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TRADITION. PREMIERS PÈRES


mengeschichtlich), dans Die Religion in Geschichte und Gegenwart, t. v, col. 1249-1250.

Les mots 7rapâSocrtç et TOXpaSiSôvai, que la théologie postérieure consacrera pour désigner cet enseignement oral, sont d’un usage encore peu fréquent dans la théologie des deux premiers siècles. Le mot xapâ-Soaiç surtout ne se lit que quatre fois dans les écrits des premiers Pères : Justin, Dial., 38, P. G., t. vi, col. 557 B ; Tatien, Adv. Greecos, xxxix, ibid., col. 881 BG ; Clément d’Alexandrie, faisant allusion à un passage de l’apocryphe Prédication de Pierre, Strom., VI, v, P. G., t. ix, col. 260A. Seule la / » démentis, vu, 2, l’applique à l’enseignement chrétien : ô… tyjç roxf. aSôcecoç yjjzojv xavcôv, / Cor., xix, 2 ; cf. ii, 2 ; xxxi, 1 ; xxxii, 4 ; l, 2, dans Funk, Patres aposlolici, t. i. Sur cette formule, voir Batiffol, L’Église naissante, 11e édit., Paris, 1927, p. 150-151 ; Harnack, Einjùhrung in die alte Kirchengeschichte : Das Schreiben der rômischen Kirche, Leipzig, 1929, p. 108.

Le verbe 7rapaSiS6vai est plus employé, mais sans signification bien caractérisée. On le trouve surtout chez Justin ; Apol., i, 53 ; cꝟ. 60 ; Dial., 42 (enseignements des prophètes et des Écritures anciennes) ; Apol., i, 49 ; cꝟ. 66 (doctrine des apôtres) ; Apol.. i, 6 (instruction des chrétiens) et surtout Dial., 49 ; cꝟ. 41, 70 ; Apol., i, 66 (enseignement transmis du Christ), P. G., t. vi, col. 408 AB, 420 A, 565 A, 401 A, 428 C, 337 A, 584 AB, 564 B, 640 B, 428 C. Voir aussi la Prédication de Pierre, citée par Clément d’Alexandrie, Strom., VI, v, P. G., t. ix, col. 261 A. Un sens général se dégage toutefois de ces textes, celui d’un enseignement soit oral, soit écrit. Le sens précis d’enseignement oral ne se trouve que chez Polycarpe, PhiL, vii, 2, où l’auteur oppose aux fausses interprétations des logia du Sauveur « la parole transmise dès le début », tov ï’z, àpyr^c ; roxpaSoOévTa Xôyov.

Quand à l’idée de tradition, elle apparaît déjà nettement « sous le triple aspect de dépôt transmis, de magistère vivant et de transmission par succession. Voir Damien van den Eynde, Les normes de l’enseignement chrétien dans la littérature palristique des trois premiers siècles, Gembloux-Paris, 1933, p. 53.

1. La Didachè.

Le titre seul et le début de ce petit traité indiquent un dépôt provenant des apôtres ; c’est « la doctrine du Seigneur (annoncée) aux nations par les douze Apôtres », dépôt que l’on accepte en recevant le baptême, vii, 1, et dont on se sert pour éprouver les prédicateurs itinérants, xi, 1-2. « Quiconque veut détourner du chemin de la Didachè enseigne en dehors de Dieu ». vi, 1. À ce dépôt, la Didachè applique Deut., xii, 32 : « Garde ce que tu as reçu, sans rien ajouter, ni rien retrancher. » iv, 13. Aussi faut-il témoigner une haute estime « à ceux qui enseignent » et se souvenir de ceux qui annoncent la parole de Dieu, xi, 1, 2 ; cf. iv, 1. Dès lors les apôtres doivent être reçus comme le Seigneur, xi, 3, 4-6 ; les prophètes, cf. x, 7 ; xi, 3, 7-11 ; xiii, 1, 3, 6 ; xv, 1, 2, parlent « en esprit », xi, 7-9, et, une fois reconnus comme tels, doivent avoir toute liberté pour accomplir les prières de l’action de grâces, x, 7. La communauté pourvoira à leurs nécessités, car ils sont les « grands-prêtres » des chrétiens, xiii, 1-6 ; elle pourvoira pareillement à celle des docteurs ou didascales, xiii, 2 ; cf. xv, 1. S’il n’y a pas de prophètes pour enseigner, la communauté devra « se choisir des évêques et des diacres, dignes du Seigneur, doux, désintéressés, véridiques et éprouvés », car « ils remplissent, eux aussi, auprès < d’elle) le ministère des prophètes et des docteurs » et ils ont droit au même honneur ». xv, 1-2. Sur les rapports des évêques et des diacres aux prophètes et aux docteurs de la Didachè, voir Évêques, t. v, col. 1663.

