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TRADITION. PÈR’ES GRECS DU V*-VTIF SIÈCLE


Pères qui nous ont enseigné a croire ainsi. Col. 13 AB. Le même argument de tradition est employé contre Nestorius : « La tradition de la foi, tugteoç TcapâSomç, dit-il, répugne sur ce point à ton assertion.. Nous avons appris à admirer, non un homme porteur de la divinité, mais un Dieu fait homme ; toi, tu parles fort différemment. > Adv. Nestorium, I, c. ii, P. G., t. lxxxi, col. 28 D. Les nestoriens corrompent la foi qui nous a été transmise ; ils font usage de termes suggérés par le dragon infernal qui leur communique son venin et leur apprend à mépriser non seulement la tradition de ceux qui ont été chargés d’enseigner les saints mystères au monde, mais encore l’Écriture elle-même, introduisant selon leur bon plaisir des doctrines nouvelles et niant la maternité divine de la sainte Vierge. Quod unus sit Christus, P. G., t. lxxv, col. 1257 BC.

Cyrille nous garantit la véracité de l’enseignement des Pères, car le Saint-Esprit parle en eux, XaXouvroç êv aùroîç toû àvîou IïveûjvaTOÇ, Adv. Nestorium, t. IV, c. ii, P. G., t. lxxxi, col. 176. On trouve un écho de cette assertion dans les actes du concile d’Éphèse lui-même, voir plus loin, col. 1302. Mais si les Pères nous enseignent ôpOciç te xod àTCÀavwç, ils forment aussi dans l’Église une succession ininterrompue dans laquelle saint Cyrille se place lui-même en tant qu’évêque. In ps. explanatio, ps. xlii, ꝟ. 13, P. G., t. lxix, col. 1068.

Cyrille constitue aussi des dossiers patristiques pour appuyer sa défense du Geotôxoç contre Nestorius. Deux ouvrages renferment des recueils de citations patristiques proprement dites. Un premier dossier avait été composé en vue du concile et fut lu à la première session. Voir Mansi, Collect. concil., t. iv, col. 1183. On le trouve reproduit en grande partie dans le De recta fide ad dominas, c. x. Cyrille cite le pseudo-Athanase (en fait Apollinaire), Atticus de Constantinople, Antiochus de Ptolémaïs, Amphilochius d’Iconium, Ammon d’Adrianopolis, Jean Chrysostome, Sévérien de Gabala, Vital (évoque apollinariste), Théophile d’Alexandrie, P. G., t. lxxvi, col. 12121221. Un autre dossier se trouve inséré dans la défense des anathématismes, Apologelicus contra Orientales, ibid., col. 316 sq. Cyrille s’efforce d’y justifier un certain nombre de ses expressions qui choquaient les Orientaux, et il apporte pour sa défense des citations patristiques : Pierre d’Alexandrie, Athanase, Amphilochius d’Iconium, dans la défense du premier anathématisme ; Atticus deConstantinople, pseudo-Jules (Apollinaire), pseudo-Félix (Apollinaire) pour le ive ; pseudo-Athanase (Apollinaire) pour le viiie ; Athanase pour le xie ; Grégoire de Nysse, Basile, Athanase pour le xiie, et neuf citations de Nestorius. Cf. J. Mahé, Les anathématismes de saint Cyrille d’Alexandrie et les e’vêques orientaux du patriarcat d’Antioche, dans la Rev. d hist. eccl., juillet 1906, p. 505-542. Voir ici, t. iii, col. 2491, 2493. L’insertion de plusieurs textes apollinaristes dans ces dossiers ne diminue pas la valeur de l’ensemble au point de vue de l’autorité de la tradition. D’ailleurs, Cyrille utilise la même méthode, soit dans le Thésaurus assertionum de sancta Trinilate, t. lxxxv, col. 9-656, soit encore en matière philosophique, dans le Contra Julianum, où l’on rencontre fréquemment des citations d’Aristote, de Platon, d’Alexandre d’Aphrodisias, de Porphyre, d’Hermès Trismégiste, de Plotin, de Pythagore, de Xénophon, de Plutarque, d’Homère, d’Hésiode, de Pindare, de Sophocle, d’Euripide, d’Hérodote, etc. Voir ici t. iii, col. 2496.

