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THÉODORE DE MOPSUESTE. ŒUVRES


à l’occasion de la conférence d’Anazarbe où l’on chercha à rallier les derniers macédoniens. Mais c’est surtout le travail exégétique qui a rempli la majeure partie du séjour à Mopsueste. Peut-être le De obscura locutione, qui faisait la théorie des sens de l’Écriture, a-t-il été composé au début. Les commentaires sur l’Ancien Testament ont paru d’abord et, en premier lieu les petit’, prophètes, puis les autres livres selon l’ordre même du canon, à l’exception du commentaire sur Job, composé plus tardivement et dédié à Cyrille d’Alexandrie en 417, date à laquelle celui-ci rétablit dans les diptyques le nom de Jean Chrysostome. Les commentaires sur le Nouveau Testament vinrent après ceux de l’Ancien et dans cet ordre : Matthieu, Luc, Jean, les épîtres paulines. Peut-être l’Ecclésiaste ne fut-il expliqué que postérieurement, un peu avant Job. Les dernières années de l’épiscopat furent occupées à des travaux d’ordre plus théologique. Le traité Adversus assercntes peccatum in natura insistere doit être l’écho des polémiques entre Pelage et ses adversaires en Palestine qui eurent leur dénouement au concile de Diospolis (415), à moins qu’il ne faille le retarder jusqu’après l’arrivée à Mopsueste de Julien d’Éclane, à la fin de 418. De cette même période, sans qu’il soit possible de préciser davantage, serait le traité Adversus allegoricos et certainement aussi le Contra Apollinarem (De assumente et assumpto), postérieur de trente ans au De incamatione ; de ce temps aussi les ouvrages d’ascétique que nous connaissons si mal : Ad monachos, De perfectione operum, De sacerdotio, peut-être De legislalione. Nous ne savons trop où placer le Traité contre la religion des mages, qui a laissé fort peu de traces.

2° Les Reliqui/E de l’œuvre de Théodore. — Que subsiste-t-il aujourd’hui de cette œuvre immense, qui, si elle était intégralement conservée, classerait l’évoque de Mopsueste parmi les écrivains les plus féconds de l’ancienne littérature chrétienne ? Relativement peu de chose : quelques traités ou commentaires au complet, mais, pour la plus grande part, des fragments plus ou moins nombreux, plus ou moins authentiques, plus ou moins loyalement cites.

1. Ouvrages intégralement conservés.

a) Commentaires de l’Écriture. — Sur les douze petits prophètes, conservé en grec, publié à deux reprises par A. Mal, d’abord sans traduction dans Scriptorum veterum nova collectio, t. vi a, puis avec traduction latine et quelques notes dniis Noua l’atrum bibliothrra, t. vu. Le tout reproduil dans P. G., t. lxvi, col. 123-062. — Sur saint Jean, eonservé intégralement en syriaque, publié en 1897 par I. B. Lhabot, qui en promettait alors une traduction latine. On annonce comme prochaine une nouvelle édition avec traduction par le H. P. Yosté. — Sur 1rs petites épttre » de saint l’uni (c’est-à-dire toutes les qutres paulines moins Rom., I et II Cor., Hebr.), commentaire qui s’est conservé en une vieille traduction latine du vre siècle en provenance (le l’Afrique. Publié d’abord par Pitra, Spictlegium Solesmense, t. i, 1852, p. 49-159, puis par.1. I…lac obi. < Zommentaria in Eptstolas Pauli minons, publication échelonnée entre 1855 et 1872 ; beaucoup mieux par II. -li. Sweete, Theodori M. m Epistolat li. Pauli eonunentaria, 2 vol.,

Londres, 1880 1882. Sur les l’sumnrs. On peut COU sidérer, jusqu’à un certain point, comme une uuvre

complète, le Commentaire de Théodore de M. sur 1rs Psaumes i i, .., , que vient de publier il Devreeste,

dans les Studi r Testi, n. 93, (.il là del Valirano. I

, la vérité cette édition ne donne l’exégèse continue

que des psaumes l.m a xi.ix. mais les fragments soit soil latins des autres psaumes sont si solidement

drés que l’on a la sensation de lire le texte Inti (i< l’exégète R. Devreesse, en ce qui concerne la tra duction latine, a largement profité de l’édition fournie

par G.-I. Ascoli en 1878, // codice irlandese delT Ambrosiana editoe illustrato.

