Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/710

Cette page n’a pas encore été corrigée
1405
1406
TRANSSUBSTANTIATION — TRAVERS (NICOLAS)


l'Église catholique, tr. fr., Paris, 1900, t. iii, § 59, n. 5 ; Mattiussi, De sacramentis in génère et de eucharistia, Rome, 1916, p. 93 sq. ; Lépicier, De ss. eucharistia, t. i, Paris, 1915, p. 151 sq. ; De la Taille, Myslerium fidei, 2e éd., Paris, 1924, elucid. iv ; Van Noorl, Tract, de sacramentis, 1. 1, Amsterdam, 1927, n. 348 ; A. d’Alès, De sanctissima eucharistia, Paris, 1929, p. 81 sq. ; 9394 ; Cachia, O. P., De natura transsubslantialionis juxta S. Thomam et Scolum, Rome, 1929, p. 47 sq. ; M. -T. Pcnido, Le rôle de l’analogie en théologie dogmatique, Paris, 1931, c. iv, Transsubstantiation et présence réelle, p. 419 sq.

3° Troisième controverse : le lien nécessaire entre les deux termes. — D’un mot Billot a défini ce lien : c’est la conversion elle-même de substance à substance ; lien si nécessaire qu’on ne saurait imaginer, même de potentia absoluta Dei un autre mode de mutation d'être à être (et c’est sur ce point que Cajétan s’est séparé de saint Thomas ; voir ici Eucharistie, col. 1365). Et Billot conclut sa thèse xxxix en affirmant que « la transsubstantiation estl 'unique voie par laquelle puisse se réaliser la présence du Christ dans le sacrement ».

Dans les deux autres théories, adduction et reproduction, le lien entre les deux termes ne saurait être la conversion puisque la disparition du pain n’est pas, par elle-même, en vertu d’une conversion substantielle, liée à l’apparition du corps du Christ. Le pain disparaît parce que Dieu ne le soutient plus en son être et le corps du Christ apparaît, parce que Dieu l’amène ou le reproduit sous les espèces sacramentelles. Pour sauver néanmoins l’idée de conversion en établissant un lien entre la disparition du pain et l’apparition du corps du Christ, Vasquez cherche ce lien dans les paroles de la consécration, dont la signification exige, pour être vraie, que le pain disparaisse pour faire place au corps, De euchar., disp. CLXXXI, c.xii, n. 125 ; Suarcz prétend que, pour la production du corps sous les espèces, il est nécessaire que la substance du pain soit séparée de sa quantité et des autres accidents ce qui entraîne « connaturellement » sa disparition totale, ibid., disp. V, sect. 6 ; De Lugo estime que le corps du Christ, prenant la place du pain, continue à jouer, à l'égard des espèces sacramentelles, le rôle de substance-sujet qui appartenait au pain, ibid., disp. VII, sect. vi, n. 89, et vu n. 118 sq. Cette explication est assez voisine de celle qu’adopte Grégoire de Valencia assignant au corps du Christ un rôle identique à celui de la substance du pain, en tant que l’un et l’autre sont en relation immédiate, conjunclio prima, avec les accidents pour être par eux situés en un lieu déterminé. Id., disp. VI, q. iii, punct. 3. Enfin Bcllarmin se contente d'établir le lien dans la volonté divine ; Controv. De sacratissima eucharistia, t. III, c. xvin. Pour plus de détails sur ces auteurs, voir Pkcirelll, op. cit., p. 157-173.

Conclusion.

Aucune des théories précédentes

ne peut, au nom de la foi, être réprouvée. Liberté est donc laissée au théologien de s’attacher à celle qui lui plaît. Il est cependant permis de se demander si l’opinion des anciens, reprise par Billot, n’est pas plus conforme aux déclarations du concile de Trente et aux exigences de la raison. Au premier abord, la destruction du pain, l’adduction ou la reproduction du corps du Christ semblent plus accessibles à notre Intelligence que cette « conversion admirable et singulière » de toute une substance en une autre substance préexistante. Mais quand, après mûr examen des difficultés et peut-être des Contradictions qui leur sont inhérentes, on est enclin a penser qu’il vaut mieux s’en tenir à la formule d’apparence plus modeste, en réalité plus profonde, de saint Thomas, mystère pour mystère, il vaut mieux prendre celui où la raison croit ne pas rencontrer de contradictions formelle*.

