse et Ascagne Sforza, qui avaient respectivement seize et quatorze ans. Pourvu de la chancellerie dès le 15 août 1537, Alexandre devait être le bras droit de Paul III et l’exécuteur de ses volontés. La grande promotion fut faite le 21 mai 1535. Malgré l’opposition de la Curie, Paul III fit entrer dans le Sacré-Collège des partisans résolus de la réforme catholique : le principal était le vénitien Gaspard Contarini, encore simple laïc. Cet humaniste chrétien, après avoir reçu les ordres sacrés, devint l’entraîneur du parti réformiste.

Le 23 août 1535, par la bulle Sublimis Deus, Ehses, Conc. Trid., t. iv, p. 451, Paul III renforçait la congrégation de réforme présidée par Piccolomini et, aux trois cardinaux qui la composaient, adjoignait deux nouveaux promus, Ghinucci et Simonetta ainsi que trois évoques de la curie : Christophe Jacobazzi, dataire, le Néerlandais Pierre van der Vorst, venu à Rome avec Adrien VI et depuis évêque d’Acqui et l’archevêque de Nicosie en Chypre, Podocatero. Sans figurer parmi les commissaires, Contarini, par son intervention fréquente, stimula le zèle de la commission de réforme et bientôt celle-ci se décida à rédiger des règlements pour la réforme du clergé de Rome, règlements que le pape ferait exécuter. Le texte dans Pastor, t. xii, p. 453. L’édit fut publié au consistoire du Il février 1536. Ibid., p. 468, n. 1. Le règlement promulgué était si minutieux qu’il ne pouvait pas ne pas donner quelque résultat.

La réunion d’un concile était entravée et par les mauvaises dispositions d’un grand nombre de curiaux et par l’antagonisme qui régnait entre Charles-Quint et la France. En face de la coalition formée par la France avec les protestants et les Turcs, les Habsbourg se proclamaient, non sans quelque raison, les défenseurs de la religion et de la République chrétienne. A leur point de vue, le concile n’était possible que si le pape les aidait à régler rapidement leur conflit avec la France : l’empereur pourrait alors discuter de la convocation du concile. Paul III se garda bien d’entrer dans ces vues. Comme chef de la chrétienté il n’avait d’autre règle que de rester neutre, en dehors et au-dessus des conflits. Cf. P. Richard, Histoire du concile de Trente, dans V Histoire des conciles de Hefele-Leclercq, t. ix, p. 67. Mais, après la campagne contre Tunis, l’empereur négocia, à Rome même. Paul III convoquait un consistoire pour régler sans retard l’affaire du concile.

2°Tentatioes de concile à Mantoue. — Paul III décida Charles-Quint au choix de Mantoue pour y tenir le concile.

1. Pour préparer la bulle de convocation, une congrégation de sept cardinaux fut désignée, flanquée de quelques spécialistes comme Vergerio, Aléandre et Hugues Rangoni. Malgré les scènes violentes, faites par l’empereur en plein consistoire, Paul III ne se départit pas de sa neutralité et même finit par faire accepter son arbitrage. Charles-Quint quitta Rome le 18 avril, laissant ses secrétaires, François Covos et Nicolas Perrenot de Granvelle, avec pleins pouvoirs pour négocier la paix. Dès le 24 avril, tous signaient une convention qui reconnaissait la neutralité du pape. Cette convention marquait un progrès sérieux, car les Impériaux y prenaient à leur compte la bulle convoquant à Mantoue le concile pour le jeudi 23 mai de l’année suivante. La bulle fut définitivement arrêtée au consistoire du 29 mai 1536. Le pape y adjoignait un décret stipulant qu’en cas de vacance du Saint-Siège au cours de la tenue du concile, l’élection du souverain pontife reviendrait au Sacré-Collège et non au

concile. Ce décret resta secret : seule la bulle fut publiée.