b) Œuvres théologiques. — Les Catéchèses ont été conservées dans une traduction syriaque et publiées, avec traduction anglaise, par A. Mingana, dans Woodbroke Studies, Christian documents edited and translated, t. v, Cambridge, 1932 (explication du symbole de Nicée), t. vi, 1933 (explication du Pater et des sacrements de l’initiation chrétienne). Cette publication est d’un intérêt considérable, puisqu’elle permet de lire, dans un texte continu et qui a toutes chances d’être authentique, un exposé doctrinal complet de l’évêque de Mopsueste. — Les critiques ont failli avoir le même bonheur avec le De incamatione, dont Mgr Addaï Scher, archevêque chaldéen de Séert (Kurdistan) avait annoncé en 1920 la découverte en une traduction syriaque et la publication incessante. Le précieux ms. a malheureusement disparu, en 1922, lors du massacre du prélat et du pillage de sa bibliothèque. Y a-t-il quelque espoir de retrouver cet exemplaire ou un autre ? — On peut considérer comme complet le traité De Spiritu sancto qui représente l’intervention de Théodore dans la conférence contradictoire d’Anazarbe. Texte dans P. O., t. ix, p. 635 sq.

2. Fragments.

Du reste de la production littéraire de Théodore, il ne subsiste que des fragments.

a) Comment ont-ils été transmis ? — Il faut distinguer entre commentaires d’une part et œuvres théologiques de l’autre. — a. Fragments exégétiques. — C’est le plus ordinairement, mais pas toujours, par les « chaînes » qu’ont été transmis les fragments de l’œuvre exégétique de l’Interprète. Cf. R. Devreesse, Par quelles voies nous sont parvenus les commentaires de Théodore ? dans Revue biblique, 1930, p. 362 sq. Il ne saurait être question d’entrer ici dans le détail. Seules quelques remarques générales sont à faire ; pour les précisions voir IL Devreesse, art. Chaînes exégétiques dans le Supplément au Dictionn. de la Bible, t. i, 1928, col. 10841233, en se reportant à chacune des sections. Le premier travail qui s’impose est de vérifier l’exactitude du lemme qui, dans une chaîne donnée, introduit tel ou tel fragment. Tandis qu’en effet certains caténistes inspirent pleine confiance, d’autres ont des attribut ions plus ou moins fantaisistes. Parfois aussi intervient l’inattention d’un scribe. Il n’est pas rare qu’on lise le lemme MeoScôpoo alors qu’il faudrait lire ŒoScoprjTOU ; on n’est pas toujours certain que le Théodore annoncé soit celui de Mopsueste ou au contraire un des Innombrables Théodore de l’histoire littéraire byzantine. F. l’ritzsche a rassemblé ainsi, parmi les fragments incontestablement théodoriens, un certain nombre d’autres qui n’appartiennent pas à l’Exégète. On ne saurait donc utiliser sans précaution les textes (lue. à la suite de Fritzschc, Migne a rassembles dans P. (, ., t. LXVI, Mais l’authenticité d’un texte I héodorien étanl démontrée, il est loisible, s’il s’agit d’un fragment exégétique, de s’j fier sans arrière pensée. L’exégèse de Théodore a été moins suspectée « pie sa théologie cl, dans l’ensemble, les caténistes oui respecté la pensée et les expressions de celui qu’Us conside raient comme une autorité exégétique de toul premier ordre.

b. Fragments d’œuvres théologiques. - Il faut en

Juger toul autrement quand il s’agit des extraits fournis par une deuxième catégorie de témoins, (eux qui font servir a des huis polémiques les lexles qu’ils

tirent soit des œuvres théologiques de l héodore, soit de ses commentaires. Le procès de la mémoire de Théodore a Commencé des le deuxième tiers du’siècle.

est allé s’exacerbent au we siècle, pour aboutir à la condamnation de 553. Toute celle effervescence r

amené les polémistes a fouiller, soil pour l’attaquer, soil aussi pour la défendre, la production littéraire