De tous ces textes se dégage nettement l’idée d’un

magistère chargé de l’enseignement. Par contre l’idée de succession dans ce magistère ne s’affirme pas avec la même netteté. Au fait, nous sommes encore au premier stade de l’organisation ecclésiastique, dans lequel la hiérarchie locale commence seulement à se substituer à la hiérarchie itinérante des apôtres, prophètes et docteurs. On sent néanmoins qu’un lien intime unit celle-là à celle-ci et, par de la la hiérarchie itinérante qui commence à disparaître, relie la communauté chrétienne au Seigneur lui-même.

2. La I* démentis est très affirmative sur la succession de la hiérarchie, dépositaire de l’autorité des apôtres, investie par conséquent de la double fonction de gouvernement et d’enseignement. Voir Clément, t. iii, col. 53, et Ordre, t. xi, col. 1215. Rappelons les textes importants : « Les apôtres ont été dépêchés comme messagers de la bonne nouvelle par le Seigneur Jésus-Christ. Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu et les apôtres viennent du Christ : ces deux choses découlent en bel ordre de la volonté de Dieu. » xlii, 1, 2. c Munis des instructions de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pleinement convaincus par sa résurrection et affermis dans la parole de Dieu, ils s’en allèrent, avec l’assurance de l’Esprit-Saint, annoncer la bonne nouvelle, l’approche du royaume de Dieu. » xlii, 2. Prêchant (xyipùcrdoviec) donc à travers villes et campagnes, ils éprouvèrent dans l’Esprit leurs prémices et les instituèrent comme évêques et comme diacres des futurs croyants. » xlii, 4. « Prévoyant que des disputes surgiraient au sujet de la dignité de l’épiscopat, ils réglèrent qu’après la mort de ceux qu’ils avaient institués, d’autres hommes éprouvés succéderaient à leur ministère. » xliv, 1-2. « Ainsi ceux qui ont été mis en charge, soit par eux (les apôtres), soit plus tard par d’autres personnages éminents, avec l’approbation de toute la communauté… ne doivent pas être injustement rejetés. » xliv, 3.

Quoi qu’en ait dit Harnack, Das Schreiben der rômischen Kirche, p. 97, et Entslehung und Entwickelung der Kirchenverfassung und des Kirchenrechts, Leipzig, 1910, p. 54, il s’agit bien ici d’une succession apostolique. D’après la / » démentis, les évêques, presbytres et diacres, institués par les apôtres ou ensuite par d’autres personnages éminents, se perpétuent dans l’Église pour y être chargés du gouvernement en général et de la fonction d’enseignement. Leur enseignement forme cette glorieuse et vénérable règle de la tradition dont il est question, vii, 2.

La « gnose » dont, à diverses reprises, parle l’épître, i, 2 ; xxvii, 7 ; xxxvi, 2 ; xl, 1 ; xli, 4 ; xlviii, 5, signifie, à une fois près (xxxvi, 2), un charisme dont l’objet paraît être la pénétration des Écritures ; cf. xl, 1, et xlv, 2. Exprimer la gnose n’est pas autre chose qu’exposer la vérité chrétienne d’une manière savante, en utilisant les Écritures. Mais l’existence d’une telle gnose ne s’oppose pas à l’enseignement doctrinal par la hiérarchie.

3. Le Pseudo-Barnabe, tout comme la Didachè, recommande aux fidèles de « garder ce qu’ils ont reçu, sans rien ajouter, sans rien retrancher ». xix, 11, dans Punk, op. cit. La matière de ce dépôt, c’est la « gnose parfaite ». i, 5. Le terme est fréquent chez Barnabe, i, 5 ; ii, 3 ; v, 4 ; vi, 9 ; ix, 8 ; x, 10 ; xiii, 7 ; xviii, 1 ; xix, 1 ; xxi, 5, et comporte beaucoup de synonymes : sagesse, xvi, 9 (comparez xxi, 5), intelligence des mystères divins, ix, 8, 9 ; cf. ii, 3, et xxi, 5, où sont énumérées 0091a, a’iveo-’ç, , èno-aju ; -/), yvwaf. Et ceci nous amène à retenir, comme ayant une signification identique, les verbes : saoir (èTriaxâaOai), i, 4 ; comprendre (aijviévat), iv. 6 ; cf. vi, 5 ; x, 12 ; connaître (yivcio-xeiv), vii, 1 ; concevoir (voeïv), ibid. ; méditer ((xeXeTâv), iv, 11 ; cf. x, 1 1 ; recevoir des Instruction* (Xau.6dtveiv èv t/j auvéoxi S6yu.aTa), x, 1 ; cf. x. 10 ; voir et comprendre les commandements (voeïv, (}>i-eiv xdeç èv-roXaç), x, 11, 12. Gnose, enseigncment et dix