Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/652

Cette page n’a pas encore été corrigée
1289
1290
TRADITION. PÈRES GRECS DU V°-VIIIe SIÈCLE


col. 1925 AB. Aucune contradiction n’est possible entre les Pères : vouloir en trouver, c’est aller contre leur gloire et contre l’autorité de saint Paul, du Christ et du Saint-Esprit, parlant par saint Paul. Cf. Eph., v, 1112. Qui ne reçoit pas les Pères illustres et reconnus dans l’Église résiste à l’ordre établi par Dieu. Adv. nestor, proœm., col. 1308, 1309. Les Pères ne peuvent se contredire : c’est qu’ils ne parlent pas d’eux-mêmes, mais que l’Esprit du Père parlait par eux. Ibid., col. 1356 A. En magnifiant le concile de Chalcédoine, Léonce exalte le destructeur de l’impiété, le pape Léon qui a vaincu le renard Eutychès. Adversus incorrupticolas, col. 1381 A.

Léonce a cullivé lui aussi les florilèges patristiques. Les citations de Pères émaillent ses œuvres authentiques. On doit citer aussi le dossier patristique établi contre les monophysites, dans un ouvrage d’authenticité plus que douteuse, mais où se reflète la pensée de Léonce. Contra monophysitas, t. lxxxvi b, col. 18171877. Dans V Adversus fraudes apollinaristarum, l’auteur a pareillement relevé avec abondance les faux établis par les apollinaristes pour appuyer de l’autorité des Pères leur hérésie. Ibid., col. 1948 sq.

4. Saint Maxime le Confesseur.

Il a laissé de véritables études patristiques. C’est surtout au commentaire des œuvres de Denys le Mystique (pseudo-Aréopagite ) et de saint Grégoire de Nazianze qu’il s’est appliqué. Voir ici, t. x, col. 450. Mais les simples écrits de controverse montrent quel respect professait Maxime pour l’autorité des Pères, tout au moins de ceux qu’il appelle « les saints et éprouvés initiateurs (mystagogues) de l’Église ». Opusc. nveufiocTixoç -ôu-oç, P. G., t. xci, col. 177 A. Cf. Opusc. De qualitate, proprie.tate, differentia, col. 253 C. Il faut donc croire « comme les Pères l’ont défini ». Opusc. Ad orthodoxos, col. 269 B. Est à rejeter toute doctrine contraire aux doctrines pieuses des saints Pères, est à retenir au contraire toute doctrine conforme aux dires des saints Pères de l’Église catholique et aux décrets des cinq conciles œcuméniques. Ad catholicos per Siciliam constilulos, col. 128-129 A. Voir également sur l’autorité des Pères, Theodori bijzantini monothelitæ quiestiones cum Maximi solulionibus, col. 217 sq., et Tomus dogmaticus ad Marinum presbyterum, col. 228 sq. Les florilèges patristiques sont nombreux : citons les principaux : Ex quæslionibus a Theodoro monacho proposais, col. 276 sq. ; Diversæ definitiones SS. Patrum de duabus operationibus Domini, col. 280 sq. ; et surtout Disputatio cum Pyrrho, col. 300 sq.

Ces dossiers patristiques, provoqués par la controverse monothélite devaient avoir leur répercussion au VIe concile œcuménique. Au dire de Sergius, le patriarche Menas avait autrefois réuni des textes en faveur d’une seule volonté en Jésus-Christ. Mansi, Concil. , t. xi, col. 532 A. Ce qui est certain, c’est que le patriarche d’Antioche, Macaire, présenta au concile de 680 trois recueils de ce genre. Mansi. ibid., col. 320 C. Maxime opposa le sim, Opusc. rive’ju.aT’.v.o< ; t6|xoç y.-ix SoY|i.aTivc61 ;, dans P. (’, ., t. xci, col. 153184, puis les levais présents, dans la x’session. Mansi. t. xi, col. 392 1). « Tous ces faits, conclut à bon droit Tixeront, montrent surabondamment l’importance qu’avait prise, depuis le v siècle, la preuve tirée des Pères consul’n. comme docteurs et comme organes de la tradition ecclésiast Ique. Op. rit., t. iii, p. 9.

