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TIPHAINE (CLAUDE) — TITELMANS (FRANÇOIS)

duirait une seconde personne ; mais, dès là qu’on la dit assumée par le Verbe et donc ne s’appartenant plus à elle-même, on peut, comme on le doit, l’admettre concrète et complète ; on n’y admet pas pour autant une personne humaine : il lui manque ce qui fait, à proprement parler, la personne, d’être elle-même un tout distinct. Le grand mérite de Tiphaine est donc d’avoir su retrouver cette doctrine. Au lieu de s’attarder à discuter des opinions toutes fondées sur des conceptions de la personne purement a priori, il est remonté aux sources de la théologie. Ainsi a-t-il pu ressaisir la pensée dont celle-ci avait vécu aux époques où la question de la personnalité, loin d’être un thème de joutes dialectiques, était l’enjeu même de la controverse entre orthodoxes et hérétiques sur le mystère de l’incarnation. Son œuvre se rattache donc au grand courant de rénovation théologique qui a marqué la première moitié du xviie siècle : elle en est une des manifestations les plus remarquables.

Ellies Du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. xvii, p. 188-190 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. viii, col. 33-34 ; Hurter, Nomenclator…, 3e éd., t. iii, col.951 ; N. Abram, Hist. de l’Université de Pont-à-Mousson, l. VIII, dans A. Carayon, Documents inédits concernant la Compagnie de Jésus, t. xxii, 1820, p. 517-520 ; Cl. Jovene, préface à son édition du De hypostasi et persona de Tiphaine, p. xxii-xl.

P. Galtier.

TIRIN Jacques, jésuite belge (1580-1636). — Originaire d’Anvers, il entra à vingt ans dans la Compagnie de Jésus, fut plusieurs années professeur d’Écriture-Sainte, et exerça ensuite diverses fonctions dans son ordre. Son Commentarius in Velus et Novum Testamentum, Anvers, 1632, 3 vol. in-fol., a eu de nombreuses éditions. La dernière en date et la plus maniable est celle de Turin 1882, en 5 vol. in-8°. Le commentaire sur Tobie se trouve reproduit dans le Cursus Scripturæ sacræ de Migne, t. xii, col. 469-632.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 49-52 ; Hurter, Nomenclator… 3e éd., t. iii, col. 785.

J. de Blic.

TITE (ÉPITRE A). Voir Timothée et (Épîtres à) Tite.

TITE DE BOSTRA, ainsi nommé de cette ville de la province d’Arabie, dont il fut évêque dans la seconde moitié du ive siècle.

De sa carrière on sait seulement les démêlés qu’il eut avec Julien l’Apostat et que Sozomène raconte assez amplement, H. E., V, xv, P. G., t. lxvii, col. 1257 (cf. Julien, Epist., lii), et la part qu’il prit au concile rassemblé à Antioche par Mélèce après l’avènement de Jovien en 363. Tite figure en effet parmi les signataires de la lettre envoyée à l’empereur et dans laquelle les acaciens déclaraient se rallier à l’ὁμοούσιος nicéen. Socrate, H. E., l. III, c. xxv, ibid., col. 453. Saint Jérôme le fait mourir sous Valens, donc avant 378. De vir. ill., n. 102, P. L., t. xxiii, col. 701. Suivant Jérôme, Tite avait composé portes adversum manichæos libros et nonnulla volumina alia. Les « livres contre les manichéens » se sont conservés, partiellement en grec, texte dans P. G., t. xviii, col. 1069-1225 (le texte qui figure dans P. G., de col. 1225 à 1256, doit être restitué à Sérapion de Thmuis, voir ici t. xiv, col. 1909), au complet dans une très ancienne traduction syriaque, publiée par P.-A. de Lagarde en 1859. C’est une réfutation savamment ordonnée du manichéisme : les deux premiers livres discutent, du point de vue dialectique, le dualisme manichéen (l. I) et établissent les grandes vérités de l’unité divine, de la providence, de la liberté (l. II). La seconde partie de l’ouvrage se meut sur le terrain de la critique biblique ; le l. III défend l’Ancien Testament contre les attaques des sectaires, et établit sa continuité avec le Nouveau ; le l. IV rétablit, contre les interprétations tendancieuses du manichéisme, le sens véritable de la Nouvelle-Loi. Bien que Tite fasse à diverses reprises des citations de Mani (voir dans P. G., col. 1076 A, 1093 B, 1096 B), il est douteux qu’il ait eu en main les ouvrages mêmes de celui-ci et l’on ne sait trop quel fond il faut faire sur une affirmation d’Héraclien de Chalcédoine (cité par Photius, Bibl., cod. 85, P. G., t. ciii, col. 288) selon qui les citations ainsi fournies proviendraient d’Adda, un des premiers disciples du maître. Ainsi la contribution fournie par Tite à la connaissance du manichéisme n’est pas de première importance. Plus intéressant serait-il d’étudier chez l’évêque de Bostra l’exposé des doctrines catholiques, en particulier celles de la Trinité et de l’incarnation. Malheureusement le texte syriaque n’a pas encore été traduit.

