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TORRES (LOUIS DE) — TOURNELY (HONORÉ)

3. TORRES (Louis de) (Turrianus Complutensis), jésuite espagnol. — Né à Alcala en 1562, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1582, enseigna pendant quarante ans, surtout à Alcala, la philosophie et la théologie. Il mourut à Madrid en 1655.

Son ouvrage le plus connu a pour titre : Disputationes in II* m —Il m D. Thomæ : De ftde, spe, charitale et prudentia, Lyon, 1617 ; De justitia, ibid., 1623. Il publia en outre : Tractatus de gratin, Lyon, 1623 ; Diversorum opusculorum theologiæ tomus unus, Lyon, 1625 (pour le contenu : voir Sommcrvogcl ou Hurter) ; Disputationes de psenitentia, Madrid, 1628 ; Tractatus de censuris et irregularitate, Madrid, 1628 ; Tractatus de augustissimo Trinitatis mysterio, ibid., 1630 ; Summæ theologiæ moratis partes cluse : de virtutibus et vitiis ; de sacramentis et censuris, Lyon, 1634 ; Selectarum disputalionum in theologiam scholasticam positivant et moralem partes duæ, Lyon, 1634. Théologien d’assez médiocre valeur, on lui a reproché à juste titre de condamner trop facilement comme dangereuses les opinions opposées aux siennes, sans se donner la peine de les étudier sérieusement (ainsi, par exemple, de Lugo, De eucharistia, d. XXII, n. 26, etc.). C’est pour cette raison que le Père Général Vitteleschi fit retirer du commerce ses Selectse disputationes.

En 1601, le P. de Torres fit défendre par un de ses élèves, le P. Diego de Onate. la thèse suivante : Il n’est pas de foi catholique que tel homme, par exemple, Clément VIII, est vraiment le successeur de Pierre. On était en plein dans les controverses passionnées De auxiliis. Certains adversaires des jésuites dénoncèrent faussement la thèse comme mettant en doute la légitimité du pape régnant Clément VIII. Le pape ordonna de sévir. En avril 1602, l’Inquisition fit incarcérer l’auteur et le défendant de la thèse, ainsi que le recteur du collège d’Alcala et le P. Gabriel Vasquez ; ces deux derniers furent d’ailleurs rapidement remis en liberté. En 1603, les deux inculpés furent acquittés, après avoir reçu une réprimande.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 129131 ; Hurter, Nomenctator, 3 « éd., t. iii, col. 883-884 ; A. Astrain, S. J., Ilisloria de la Comp. de Jesûs en la aststencia de Espafta, t. iv, p. 316-331, t. v, p. 85.

J.-P. Grausem.

TOSTAT Alphonse, voir Alphonse Tostat, t. i, col. 921-923.

TOTI François († vers 1350), publiciste du parti pontifical sous Jean XXII. Il appartenait à l’ordre des mineurs et sans doute au couvent de Pérouse. Devenu inquisiteur général pour la Toscane, il fut promu évêque de Sarno, en récompense de ses loyaux services, le 15 mars 1333.

Outre un Commentaire des Sentences resté inédit, on connaît de lui un petit traité de polémique religieuse, intitulé Contra Bavarum, qui fut composé, à la demande du légat pontifical Jean Gaétani, pour justifier la cause du pape Jean XXII au moment où Louis de Bavière venait de procédera la déposition de celui —d (18avril 1328). En dehors des invectives qu’il contient contre le Bavarois, cet opuscule est consacré à défendre, non seulement l’indépendance du pape à l’égard de l’empereur, mais encore sa supériorité suivant la formule, alors communément revue, du pouvoir direct : Apud papam réside ! utrlutque potetfatii et jurisdictionis plenitudo ; se.d potntatem tecularem concedit imperatori, TTUdtanU ipso eam eierrrt. sibi ipsi ratn non aufjerendo sed ipsam intègre ne tftU errgnutinnem in certis casibus reservando. Ëdlt. Seholz, p. 70. L’auteur défend cette thèse contre les décret ist es, c’est a dire les canonistes anciens : ce qui prouve combien étaient de fraîche date ses racines dans la tradition. Avec son compatriote et confrère André de Pérouse, voir t.xii, col. 1251, François Toti est un des premiers témoins qui attestent la reprise sous Jean XXII de ces doctrines excessives que firent naître, à la génération précédente, les prétentions antagonistes de Boniface VIII et de Philippe le Bel. Elles allaient trouver dans les attentats de l’empereur un nouvel aliment.