Saint Jean Damtucine. — Très nettement, Jean Damascène reconnaît comme sonne de la révélation, non seulement l’Écriture, mais la tradition non écrite : dit-il, nous ont transmis beaucoup de choses qui n’ont pas été écrites, -’, '//> >--.nvpéScoxav. ! >< fidr orth., l. IV, c. xii. P. <L, t. xciv,

col. 1136 B, Mais, s’il parle des traditions, il parle

aussi de la tradition, c’est-à-dire de l’enseignement de l’Église : « Celui qui ne croit pas selon la tradition de l’Église catholique…, celui-là est un infidèle. » Ibid., t. IV, c. x, col. 1128 A. Plus loin, notre auteur apporte une raison d’ordre naturel qui explique la nécessité d’une tradition dans l’enseignement doctrinal religieux. Il fait remarquer, à propos des saintes images, que tous les fidèles ne savent pas lire, ou n’en ont pas le temps ; les Pères ont donc estimé qu’une représentation figurée serait un commentaire plus rapide des mérites de la passion. C’est là une tradition qui n’est pas exprimée dans l’Écriture. Et il y en a d’autres, comme de se tourner vers l’Orient pour prier, de vénérer la croix, etc. Comme fondement scripturaire, il indique II Thess., ii, 14. Ibid., c. xvi, col. 1172 C-1173A.

La même argumentation en faveur de la tradition qui a institué le culte des images se retrouve dans les trois discours De imaginibus : Voir orat., i, n. 23, col. 1256B, où le Damascène apporte à l’appui de ses affirmations le célèbre texte de saint Basile, retenu au concile de Trente (voir ci-dessus, col. 1282) ; orat. ii, n.16, 20, 23, col. 1301 C, 1305 B, 1312-1317. En faveur des images, Damascène a réuni tout un dossier patristique, Orat., iii, n. 3, col. 1360-1420 ; cf. Cont. Jacobitas, col. 1485-1501. C’est aussi sur la tradition que Jean fonde la croyance à l’assomption de Marie. Hom. in dormilionem B. V. M., hom. ii, n. 18, t. xevi, col. 748.

Comme ses prédécesseurs, Jean exalte l’autorité des Pères et paraît même parfois leur attribuer une véritable inspiration divine, garante de leur véracité. Les Pères sont Osottveucttoi. ou 0s6cpopoi : « C’est par le Saint-Esprit, écrit-il, qu’ont parlé la Loi, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les docteurs, 7rotji.éve( ; xocl SiSâa/taXoi. » De fide orth., t. IV, c. xvii, col. 1176 B. Mais on a observé ici même, voir t. viii, col. 715, et à juste titre, que « quand on y regarde de près, on voit que cette sorte d’inspiration est accordée non à un Père en particulier, mais au chœur des Pères, c’est-à-dire au magistère (ordinaire) de l’Église pris dans son ensemble. Bien que les Pères, en général, ne se contredisent pas, « car ils ont été participants d’un même Esprit-Saint », De imag., orat. ii, n. 18, col. 1305 A ; cependant l’un d’eux en particulier peut se tromper et, à propos d’un texte d’Épiphane qu’objectaient les iconoclastes. Jean cite le proverbe : "Une hirondelle ne fait pas le printemps. » De imag., orat. i, n. 25, col. 1257 BC.

Avec nombre de ses prédécesseurs, Jean Damascène reconnaît le progrès dogmatique, tout au moins dans la meilleure élaboration des formules. Tous les mots ne peuvent se trouver dans l’Écriture et il a bien fallu chercher des expressions adéquates aux idées qui s’y rencontrent. « Nous anathematisons ceux qui ne veulent pas recevoir cette terminologie nouvelle. » De imag., orat. iii, n. 11. col. 1333 BC.

Mien quc pour Jean, les Pères soient les vrais maîtres de la pensée chrétienne, le Damascène continue Léonce de Byzance dans l’adaptation de la métaphysique aux conceptions dogmatiques, spécialement trinit aires et christologiqucs. C’est là aussi un moyen de progrès dans l’explication du dogme, moyen qui aura sou plein épanouissement à la scolaslicpie du Moyen Age et qui est une forme des manifesl al ions de la tradil ion.

6. Les Chaînes, Avant de terminer celle in

galion chez les Pères grecs, il faut noter un genre spécial de littérature religieuse, par où se manifeste le

respect des l’eres : les chaînes bibliques. Les chaînes sont des éditions du texte même (le la Bible, I n marge

desquelles on a transcrit) en guise de commentaire perpétuel, des citations des saints l’eres. Ce genre de

littérature a fleuri suri oui chez les Byzantins ; mais on