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THOMISME. LES SACREMENTS


Frietoff. loc. cit., p. 329. et P. Mandonnet dans Bulletin thomiste, janvier-mars 1933, Notes et communications, p. 164-167. Nous concluons avec le P. Vosté, op. cit., 2e éd., 1940, p. 19 : tendens ad finem cursus sui in hoc mundo, paulatim declinabat iterum Angelicus Doclor ad primam suam affirmationem : Talis fuit purilas bcatse Virginis, quæ a peccato originali et actuali immunis fuit (I Sent., 1254).

2. Sur la plénitude de grâce ou sainteté positive de Marie, saint Thomas dit, III", q. xxvii, a. 5 : B. V. Maria tantam gratiæ oblinuit plenitudinem ut esset propinquissima auctori gratise. Il ajoute, ad 2 nm, au sujet de la plénitude initiale, per quam reddebatur idonea ad hoc quod effet mater Christi. Et comme la maternité divine est, par son terme, d’ordre hypostatique, la plénitude initiale de grâce en Marie dépassait déjà la grâce même finale des autres saints et des anges. En d’autres termes, Marie, comme future mère de Dieu, était plus aimée par Dieu que tout autre saint et que les anges ; or, la grâce est l’effet de l’amour de Dieu pour nous et lui est proportionnée. Il est même probable, selon bien des thomistes, que la plénitude initiale de grâce en Marie dépassai ! la grâce finale de tous les saints et anges réunis, car elle était déjà plus aimée de Dieu que tous les saints ensemble ; cf. Contenson, Monsabré, E. Hugon, Merkelbach. De fait, selon la Tradition, Marie par ses mérites et sa prière, sans les autres saints et les anges, pouvait dès ici-bas plus obtenir que tous les saints et anges ensemble sans elle. Cette plénitude initiale de grâce habituelle s’accompagnait de la plénitude proportionnée des vertus infuses et des sept dons du Saint-Esprit, qui sont connexes avec la charité.

Ensuite Marie ne cessa, jusqu’à sa mort, de grandir dans la charité. En elle s’appliqua parfaitement le principe formulé par saint Thomas In Epist. ad Hebr., x, 25 : Motus naturalis (ut lapidis cadentis) quanto plus accedit ad terminum, magis intenditur. Contrarium est de motu oiolento (v. g. lapidis sursum verticaliter projecti). Gratia autem inclinât in modum naturæ. Ergoqui sunt in gratia, quanto plus accédant ad finem, plus crescere debent. D’après ce principe, il y eut en Marie un progrès toujours plus rapide, car les âmes se portent d’autant plus promptemeiu vers Dieu qu’elles se rapprochent de lui et qu’il les attire davantage.

Au moment de l’incarnation, il y eut en la Mère de Dieu une grande augmentation de charité, produite ex opère operato ; de même au Calvaire lorsqu’elle fut déclarée Mère de tous les hommes. Enfin la grâce ne de grandir en elle jusqu’à sa mort. 4° Médiation universelle de Marie.

Par la maternité

divine et la plénitude de grâce, Marie était désignée à la fonction de médiatrice universelle entre Dieu et les hommes. EUe a reçu de fait cette fonction, rotniuc le montre la Tradition, qui lui a donné ce titre de médiatrice universelle au sens propre du mot, quoique de façon subordonnée au Christ ; ce titre est consacré désormais par la fête spéciale qui se célèbre dans l’Église universelle.

Pool bien entendre le sens et la portée de ce titre, d’après les principes exposés plus haut, il faut considérer qu’il convient a Marie pour deux raisons spéclales : I. parce qu’elle ; i coopéré par la satisfaction et le méntr au sacrifice de la croix ; 2. parce qu’elle ne d’intercéder pour nous de nous obtenir et de nous distribuer toutes les grâces que nous recevons. Il y a M une double médiation, ascendante et descendante. Marte a coopéré au sacrifice de la erodx par manière itisfaction cm de réparation, en offrant pour notai I Dieu, avec une grande douleur Si un très aident amour, la vie de son (Ils t rr-s cher et légitimement

doré, plus cher que sa propn vie. I andia que ! < s m

veur a salisfail pour nous en stricte justice. Marie sur

le Calvaire a offert pour nous une réparation et satisfaction fondée sur les droits de l’intime amitié ou charité qui l’unissait à Dieu, satisfactione fundata in jure amicabili. Elle a mérité ainsi le titre de corédemptrice, en ce sens qu’avec le Christ, par lui et en lui, elle a racheté le genre humain ; comme le dit Benoît XV (Denz., 3034, n. 4) : Filium immolavit, ut dici merito qwat, ipsam cum Christo humanum genus redemisse.

