Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/602

Cette page n’a pas encore été corrigée
1189
1190
TOLÈDE (CONCILES DE). CARACTÈRE


Trinité. Cette dernière difficulté devait avoir encore un écho au XV fe concile. On doit noter ici que la réponse des évêques espagnols au pape n’est peut-être pas exempte d’une certaine raideur. Toutefois, les Pères de Tolède savaient que Benoît II était déjà mort au moment où ils approuvaient la réponse de saint Julien. Les successeurs de Benoît, Jean V et Conon, eurent des pontificats trop éphémères pour qu’ils pussent régler les affaires en suspens. Serge I er, élu à l’automne de 687 et sacré le 15 décembre, fit approuver les réponses de Julien dans un synode romain et envoya à Tolède un témoignage de satisfaction qui mit fin au malentendu. Cf. Aigrain, op. cit., p. 258. Voir la note de H. Leclercq rapportant, sur ce sujet, le récit du P. J. Tailhan, Hist. des conc, t. m a, p. 553-556.

Baronius, Annales, an. 688, n. 1-8 ; Labbe, t. VI, col. 12941311 ; Hardouin, t. iii, col. 1759 ; d’Aguirre, t. iv, col. 306317 ; Mansi, t. xji, col. 7 ; Bruns, Bibl. eccles., t. I, p. 353 ; Coleccion…, t. ii, p. 528.

16° Le XVIe concile. — Saint Julien mourut le 4 mars 690 et eut pour successeur l’abbé Sisebert. L’attitude de l’archevêque Sisebert fut en grande partie cause du XVIe concile, lequel se tint le 2 mai 693. Les dernières années du règne d’Egica furent pénibles : une épidémie ravageait la Gaule Narbonnaise ; le royaume était menacé de l’invasion musulmane ; l’archevêque Sisebert, au mépris des canons, avait pris L’initiative de comploter contre le roi et sa famille, probablement pour faire monter sur le trône un de ses parents. La conjuration fut découverte ; les répressions sur les Goths furent sévères, dit V Anonyme de Cordone. L’archevêque Sisebert fut saisi et déféré au concile.

L’assemblée comptait cinquante-neuf évêques de toutes les provinces ecclésiastiques de l’Espagne (deux évêques seulement venaient de la Narbonnaise. en raison de l’épidémie qui y sévissait ; cf. can. 13), cinq abbés, trois représentants d’évêques absents et seize comtes. Le roi y parut en personne et remit aux évêques, selon l’usage traditionnel, le lonuis indiquant les matières à traiter, Zeumer, p. 483 : répandre la foi orthodoxe ; points de discipline dont l’observation laissait à désirer ; soin des églises de campagne, destruction des restes de superstitions païennes et du judaïsme ; punition des pédérastes et de ceux qui conspirent contre le roi et la sûreté de l’État. On trouve à la suite des actes une lettre du roi engageant l’assemblée à punir l’archevêque coupable de lèse-majesté. On voit, par ces seules indications, que l’Espagne souffrait encore de graves misères. L’ignorance du clergé est mise en reli<f par le canon 6 qui interdit aux prêtres de découper une rondelle de mie dans leur pain de ménage pour dire la mess< !

En tête de ses procès-v< rbaux, le concile inséra une profession de foi détaillée, tout particulièrement au sujet du dyothéllsme, Voir plus loin. Le métropolitain révolté fut déposé, excommunié jusqu’à la fin de ses jours, exilé ; Félix, archevêque de Séville, fut transféré à Tolède. Can. 9, 12. Des décisions furent prises relativement aux Juifs.

Muronius, Annales, an. 693, n. 1-6 ; Labbe, t. vi.col. 13271356 ; Hardouin, t. iii, col. 1785 ; d’Aguirre, t. iv, col. 320340 ; Mansi, t. xii, col. 59 ; Coleccion…, t. ii, p. 553 ; linins, lilbl. ccclrs., t. i, p. 301.