2. La bulle Ad dominici gregis invitait les patriarches, archevêques, évêques, abbés et tous ceux qui avaient le droit de siéger, selon la tradition reconnue légitime. Quant aux princes, ils étaient tenus d’envoyer au concile leurs ambassadeurs, s’ils ne pouvaient y paraître en personne. S’ils ne pouvaient favoriser le voyage de leurs sujets, du moins ils n’y devaient apporter aucun obstacle. Tout en reproduisant le formulaire de Jules II à propos du Ve concile du Latran, on supprimait de la bulle ce qui pouvait éveiller la susceptibilité des luthériens : elle n’invoquait ni l’autorité du pape ni le magistère de l’Église, elle se bornait à tracer un règlement et un programme de travail aux évêques convoqués à titre de docteurs de l’Église enseignante. Rome se montrait disposée à débattre les opinions des réformateurs, à les entendre en toute condescendance, à les exhorter avant de porter sur leurs opinions la sentence qui s’imposait. La bulle marquait enfin les buts pour lesquels le concile était convoqué : la gloire de Dieu, l’exaltation du corps mystique du Christ, l’extirpation de l’erreur, le salut des croyants par la paix et l’unité resserrées, enfin l’union de tous les chrétiens dans une croisade contre les infidèles. Ce dernier point paraissait au pape, et à juste titre, d’une importance souveraine pour faciliter l’entente.

3. Trois légats furent délégués pour faire accepter la bulle : Caracciolo à l’empereur, Trivulzio au roi de France, l’espagnol Quifionès au roi des Romains, frère de l’empereur. La nomination des nonces chargés de propager la bulle dans la chrétienté eut lieu au consistoire le 27 juillet. Pierre van der Vorst, désigné pour l’Allemagne, partit le premier ; ses collègues le suivirent les uns après les autres ; le dernier partit le 24 octobre : c’était le général des servîtes, destiné à l’Ecosse. Cf. Pallavicino, Hist. du concile de Trente, t. IV, tr. fr. éd. Migne, t. i, col. 865 sq. Pendant ce temps, le pape se préoccupait de préparer, de Rome même, le concile. Contarini avait dans ses relations tous les éléments d’une commission préparatoire : fin juillet 1536 furent mandés à Rome, par brefs particuliers, Jean-Pierre Caraffa (le futur Paul IV), Grégoire Cortese, Giberti, l’anglais Pôle, Fregoso, évêque de Gubbio et l’humaniste Sadolet, évêque de Carpentras. Contarini s’efforça de faire convoquer Aléandre et le maître du Sacré-Palais, Thomas Badia. Giberti n’apporta qu’un concours de quelques mois, se contentant de réformer son diocèse de Vérone. Parmi les autres, deux se signalaient par leur caractère à part : Caraffa, rigide et austère, ascète transplanté dans la vie publique ; Pôle, doux et indulgent, instruit, éclairé et d’un tempérament idéaliste de mystique.

Paul III groupa ces nouveaux venus en une commission de neuf membres, sous la présidence de Contarini. Leur travail prit pour base un mémoire de Sadolet qui exposait avec une extrême sévérité les origines et les causes des abus avec leurs conséquences. Mais Sadolet se compromettait par ses excès de langage. L’opposition grandit contre la commission. Paul III chercha à modérer cette opposition par l’énergique discours qu’il prononça au consistoire du 13 novembre. Pastor, t. xi, p. 132, n. 2. Finalement, pour réduire la résistance, Paul III décida de promouvoir au cardinalat Sadolet et ses confrères. Les pourparlers furent laborieux. Trois membres seulement de la commission furent admis : Caraffa, Sadolet et Pôle. Les autres furent ajournés et Aléandre réservé in petto. Pour répondre aux exigences du Sacré-Collège, le pape dut nommer le jeune Ludovic Borgia, petit-neveu d’Alexandre VI et l’archevêque de Siponto, Jean-Marie Giocchi del Monte sur qui cependant le pape