Pour la même raison, tout ce que le Christ en croix nous a mérité en stricte justice, Marie nous l’a mérité d’un mérite de convenance fondé sur la charité qui l’unissait à Dieu ; c’est l’enseignement devenu commun, sanctionné par Pie X (cf. Denz., 3034) : B. Maria Virgo de congruo, ut aiunl, promeruil nobis quæ Christus de condigno promeruit, estque princeps largiendarum gratiarum ministra. Pour bien entendre cette doctrine, il faut remarquer que pour saint Thomas et les thomistes (Ia-IIæ, q. exiv, a. 6), le mérite se dit non pas univoquement mais analogiquement du mérite de condigno qui est un droit à la récompense fondé en justice, et du mérite de congruo fondé sur la charité in jure amicabili. Cependant ce dernier, s’il est pris au sens propre (proprie de congruo), est encore un mérite proprement dit, qui suppose l’état de grâce ; ce qui ne peut se dire par exemple de la prière de l’homme qui est en état de péché mortel ; celle-ci a une force impétratoire, mais elle n’est dite méritoire de congruo qu’au sens large, fondé non pas sur la charité ou l’amitié divine, mais seulement sur la miséricorde de Dieu. La doctrine thomiste de l’analogie s’applique ici parfaitement : entre le mérite de condigno et celui qui est proprie de congruo il y a analogie de proportionnalité propre, et dans les deux cas mérite proprement dit ; tandis que le mérite de congruo laïc dicto se dit ainsi selon une analogie seulement métaphorique. Et donc il faut maintenir que la sainte Vierge a mérité au sens propre du mot, d’un mérite de convenance de congruo, toutes les grâces que nous recevons.

De plus Marie exerce encore sa fonction de médiatrice universelle en intercédant pour nous et en nous obtenant toutes les grâces que nous recevons. Cet enseignement, contenu dans la foi de l’Église exprimée dans les prières communes adressées à Marie (lex orandi, lex credendi). est fondé sur l’Écriture et la Tradition. Plusieurs théologiens thomistes qui l’ont montré, admettent en outre que, comme l’humanité de Jésus est cause instrumentale physique de toutes les grâces que nous recevons (III", q. xlviii, a. 6 ; q. lxii, a. 5), tout porte à penser que Marie, d’une façon subordonnée a Noire-Seigneur, est aussi cause instrumentale physique, et non pas seulement morale, de la transmission de ces grâces. Nous ne croyons pas que la chose puisse s’établir avec une vraie certitude, mais les principes formulés par saint Thomas à ce sujet à propos de l’humanité du Christ inclinent à le penser, (à- qui est certain, c’est que Marie est la mère spirituelle de tous les hommes, qu’elle mérite le titre de Mater divinæ gratis, comme coadjulrice du Sauveur dans la rédemption, et comme distributrice de la grâce, qu’elle fait dériver sur l’humanité entière. Parmi les auteurs spirituels qui ont le mieux mon tré les applications de celle doctiine. il I nul citer le

B. Grignion de.Monttort : Traité de lu vraie dévotion à la sainte Vierge.

X. I.l S MOYI-.NS DB SALUT : Ils s e li KM I ; NTS ;

i I’.i.isi ;  ; LB8 fins ni iimi i : i s. 1° Les sacrements.

Pour achever l’exposé de la partie dogmatique de lu synthèse thomiste, nous rappellerons Ici les principales t bases sur les sacn ments en général, sur la i,

substanlialion. le sacrifice de la messe, sur l’ai

Irition et sur la reviviscence « les mérites pai l’absolu tion sacramentelle

1. Sur les sacrements en général, saint ThOOl