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THÉODORE LE TABÉNNÉSIOTE THÉODORET

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t. lviii, col. 1064, on conservait de lui trois lettres, dans lesquelles il rappelait les enseignements de son prédécesseur et s’efforçait de rétablir entre les communautés la paix qui avait été troublée à la mort de Pacôme. Il est tout à fait probable que saint Jérôme avait annexé à sa traduction de la règle pacômienne celle des trois lettres en question. En fait, dans les éditions actuelles il ne figure qu’une seule lettre de Théodore. P. L., t. xxiii, col. 99-100. L’abbé y donne à ses moines les consignes pour la célébration des fêtes pascales. Une autre lettre très brève est conservée en grec, qui annonce aux moines la fin de la persécution arienne ; elle se trouve dans un mémoire sur les gestes de Théodore adressé par Amoun à l’archevêque d’Alexandrie, Théophile. Dans Acta sanct., mai, t. iii, éd. Palmé, p. 54*-61* (texte grec), p. 346-355 (traduction latine) ; la lettre respectivement p. 60* et p. 354.

Tous les travaux relatifs à saint Pacôme font une place plus ou moins grande à Théodore. Voir surtout P. Ladeuze, Étude sur le cénobitisme pal<lwmien, Louvain, 1898 ; R. Pietschmann, Thcodorus Tabennesiota und die sahidische Uebersetzung des Osterbriefes des Athanasius vom Jahre 367, dans les Nachrichten de l’académie de Gœttingue, phil.hist. Klasse, 1899, p. 87-104 ; cf. aussi Sermons de Théodore, publiés par Amélineau dans Mémoires de la mission française au Caire, t. IV, fasc. 2, Paris, 1895, p. 620 sq.

É. Amann.
    1. THÉODORET##


THÉODORET, évêque de Cyr, en Syrie euphratésienne, de 423 à 460 environ. I. Vie. II. Écrits (col. 303). III. Enseignement (col. 317).

I. Vie.

Théodoret naquit à Antioche aux environs de 393. Ses parents, aussi nobles par leurs sentiments que par leur origine, étaient longtemps restés sans enfants, en dépit de leurs prières et des supplications qu’ils avaient adressées aux plus saints moines du pays. Finalement, un ascète du nom de Macédonius avait promis à sa mère qu’elle mettrait au monde un fils et celle-ci avait consacré à Dieu, dès avant sa naissance, l’enfant ainsi annoncé.

Lorsque l’enfant eut fait son entrée dans le monde, il reçut le nom de Théodoret et, dès ses premières années, il donna le spectacle des plus belles vertus. Élevé au milieu des moines, il apprit d’eux à la fois les lettres humaines et les lettres divines ; il apprit en même temps à mener une vie ascétique, si bien que, tout naturellement, il se trouva conduit à la pratiquer dans toutes sa rigueur aussitôt que son âge lui permit de le faire. Certaines traditions, ou tout au moins les conclusions de quelques historiens veulent qu’il ait compté saint Jean Chrysostome et Théodore de Mopsueste parmi ses maîtres, que Nestorius et Jean d’Antioche aient été du nombre de ses condisciples. La chose n’est pas invraisemblable, mais elle est loin d’être prouvée.

Le jeune homme vivait dans un cloître aux environs d’Antioche, lorsqu’en 423 — il pouvait alors avoir trente ans — il fut élevé contre sa volonté à l’épiscopat et chargé du diocèse de Cyr.£p ; sL, cxiii et cxvi, P. G., t. lxxxiii. Cyr était une petite ville de la Syrie euphratésienne, à deux journées de marche d’Antioche, et elle était comprise dans le ressort métropolitain de Hiérapolis (Mabbug). Le pays dont elle était le centre était d’aspect sévère, couvert de montagnes, mais cependant fort peuplé. On ne comptait pas moins de huit cents paroisses dans le diocèse.