Étude littéraire dans R. Scholz, Unbekannle kirchenpolltische Streitschriften aus der Zeit Ludwigs des Bayern, t. I, Rome, 1911, p. 30-37 et 232-234. Le texte du Contra Bavarum est publié, avec des coupures, au t. ii, Rome, 1914, p. 76-88, d’après le ms. lat. 279ô de la bibliothèque Ottoboni, fol. 160-186. À la suite, sous le titre de Tractatus tertius, ce même ms. contient un opuscule De cessione personali et sedium fundacione seu mutacione, qui est l’œuvre d’Alexandre de Saint-Elpide, t. i, col. 786, et se trouve édité dans Rocaberti, Bibl. maxima pontificia, t. ii, p. 30-40.

J. Rivière.

TOULOUSE (Arnauld de). — Il appartint, comme Gilles de Rome et Jacques de Viterbe, dont il dut être le disciple, à l’ordre des ermites de Saint-Augustin. Après avoir conquis la licence en théologie à Paris, il succéda, sans doute en septembre 1300, à Jacques de Viterbe, comme maître régent dans la chaire de l’ordre. On le trouve, en juin 1303, au couvent de Paris signataire de l’appel au concile. Plus tard, en 1311, il reparaît encore comme un des trois examinateurs des thèses de P.-J. Olieu. Une question disputée par lui voisine (dans le ms. Avignon 1071, fol. 113 sq.) avec des questions d’Eckhart et de Gonzalve, O. M., au cours de l’année 1301-1302 ou 1302-1303. Peut-être aussi faut-il lui attribuer un sermon prêché à Paris le 17 juin 1302.

P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle, t. ii, 1933, notice 403.

P. Glorieux.

TOULOUSE (THÉOLOGIE DE). Voir Théologie de Toulouse, ci-dessus, col. 503.

TOURNAI (Nicolas de). — Théologien de Paris, du début du xiiie siècle. On l’a assez fréquemment confondu avec Nicolas de Gorham ; mais celui-ci est un frère prêcheur, tandis que l’autre est un maître séculier. Il semble qu’il ait enseigné à Paris avant la grande grève scolaire de 1229-1231 et il se peut qu’on doive l’identifier avec le doyen de Tournai dont la présence est attestée en cette ville, de 1230 à 1239.

Il y a lieu d’attribuer à notre auteur (en particulier sur la foi de trois manuscrits de Douai) des Commentaires ou Moralia sur la Genèse, rapportés par cinq mss ; sur l’Évangile de saint Luc (2 mss) ; puis des Distinctiones : de sapientia et lege dominica (dans Douai 434, iii). D’autres Commentaires sur l’Exode, les Proverbes et Judith, que certaines rubriques mettent sous son nom, appartiennent selon toute vraisemblance à Étienne Langton. Un ms. d’Oxford, Magdalen Coll. 168, a conservé quelques sermons de lui.

P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au XIIIe siècle, t. i, 1933, notice 131.

P. Glorieux.

TOURNELY Honoré (1658-1729) naquit à Antilles d’une famille pauvre, le 28 août 1658 ; grâce à un onde prêtre, il lit des études très brillantes â Paris. Docteur en théologie en 1688, il devint la même année professeur de théologie à Douai. Pendant Sont séjour en cette ville, il aurait, dit on. pri-pari à la célèbre mystification connue sous le nom de i fourberie de Douai ». F.n 1692, il revint en Sorbonm. OÙ il enseigna la théologie, avec beaucoup de si, Jusqu’en 1716. Il combattit avec énergie les thèses jansénistes et il travailla activement, en Sorbonne, pour que la Faculté acceptai la condamnation du jansénisme, portée par la bulle Unigenitus. Il mourut