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TIMOTHÉE ET TITE. THÉOLOGIE. LES SACREMENTS


bien le sens naturel de ce texte des Pastorales, mais le prétendent en contradiction avec la doctrine de saint Paul. Ce renouvellement par le baptême, dit Hotzmann, Lehrbuch…, p. 317-318, n’est plus un devoir moral et un constant progrès, comme dans saint Paul, Rom., vii, 6 ; viii, 2 ; xii, 2 ; Eph., iv, 22-24 ; Col., i, 10 ; il s’est accompli d’un coup et une fois pour toutes. Cette objection force la différence entre Rom., Eph. et Col. d’une part et les Pastorales de l’autre. Dans Rom., vi, 5-6 et Eph., v, 26, xaOocptoa ; -rû XouTpô), etc., il y a aussi un effet immédiat produit par le sacrement ; et le renouvellement du Saint-Esprit doit à son tour, d’après les Pastorales (cf. Tit., ii, 12-14), se conserver et se poursuivre par un constant effort.

La grâce du baptême reçoit divers noms : salut, régénération, renouvellement, justification, héritage de la vie éternelle. — 1. Le salul, eocooev tjjj.ôcç. Le salut nous est mérité par la mort du Sauveur sur la croix et il nous est accordé au baptême. Juifs et païens, « nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, sous le joug de convoitises et de voluptés diverses », Tit., iii, 3 ; par le baptême, il n’y a plus en nous aucun sujet de condamnation. Rom., viii, 1. Ce n’est encore que le salut initial : il ne sera total et définitif qu’au ciel. Il est réel cependant et, si nous mourons dans cet état, il s’épanouit en salut éternel. — 2. Régénération, raxXiYyeveaoa. Nous avons dit, col. 1083, l’heureux choix de ce mot, assez usité au début de notre ère, par lequel saint Paul, transporte dans l’ordre spirituel l’idée de renaissance, avec tout ce qu’elle comporte de fraîcheur, de force, de beauté, d’espérance dans les divers domaines où on l’appliquait. La nécessité de « renaître de nouveau » (ou « d’en haut », ce qui revient au même) avait été enseignée par le Sauveur lui-même, Joa., iii, 7, et Paul a dit bien des fois les splendeurs et les devoirs de cette vie nouvelle : Rom., vi, 3-23, viii, 1-39 ; cf. II Petr., i, 4. Nous avons montré comment ce mot est une création de Paul, bien antérieure à la langue des mystères. — 3. Rénovation, àvaxatvGxiiç. Comme on pouvait s’y attendre, cette renaissance consiste en une rénovation complète. C’est un être tout nouveau, c’est une création spirituelle qui dépasse tout ce qu’on peut admirer de sagesse et de puissance dans la création matérielle, une métamorphose où tout est beau, saint, céleste, divin. Cette transformation de l’être se manifestera, en particulier, par un entier changement de vie, de conduite, de sentiments et cette vie de grâce, dont la splendeur est en ce moment cachée, s’épanouira un jour en vie de gloire. Cf. Rom., xii, 2 ; Eph., iv, 22-24 ; Col., iii, 9-10 ; II Cor., v, 17 ; Gal., vi, 15, etc. Selon plusieurs interprètes, la préposition àvà, dans le composé àvaxatvwaiç, désignerait un renouvellement qui serait en même temps un retour à un état primitif, celui de justice originelle accordé à Adam au moment de sa création et qui faisait de lui « l’image » du Créateur. Mais il n’y a dans saint Paul aucun exemple clair d’une idée de ce genre. Il oppose toujours Jésus-Christ à Adam comme le chef de l’humanité régénérée au chef de l’humanité déchue et il présente en nous « l’homme nouveau » comme substitué au « vieil homme » que nous tenons d’Adam. L’élément àvà, « en haut, de bas en haut », dans àvaxalvaxTiç, renferme seulement l’idée de « rénovation » ; celle-ci s’étend à l’être tout entier, à la manière d’un édifice qu’on rebâtirait à neuf des fondements jusqu’au faîte.