Parmi les volumina nonnulla portés par Jérôme au compte de Tite, sans autre précision, il faut faire rentrer un commentaire sur saint Luc, sous forme homilétique, dont un nombre assez considérable de fragments a été transmis par les chaînes. Ils ont été édités par J. Sickenberger en 1901. Sur ces fragments et leur origine voir R. Devreesse, art. Chaînes exégétiques dans le Supplém. au Dictionn. de la Bible, t. i b, col. 1181 sq., 1187 sq. Le commentaire de Tite est un témoin précieux du premier état de l’exégèse dans l’école antiochienne, tout appliquée à faire ressortir le sens littéral du texte. Le scholion sur Luc, x, 21 sq., édition citée, p. 193-196, permet de se faire une idée de la doctrine trinitaire de Tite ; elle rejoint, dans l’explication de l’ὁμοούσιος le document adressé à Jovien par le concile d’Antioche de 363. Tite est à ranger, somme toute, parmi les homéousiens.

Combefis a publié en 1648, sous le nom de Tite, une homélie sur le dimanche des Rameaux, texte dans P. G., t. xviii, col. 1264-1277. Elle n’a aucune chance d’être authentique. On aurait plus de confiance dans l’authenticité de fragments syriaques d’une homélie sur l’Épiphanie publiée en 1863 par P.-A. de Lagarde.

Le texte grec du Traité contre les manichéens a été publié d’abord par J. Basnage, Thesaurus monumentorum…, t. i, Anvers, 1725, d’où, par l’intermédiaire de Gallandi, il a passé dans P. G., t. xviii. La version syriaque a été éditée par P.-A. de Lagarde, Titi Bostreni contra Manichœos libri quatuor syriace, Berlin, 1859, qui a donné, en même temps, une édition nouvelle du texte grec : Titi Bostreni quæ ex opere contra Manichœos edito in codice Hamburgensi servata sunt græce, Berlin, 1859. La nouvelle édition du texte grec avec traduction allemande du syriaque, depuis longtemps annoncée, n’est pas encore parue, cf. R. P. Gasey, art. Titus von Bostra, dans Pauly-Wissova, Realencycl. der class. Altertumswiss., 2e Reihe, t. xii, 1937, col. 1586 sq.

Le texte des fragments sur Luc a été publié par J. Sickenberger, avec une copieuse étude : Titus von Bostra. Studien zu dessen Lukashomilien, dans Texte und Untersuch., t. xxi, fasc. 1, Leipzig, 1901.

Les fragments syriaques de l’homélie sur l’Épiphanie sont dans P.-A. de Lagarde, Anmerkungen zur griechischen Uebersetzung der Proverbien, Leipzig, 1863, p. 94-95.

Le travail essentiel est celui de Sickenberger. Voir aussi O. Bardenhewer, Altkirchliche Literaturgeschichte, t. iii, 1912, p. 269-273 ; J. Leipoldt, dans Protest. Realencycl., t. xix, 1907, p. 800. R. P. Casey, dans Harvard theol. Review, t, xxi, 1928, p. 97.

É. Amann.


TITELMANS François, frère mineur de l’Observance, passé ensuite aux capucins (1502-1537). — Né à Hasselt (Limbourg), il fit à Louvain des études brillantes, où il développa surtout la connaissance des langues anciennes : grec, hébreu, chaldéen. C’est alors que le désir de la vie religieuse l’attire à l’Observance franciscaine ; il y entra en 1526 et ses supérieurs ne tardèrent pas à l’appliquer à l’étude de la philosophie et de la théologie. Il professa ensuite à Louvain même, où il fut directeur de l’Académie de Hasselt. Mais