2. Théodorel, quoique d’une école à tendances opposées à celles de Cyrille d’Alexandrie, est aussi un défenseur de l’argument de tradition, qu’il utilise même parfois contre Cyrille. Transmise par lettre aux absents, la doctrine est communiquée par la prédication aux présents, et cette tradition constitue une règle

doctrinale. Ainsi interprète-t-il II Thess., ii, 14, P. G., t. lxxxii, col. 668 C. Il ne suffit donc pas de garder les Écritures, Eranistes, dial. I. P. G., t. lxxxiii, col. 48 AB. Pour conserver l’harmonie, l’orthodoxe doit encore garder l’à7ro<iToXi.xr ( v StSaoxaXîav. Col. 32 AB.

Dans sa lettre lxxxix à Florent, Théodoret a tracé en raccourci l’aspect complexe de l’argument de tradition : « C’est l’enseignement dogmatique des apôtres, conservé intact jusqu’à ce jour et qui nous est transmis non seulement par les prophètes et les apôtres, mais encore par tous les interprètes qui se sont succédé : Ignace, Eustathe, Athanase, Basile, Grégoire, Jean (Chrysostome) et les autres lumières du monde (chrétien) et avant tout par les Pères réunis à Nicée, dont nous conservons intacte la confession de foi, comme un héritage paternel. » Epist., lxxxix, P. G., t. lxxxiii, col. 1284 C. On trouve une pensée analogue dans Y Epist. cli, col. 1440 AD, avec l’explication de la raison pour laquelle nous devons nous en rapporter aux Pères : c’est que la grâce de l’Esprit-Saint leur donne de pénétrer les profondeurs de l’Écriture inspirée. Dans VEranistes, dial. I, Immutabilis, était invoquée la même raison pour les apôtres et les évangélistes. T. lxxxiii, col. 40 CD.

Sur l’autorité des Pères chez Théodoret, voir aussi : Epist., cxlv, où sont encore cités un certain nombre de Pères, y compris « le très saint Léon qui gouverne actuellement la grande Borne et répand la lumière des vrais dogmes depuis l’Occident », P. G., t. lxxxiii, col. 1384 CD, et la lettre des évêques d’Egypte rapportée dans VHist. eccl.. t. IV, c. iii, t. lxxxii, col. 1125.

A l’instar de Cyrille, Théodoret ne se contente pas d’invoquer en général la pensée des Pères, il constitue des dossiers patristiques pour les utiliser dans les controverses. A Éphèse, les évêques orientaux avaient composé contre Cyrille un dossier qu’ils ne purent utiliser immédiatement, mais qui a passé en partie dans VEranistes. Cet ouvrage en contient d’ailleurs trois contre les monophysites, un dans chaque dialogue. Dans le dial. I, Immutabilis, est invoquée l’autorité des anciens docteurs de l’Église pour l’interprétation du f. Et verbum caro factum est. À côté des noms d’Athanase, de Jean (Chrysostome), d’Ignace d’Antioche, d’Irénée, d’Hippolyte, de Méthode, d’Eustathe, de Basile, des deux Grégoire (Nazianze et Nysse), de Flavien, d’Amphilochius, d’Apollinaire même, on trouve celui d’Ambroise de Milan. P. G., t. lxxxiii, col. 73 sq. Dans le second dossier, du dial. II, Inconfusus, quelques nouveaux noms s’ajoutent à cette liste vénérable : ceux de Théophile d’Alexandrie, de Cyrille de Jérusalem, d’Antiochus de Ptolémaïs, d’Augustin, de Sévérien, d’Atticus de Constantinople, de Cyrille d’Alexandrie. Ibid., col. 169 sq. Le troisième dossier, appartenant au dial. III, Impatibilis, apporte encore quelques noms nouveaux : Damase, Gélase de Césarée, Éusèbe d’Émèse. Ibid., col. 284 sq.

3. Léonce de Byzancc.

L’Écriture, inspirée tout entière, dit-il, est la règle de notre foi ; mais les Pères sont les interprètes de l’Écriture et l’Église garde, sans l’augmenter ou le diminuer, le dépôt de la foi transmis par les apôtres et les Pères. Adv. nestor., t. III, P. G., t. lxxxvi a, col. 1384 A. On ne saurait supprimer les passages des Pères reçus dans l’Église ; il faut au contraire s’attacher à leurs saintes paroles, se garder des fausses interprétations, surtout quand les hérétiques prennent les paroles dont ils se sont servis, en leur donnant un sens différent. Solutio argum. Severi, P. G., t. lxxxvi b, col. 1929 AB. Bègle à observer surtout quand il s’agit d’expressions dont les Pères se sont servis en parlant plus librement, mais qu’on ne peut garder dans la terminologie dogmatique. Ibid.,