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TRADITION. CONTROVERSISTES DU III^ SIÈCLE


par Etienne la tradition d’autres Églises, notamment de l’Église de Jérusalem. Voir t. v, col. 2252.

d) Enfin, Denys d’Alexandrie a été également mêlé à la même controverse. Voir t. iv, col. 427. Distinguant le principal de l’accessoire, il fait appel à l’enseignement et à la tradition du Seigneur, à la pratique des apôtres et des évêques qui leur ont succédé jusqu’à présent, pour proclamer la nécessité de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Lettre à Xyste, en arménien, trad. Gonybeare, dans The English historical review, t. xxv, 1910, p. 113. Quant à l’accessoire — s’il faut recevoir à la communion ceux qui ont été baptisés dans l’hérésie — c’est là une question particulière sur laquelle il n’y a pas d’enseignement apostolique et que chaque évêque résoudra en consultant sa conscience. Lettre à Etienne (en arménien), trad. Conybeare, ibid., p. 112-113.

e) Novatien n’a pas été mêlé à la controverse baptismale ; mais, dans une lettre adressée à Gyprien, au nom de l’Église de Rome, il note l’aspect traditionnel et apostolique de la foi et de la discipline des Romains pour justifier les décisions arrêtées au sujet des lapsi. Dans Cypriani opéra, Epist., xxx, 2, t. ii, p. 530. Ailleurs il insiste sur « l’Esprit, grande force de l’Église, qui explique la règle de foi, qui empêche de proférer des paroles contraires aux Écritures et garde intacts et entiers dans les autres les droits de la doctrine du Seigneur ». De Trinitate, n. 29, P. L., t. iii, col. 944.

f) Chez d’autres auteurs nous pouvons glaner quelques assertions concernant « la foi reçue dès le début », « transmise et conservée dans la catholique et sainte Église », » annoncée jusqu’à ce jour par succession à partir des bienheureux apôtres, témoins oculaires et serviteurs du Verbe ». Epist. orthod. episc. (contre Paul de Samosate), dans Reliquiæ sacræ de Routh, Oxford, 1856-1858, t. iii, p. 289-290. Le texte de la lettre dans Loofs et dans Bardy, voir ici l’art. Paul de Samosate, t.xii, col. 47. Sur l’authenticité de cette lettre, voir Bardy, Paul de Samosate, Louvain, 1923. — Une simple allusion à la tradition dans VAdversus aleatores ; les évêques y sont décrits comme les pasteurs des brebis spirituelles » ; Ils obtiennent par la bonté de Dieu « la conduite de l’apostolat » ; ils occupent « le siège et la place du Seigneur », ils possèdent « l’origine de l’apostolat authentique sur lequel Dieu a fondé son Église ». Ado. aleatores, n. 1, dans Cypriani opéra, édit. Hartel, t. iii, p. 93. Le texte fundavit Ecclesiam in superiore nostro, presque inintelligible, a donné lieu à des interprétations diverses. Voir Batiffol, L’Église naissante, p. 435, n. 2. Les évêques sont les dispensateurs et les procurateurs de l’Évangile. N. 3, p. 95. — Quant à la Didascalic des apôtres, elle considère l’évêque comme prophète, docteur, roi des fidèles, médiateur, ministre du Verbe. Il est comme « la bouche, de Dieu », et les fidèles doivent le vénérer comme un père, un seigneur, un dieu, après le Dieu tout puissant, ix, trad. Nau, p. 81-92 ; cf. vii, 24, id., p. 63. C’est donc ici le pouvoir épiscopal, doctrinal, aussi bien que disciplinaire, qui est mis en relief.

II. RAPPORTS DE L’ÉCRIT VRK ET DM LA TRADI-TION CHEZ LES PÈRES DES IW ET IV* SIÈCLES. —

1° Les controversistes du iiie siècle. — L’exposé qui précède montre tout d’abord que les Pères controversistes subordonnaient plus ou moins l’Écriture à la tradition. Cela, sur quatre points.

1. Sans la tradition, l’Écriture ne peut maintenir ni défendre la foi. — C’est surtout chez Tcrtiillien et Irène.’qu’on trouve cette assertion. Pour Irénée, une

Ïucrelle ne peut cire apaisée qu’en recourant aux ! glises apostoliques, où les apôtres ont vécu. Même si les Ecritures n’existaient pas, on pourrait peut-être suivre, l’ordre de la tradition qu’ils ont transmise à "iix auxquels ils confiaient les Églises. Cont. har.,

III, iv, 1, P. G., t. vii, col. 855 B. L’auteur ne nie pas pour autant l’utilité de l’Écriture ; mais son affirma tion n’est pas non plus une simple hypothèse, elle exprime une vérité dont la réalisation a pu se rencontrer dans des nations barbares que n’a pas touchées l’Évangile. Col. 856 AB.