17° Le XVIIe concile. — Une conjuration de Juifs

gnols, qui avaient reçu le baptême pour la forme,

fut l’occasion dfl YII° concile. Comparant leur sort

e lui de li urs frèn s d’Afrique, l< tquels pow aient

continuel de pratiquer le Judaïsme sous le joug ri, s

mu aimant, ce » Juifs ourdin rit un complot pour ins li m.’n-régirai i n Espagne wislgotolque : « Tel

était le résultat des innombrables mesures de persécution, qu’il fallait sans cesse renouveler, parce que les plus rigoureuses n’étaient jamais appliquées complètement : les Juifs s’étaient détachés de la patrie espagnole et ne craignaient pas d’y appeler des envahisseurs étrangers. » Aigrain, op. cit., p. 259-260.

Le concile se réunit le 9 novembre 694 dans l’église Sainte-Léoeadie : il comprenait beaucoup d’évêques et de grands du royaume ; mais les noms ne nous en sont pas parvenus. Le tomus du roi dans Zeumer, p. 484. Le canon 1 est une timide réaction contre l’envahissement des conciles par les laïques : désormais les trois premières journées conciliaires seront réservées aux questions de foi et de discipline ecclésiastique ; les laïques n’y seront plus admis. Cf. Magnin, op. cit., p. 61. Les canons 2-6 règlent des points de liturgie. Le canon 5 témoigne d’un curieux abus : le concile interdit de « célébrer désormais des messes de mort pour des vivants afin qu’ils meurent bientôt ». Le canon 7 renouvelle les anciennes lois concernant la sûreté de la famille royale. La répression du complot juif est l’objet du canon 8 : cette répression fut terrible. Le roi confirma les décrets.

Baronius, Annales, an. 694, n. 5-8 ; Labbe, t. vi, col. 13601376 ; Hardouin, t. iii, col. 1809 ; d’Aguirre, t. iv, col. 340350 ; Mansi, t. xii, col. 93 ; Coleccion de canones, t. ii, p. 588 ; Bruns, op. cit., 1. 1, p. 381.

18° Le XVIIIe concile. — Au début du viiie siècle, vers 701, se tint le XVIIIe concile, sous le roi Witiza et sous Gondéric, archevêque de Tolède. Les actes en sont perdus. Cette perte est regrettable, car les actes du concile auraient peut-être permis de reconstituer la véritable physionomie du monarque wisigoth, sur le compte duquel les chroniqueurs se contredisent à plaisir. Sur Witiza, voir H. Leclercq, Hist. des conciles, t. m a, p. 590, note 4 ; Aigrain. op. cit., p. 260-261.

IL Caractère politico-religieux. — Le caractère politico-religieux des conciles de Tolède est déjà manifeste dans la simple esquisse historique qu’on vient d’en faire. Il s’affirme principalement sur deux points : les rapports étroits de l’Eglise et de l’État, la législation politico-religieuse concernant le statut des Juifs.

L’Église et l’État dans le royaume wisigoth.


L’idéal de l’épiscopat espagnol est. dès le début de la monarchie wisigothique, de faire de la nation espagnole une nation chrétienne et de son roi le « Roi catholique ». Déjà, au II concile, alors que le régime arien n’est pas aboli, l’archevêque Montait, dans sa seconde lettre à Turibius, rappelle que ce personnage, étant encore laïque, avait occupé une charge élevé. équivalente à celle de gcuverneur, et qu’il avait détruit le paganisme rt grandement affaibli la secte des priseillianistes. Mansi, Conc, t. viii, col. 1790. La volonté de détruire les derniers vestiges du paganisme est affirmée par les IIP (can. 16) et XIIe conciles (can. 11). Le XVIe concile indique que ces restes de paganisme consistaient à vénért des pi, rres, les arbres, les sources, à allumer des torches, à faire des sortilèges, à exercer la magie, etc. Can. 2.

On a vu comment en 581-582 le roi Léovigild avait favori’é l’hérésie et incité lis « romains » à l’apostasie. La conversion de Reccarède, inoins de huit ans plus tard, devait déjouer ce ; tentatives. C’est autour du mi

et des évêques que la nation va désormais se grouper. Au III’concile. ]< eearè’le converti scelle l’union du pouvoir royal et de l’épiscopat. I’y aura pour ainsi

dire désormais compénétration des deux pouvoirs.

Déjà en Ce concile, le roi intervient à plusieurs n prises pour proposer ou appuyer des canons disciplinaires, can. 1, 5, 14, 16 ; et les évêques sont Invités à surveiller Us juges et lis administrateurs « i « bleui Bi i aux, à