Le zèle d’un évêque pouvait d’autant mieux se déployer qu’il y avait, à Cyr et dans les environs, beaucoup de païens et de juifs. On y trouvait aussi un grand nombre d’hérétiques, non seulement des ariens et des eunomiens, mais encore des marcionites et des encratites : les plus vieilles erreurs conservaient ainsi des adeptes dans ces régions lointaines. Avec un dévouement qui ne se ralentit jamais, Théodoret s’ef força d’abord de ramener ses brebis errantes à la vraie foi : c’est, semble-t-il, au commencement de son épiscopat qu’il écrivit contre les marcionites, contre les juifs, contre les ariens et les macédoniens et qu’il rédigea son ouvrage contre les « maladies » de l’hellénisme. Il remporta, dans ces combats, d’importants succès : il convertit plus d’un millier de marcionites et il fit disparaître des églises où ils étaient conservés et utilisés plus de deux cents exemplaires du Diatessaron de Tatien, qu’il remplaça par le texte des Évangiles séparés.

Le souci de l’orthodoxie l’amena naturellement à prendre parti lorsqu’éclata la controverse nestorienne. Formé selon les méthodes de l’école d’Antioche, il était tout naturellement porté à insister sur l’humanité du Christ et, des erreurs récentes, nulle ne lui paraissait plus redoutable que l’apollinarisme, dont les thèses tendaient à ruiner le dogme de l’incarnation. D’autre part, il était personnellement lié avec Nestorius et il ne se sentait pas disposé à l’abandonner. Dès qu’il eut connaissance des anathématismes dirigés contre Nestorius par saint Cyrille d’Alexandrie, il se hâta d’en écrire la réfutation : à ses yeux, l’évêque d’Alexandrie renouvelait l’erreur apollinariste ; il niait la nature humaine du Sauveur et, en appelant Marie mère de Dieu, sans se croire obligé d’expliquer ce terme, il faisait courir à la foi catholique les plus grands risques. Saint Cyrille ne laissa pas sans réponse l’ouvrage de Théodoret : il le combattit dans une lettre adressée à Evoptius, évêque de Ptolémaïs. Le concile d’Éphèse n’était pas encore ouvert que déjà Théodoret s’était révélé comme un des adversaires les plus redoutables de la théologie cyrillienne.

Arrivé à Éphèse avant Jean d’Antioche et ses partisans, Théodoret commença par multiplier les efforts pour qu’on les attendît et qu’on n’ouvrît pas les débats en dehors de leur présence. Battu sur cette question de procédure, il refusa de souscrire à la déposition de Nestorius et à la condamnation de sa doctrine et jusqu’au bout il se montra un des plus ardents défenseurs des Orientaux ; cf. art. Nestorius, t. xi, col. 76. Envoyé auprès de l’empereur avec quelques-uns de ses amis, il fut le porte-parole de la délégation orientale. Epist., clix. Il ne parvint d’ailleurs pas à convaincre l’empereur et son entourage et dut rentrer dans son diocèse sans avoir rien obtenu.

Il n’en continua pas moins la lutte contre saint Cyrille. Tandis que Jean d’Antioche acceptait d’entrer en pourparlers avec l’évêque d’Alexandrie pour rétablir la paix et l’union entre les Églises, Théodoret publia d’abord un grand ouvrage contre Cyrille et le concile d’Éphèse. Puis, lorsque Cyrille et Jean se furent mis d’accord pour souscrire la formule d’union, Théodoret demeura intraitable. Ce n’était plus certes la doctrine exposée par cette formule qui lui déplaisait : il est vraisemblable qu’il avait été lui-même l’auteur du symbole accepté par les deux partis ; mais il se défiait encore de la loyauté de saint Cyrille et il aurait voulu voir celui-ci condamner expressément la lettre des anathématismes, ce qui était demander l’impossible. Il refusait, avec plus d’énergie encore, de souscrire à la déposition de Nestorius. Il préférerait, écrivait-il à l’ancien évêque de Constantinople, se voir couper les deux mains plutôt que de signer le décret de condamnation porté à Éphèse. Epist., clxxi. Finalement, il fallut que Jean renonçât à exiger de lui un geste qu’il regardait comme une sorte de trahison à l’égard d’un ami malheureux, pour qu’il signât enfin la formule d’union et fît la paix avec saint Cyrille.

Vers 438, cette paix si difficilement rétablie fut à nouveau troublée. À la suite de circonstances assez obscures, saint Cyrille avait été amené à écrire un traité contre Diodore de Tarse et Théodore de Mop-