Quant à Tertullien, la discussion des textes seripturaires lui semble peu susceptible de résoudre les difficultés ; elle cause à l’homme indécis plus de mal que de bien et le laisse ignorant de ce qu’est l’hérésie. De præscr., xvi, xvii, xviii, P. L., t. ii, col. 29 AB, 30 A, 30 B.

2. Par elle-même, l’Écriture ne saurait établir ses parties canoniques ; ainsi, la tradition est-elle le meilleur critère de la canonicité d’un livre. — « Seul est vrai l’évangile tel qu’il a été transmis par les apôtres et conservé depuis eux, celui qui ne contient ni plus ni moins que ce qui a été rapporté jadis, dont les évêques orthodoxes ont consenti le texte écrit, sans addition ni suppression. » Irénéc, Fragm. arménien, vi, P. O., t.xii, p. 737 ; cf. Cont. hær., III, xi, 9, P.. G, t. vii, col. 891 B.

Tertullien considère l’Écriture comme une partie du dépôt apostolique, propriété exclusive des Églises. De præscr., xxxvii. C’est vrai des évangiles, Adv. Marc, iv, 5, t. ii, col. 366-367, de l’Apocalypse, ibid., col. 366, de l’épître aux Éphésiens, v, 11, 17, col. 500 B, 512 B ; mais non de l’épître aux Laodicéens, ibid., ni du Pasteur d’Hermas. De pudicitia, x, ibid., col. 1 000B ; xx, col. 1921 A.

Au nom du même principe, Sérapion d’Antioche récuse l’évangile de Pierre ; voir Eusèbe, Hist. eccl., VI, xii, P. G, , t. xx, col. 545 A ; Clément d’Alexandrie, un texte de l’évangile selon les Égyptiens, Slrom., III, xin, 91, P. G., t. viii, col. 1193B. Dans ses Hypolyposes, ce dernier auteur recueille avec soin les dires des anciens touchant l’origine et l’ordre des évangiles et d’autres écrits apostoliques. Cf. Eusèbe. Hist. eccl., VI, xiv, P. G., t. xx, col. 519 sq.

On sait combien Origène s’attache à l’autorité de l’Église. Or, l’Église seule a reçu la transmission des livres saints. Les livres authentiquement divins sont « les Écritures reçues comme divines dans les Églises. universellement reconnues », ypaçaî çpEpôjjisva’. èv Ta7ç èxxXTjaîan ;, In Joann. comm., tom. i, 4, P. G., t. xiv, col. 28 A ; Cont. Celsum, VI, 21, 36, t. xi. col. 1322 B et 1352 C ; In Mallh. comm., tom. xiv, 21, t. xiii, col. 1240 C ; ypaçal èv èxxX-/) jioaç ôeïoa elvai 7T£7riCTT£U(jLévai, In Joann. comm., i, 4, t. xiv, col. 28 A ; Cont. Cels., III, 45 ; V, 55, t. xi, col. 977 B. 1269 A ; ypaq)’» ) 6(xoXoyou(jiév7), In Malth. comm., tom. xiv. 21, t. xiii, col. 1240 C ; xvii, 35, irf., col. 1593 C ; In Heb., nom., dans Eusèbe, Hist. eccl., VI, xxv, 12, P. G., t. xx, col. 580 sq. Seule l’Église peut faire la discrimination des évangiles sacrés : Ta 8è Téaaapa |zova 7rpoxpîvei i] toû 0eoG ftxxXTjola. Cf. In Luc, hom. i, dans Corpus de Berlin, t. xxv, p. 3-5. A propos de l’histoire de Suzanne. Origène fail observer à Jules l’Africain que bien d’autres parties des Écritures reçues dans les Églises ne figurent pas dans le texte hébreu. P. G., t. xi, col. 48 li.

Denys d’Alexandrie n’ose nier l’authenticité de l’Apocalypse malgré les difficultés de la eriliquc contre ce livre et ce en raison de l’acceptation qu’en oui faite les Églises. De. promiss.. 3-5, dans Eusèbe, Hist. eccl., VII, xxv, 2, P. G., t. xx, col. 696 sq.

3. La tradition est nécessaire à lu tatne Interprétation des Écritures. — L’interprétation des hérétique fantaisiste ; ils transfèrent dans leur système, intt fkim e,

les paroles de l’Ecriture. Cont, hirr., III. i..’!. P'. t. vii, col. 919B ; I, i. 3, col. 452 A ; cf. I. in.i. : mu. 1 ; ix, 1, 2, 3, col. 477 H, 521 A. 537 A. 540 A, 54 I A. etc. S’il est des choses obscures dans l’Écriture, il <’ii Ml