Pour la bibliographie, on se reportera à Eucharistie. Toutefois, pour la controverse scolastique exposée spécialement ici, on consultera :.1. Piccirelli, S. J., Disquisitio dogmatica-critica-scholastica-polemica de catbalico iniellectu dogmatis transsubstantiationis, Naples, 1912 ; L. Billot, De Ecclesiee sacramentis, t. i, 6e éd., Rome, 1924 ; M. de la Taille, Mijsterium ftdei, 2° éd., Paris, 1924, elucid. l ; Puig de la Bellacasa, De transsubslanlialione secundum S. Thomam, Barcelone, 1926 ; A. d’Alès, De ss. eucharistia, Paris, 1929, p. 91 sq. ; Cachia, O. P., De natura transsubstantiationis juxta S. Thomam et Scotum, Rome, 1929. On a fait abstraction de la conception cartésienne ; sur ce point, voir l’art. Descartes, t. iv, col. 555-560.

A. Michel.

    1. TRAVERS Nicolas##


TRAVERS Nicolas, ecclésiastique français (1674-1750). — Né à Nantes, le 10 août 1674, il fit ses études au collège des oratoriens de cette ville ; entré au séminaire, il suivit les cours de philosophie et de théologie des mêmes religieux. Ordonné en 1702, il fut prêtre de chœur à l'église de Saint-Saturnin, dont le curé, Jean Litoust, était son ami intime ; en 1714, il devint vicaire à Héric, puis à Treillères, enfin il revint à Saint-Saturnin, où il resta jusqu'à la mort de son ami, en 1729. Depuis longtemps déjà, à la suite de ses maîtres, il avait pris parti contre la bulle Unigenitus et il avait fait appel le 17 mars 1717, avec les oratoriens et quelques curés de Nantes. La publication de son livre, la Consultation souleva de violentes polémiques. L'évêque de Nantes, Mgr de Sanzay, condamna le livre de Travers et, le 27 novembre 1745, obtint une lettre de cachet qui ordonnait à celui-ci de se retirer au monastère des augustins de Candé ; après la mort de Mgr de Sanzay, une nouvelle lettre de cachet, en date du 12 décembre 1747, le transférait chez les cordeliers deSavenay ; il y arriva le 26 janvier 1748 ; puis il fut libéré, le 21 juin 1748 ; il revint rue de Saint-Léonard, et c’est là qu’il mourut le 13 octobre 1750.

Travers s’occupa d’abord d’archéologie locale et entretint une correspondance suivie avec des érudits bretons ; il écrivit une Histoire abrégée des évêques de Nantes, qui fut publiée dans la Continuation des Mémoires d’histoire et de littérature de Desmolets et Goujct, t. vii, Impartie, Paris, 1729, p. 241-428. C’est une esquisse de l’Histoire civile, politique et religieuse de la ville et du comté de Nantes, restée longtemps inédite et publiée en 3 vol. in-4°, Nantes, 1836-1841. Travers a aussi écrit la Vie de M. Litoust, curé de Saint-Saturnin, 1729.

Mais c’est surtout par ses ouvrages de théologie et de droit canon que Travers attira l’attention. Le premier en date, qu’il reprit et compléta, a pour titre : Consultation sur la jurisdiclion et approbation nerrssaires pour confesser, renfermée en sept questions, lesquelles sont discutées exactement, suivant le droit, les canons, les conciles, les st/nodes, les rituels, les mandements et lettres pastorales de plusieurs éveques, les canonistes, les jurisconsultes, les théologiens, les décrets, constitutions et brefs de plusieurs papes et les décrets de la faculté de Paris, in-4°, s. I., 1734. Ce livre contient des affirmations surprenantes : ainsi la validité du sacrement de pénitence ne dépend point de la juris diction, car le prêtre, par l’institution de Jésus-Christ lui-même, a le pouvoir de lier et de délier les fidèles. Cet écrit fut condamné par I.anguet de (", . rp : y. arche vêque de Sens, dans son mandement du 1° mai 1735, el par une lettre pastorale de l’archevêque d’F.mhrun, dH P r octobre 1735. La Faculté de Paris, par une censure du 15 septembre 1735. qualifia sévèn ment l’ouvrage. Enfin le P. Bernard d’Arrai attaquai ! l'écrll dan l’opuscule Intitulé : L’ordre de l'Église ou la primauté et la subordination selon saint Thomas, in-12.

Pari. 1735 i Mémoire » de Trémux, oct 1740, p 20n12000). Le Conseil d'Étal supprima cet ouvrage par an

arrêt du 28 juillet 1736. Tia de se justifier