— 4. Justification, SixocuoOÉvteç xji èxelvou yâpm. A l’état de péché succède l’état de justice, comme le dit si souvent saint Paul ; justice non point extrinsèque et imputative, mais réelle et inhérente à l’âme et qui, venant de Dieu, la rend juste et agréable à Dieu. — 5. Dernier fruit : nous sommes héritiers de la vie éter nelle. L’héritage, dans le langage de l’Écriture, est une possession légitime et assurée, accordée par la faveur de Dieu. La vie éternelle est la vie glorieuse et sans fin du ciel. Nous la possédons déjà en germe dans la grâce sanctifiante ; toutefois, comme elle ne peut s’épanouir que dans la patrie céleste, nous n’en jouissons encore qu’en espérance, mais espérance ferme, qui est l’une des trois grandes vertus, l’un des principaux devoirs du chrétien, et « qui ne saurait être confondue ». Rom., v, 5. Telles sont les richesses de salut, les grandeurs et les espérances que nous apporte le baptême.

L’ordre.

Deux textes se rapportent au sacrement

de l’ordre, I Tim., iv, 14 : jxyj <x|xéXei toû èv aol XapîffuaTOç, ô êS661f) aoi 81à TcpoçvjTetaç y.rzà êtti-Qtæatç, twv yeiç&v toû ^peerêuTepiou, et II Tim., i, 6 : àvatn(ji.vY](7xoù oe àvaÇwTrupeïv to yà.[, .csj.% toû 0soû, Ô èaTiv èv aol 81à ttjç ëtuGéoecoç twv x^ipôiv |xou.

Les commentateurs rapportent généralement à la même circonstance les deux impositions de main ::dont il est question dans ces deux textes. Les termes à peu près identiques semblent évoquer un même et grand événement profondément gravé dans le cœur de Timothée. On est moins d’accord pour préciser la nature de cet événement et l’époque où il se produisit. L’expression 81à 7tpoepTjT£l<xç, soit « par prophétie, en vertu d’une prophétie », soit « à cause de prophéties », fait probablement allusion à des communications divines qui avaient désigné Timothée pour la fonction que Paul lui confia, ainsi qu’il est dit plus clairement I Tim., i, 18 : « O mon fils Timothée, je te recommande fortement, selon les prophéties qui t’ont déjà indiqué la voie, de mener le bon combat, de garder la foi et une bonne conscience. » Paul lui-même avait été l’objet, avec Barnabe, d’interventions prophétiques de ce genre. Act., xiii ; 1-2. Le rapprochement de ces textes ne laisse aucune vraisemblance à l’opinion d’après laquelle 81à7rpo(pr)T£[aç (de préférence alors au génitif singulier) désignerait les « paroles sacrées » accompagnant l’imposition des mains et représentant la « forme » du sacrement de l’ordre. Plusieurs auteurs rattachent encore à la même occasion la profession de foi rappelée I Tim., vi, 12 : « Mène le bon combat de la foi ; conquiers la vie éternelle à laquelle tu es appelé et pour laquelle tu as fait cette belle profession (de foi) devant de nombreux témoins. » Mais le sens de étioXoyta dans ce passage prête à controverse. Au verset suivant, la même formule exprime le beau témoignage que le Sauveur rendit devant Pilate en se déclarant le Christ et qu’il soutint par sa mort. Timothée aurait-il eu, lui aussi, à comparaître devant les magistrats et Paul le féliciterait-il du courage avec lequel il aurait confessé publiquement sa foi en Jésus-Christ ? L’hypothèse n’a rien que de plausible. Il se peut aussi, comme le veulent un grand nombre de commentateurs, qu’au moment du départ de son maître pour la Macédoine, Timothée ait émis, en présence de l’Apôtre et de l’assemblée des fidèles, une profession solennelle de la foi qu’il devait enseigner et défendre en qualité de chef de l’Église d’Éphèse. Il est moins facile d’admettre qu’ait eu lieu alors seulement, après de si longues années d’apostolat, la consécration de Timothée. L’événement dont le souvenir est ainsi évoqué a pu arriver depuis longtemps et s’être passé hors d’Éphèse. D’autre part, « l’appel à la vie éternelle », I Tim., vi, 12, étroitement uni à la « belle confession », ne suffit pas à nous reporter au moment du baptême, comme voudrait Michælis, Pastoralbriefe und Gefangenschaftsbriefe, p. 89. Il faut conclure que l’Apôtre rappelle plutôt le jour où, frappé du bon témoignage que les frères de Lystres et d’îconium rendaient au sujet de Timothée et poussé par des avertissements ecJcstes, il résolut d’associer ce jeune homme à son apostolat en