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THÉODORE DE MOPSUESTE. ŒUVRES


difficulté. Mais il y a intérêt à remarquer dès l’abord que certains d’entre eux sont également signalés par d’autres écrivains et que la plupart ont fourni des fragments, plus ou moins nombreux, plus ou moins considérables, aux auteurs de chaînes scripturaires.

a) Œuvres exégétiques. — Le commentaire sur la Genèse signalé par Ébedjésu pourrait être identique à l"Ep[i.ï)v£la TTJç xtîctscoç, mentionné par Photius, Biblioth., n. 38, P. G., t. ciii, col. 69. L’existence d’un fragment sur l’Exode (dans P. G., t. lxvi, col. 66) et de fragments encore inédits sur le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome pose la question de l’exactitude de la donnée de S qui parle d’un commentaire sur le Pentateuque. — Les autres commentaires signalés par Ébedjésu et la Chronique de Séert ont tous laissé au moins quelques traces dans les chaînes exégétiques. On aura remarqué que nul des deux catalogues ne mentionne de commentaires sur Josué, les Juges, Ruth, les Rois, iii, pour ce qui est du Nouveau Testament, sur Marc, les Épîtres catholiques et l’Apocalypse. Des fragments encore inédits subsistent en des chaînes sur les quatre premiers de ces livres, mais leur origine théodorienne reste bien douteuse. On ne saurait donc être certain que l’évêque de Mopsueste a commenté ces livres. Par ailleurs les fragments sur le Cantique rassemblés dans P. G., t. cit., col. 699-700 et qui viennent du Ve concile, n. 69-71, ne semblent pas provenir d’un commentaire, mais d’une lettre. Encore qu’il subsiste quelques fragments sur Marc, P. G., ibid., col. 713, il n’est pas vraisemblable que Théodore ait commenté cet évangile. Il n’a pas commenté non plus les épîtres catholiques, Léonce de Byzance le déclare expressément, Cont. nestor. et eutych., t. III, 14, P. G., t. lxxxvi, col. 1365 ; le témoignage des chaînes serait donc à rejeter. Somme toute on peut donc considérer comme complète la liste des commentaires fournie par Ébedjésu, en remarquant néanmoins qu’il n’est pas impossible que Théodore ait commenté l’ensemble du Pentateuque et non pas seulement la Genèse.

b) Œuvres théologiques (nous suivons la liste d’Ébedjésu). — Le De sacramentis (De mysteriis) et le De fide sont identifiés depuis la découverte de Mingana, voir ci-dessous. C’est une double série de catéchèses préparatoires au baptême et parallèles à celles de saint Cyrille de Jérusalem. On y retrouve les extraits qu’a relevés le Ve concile, comme provenant du Liber ad baptizandos, n. 35-39, 41 et 42. — Le De sacerdotio, sauf une allusion fugitive dans un traité spirituel nestorien (dans Woodbroke Studies, t. vu), n’a pas laissé de trace. — Le De Spiritu sancto, auquel le pseudo-Léonce de Byzance fait allusion, De sectis, IV, 3, P. G., t. lxxxvi, col. 1221 A, doit vraisemblablement s’identifier avec le procès-verbal de la conférence d’Anazarbe, où Théodore, peu avant ou peu après son élévation à l’épiscopat, défendit, contre les macédoniens, ^ divinité du Saint-Esprit. — Le De incarnatione est attesté par Cyrille d’Alexandrie, Epist., lxx et lxxiv ; par Gennade, De vir. UL, n. 12 ; par Facundus, op. cit., t. IX, 3, col. 747 ; par Léonce de Byzance, Cont. nestor. et eutych., dans les pièces justificatives qui terminent le t. III, P. G., t. lxxxvi, col. 1384 sq. (avec renvoi à t. lxvi, col. 972 sq.) ; par Justinien (cf. P. G., t. lxxxvi, col. 1073 A) ; parle Ve concile en une douzaine de passages ; par le pape Pelage II, Epist. in ad episcopos Histriæ. C’était un ouvrage considérable, de près de quinze mille stiques, divisé en quinze livres, dont chacun est attesté, à l’exception des 1. III et IV.

Il faut bloquer ensemble les deux titres Adversus Eunomium et, beaucoup plus bas dans la liste d’Ébedjésu, Pro Basilio et lire, comme faisait Photius, cod. 4, cf. cod. 177 : ’Yjrèp BaaiXeîou xaxà Eùvo(xîou, P. G., t. ciii, col. 52, 517. L’ouvrage est attesté aussi par le pseudo-Léonce, toc. cit., et par Facundus, op. cit.,

IX, 3, col. 754 C ; il était fort étendu, en vingt-cinq livres, dit Photius. Autant que l’on en peut juger, c’était une défense de saint Basile contre Éunomius, analogue à l’écrit de même inspiration composé par Grégoire de Nysse. — Le traité Adversus asserentes peccalum in natura insistere, connu de la Colleclio palatina (voir l’art. Marius Mercatoh, t. ix, col. 2482), l’a été aussi de Photius, cod. 177, qui en traduit le titre IIpôç to’jç Xéyovraç cpûaei xal où yvojfif) Tr-aleiv -roùç àvOpo’nrouç ; réfutation d’une doctrine, plus ou moins bien comprise, du péché originel, P. G., t. ciii, col. 513 sq. — h’Adversus magiam est caractérisé par Photius, cod. 81 : izzçiï. ttjç èv HspcrtSi [xty.yi.XYic xal tîç r tt, ç eùaePelaç Sioccpopâ, èv Xoyoïç y’» il ne s’agit pas de la magie, mais de la doctrine des mages persans, adorateurs du feu, à laquelle Théodore opposait les vues de l’Église sur l’origine du monde. Ibid., col. 281. — Nous n’avons aucun renseignement sur les trois termes suivants du catalogue d’Ébedjésu : Ad monachos, De obscura locutione, De perfectione operum. — L’Adversus allegoricos en cinq livres est vraisemblablement identique avec le De allegoria et historia contra Origenem, dont Facundus, op. cit., III, 6, col. 602 sq., a donné quelques extraits. — Le De assumente et assumpto était évidemment un livre sur l’incarnation. Dans S il correspond au titre : Réfutation d’Apollinaire, ce qui corrobore la supposition que nous avons affaire ici avec le De Apollinare et ejus hæresi dont Facundus a conservé un assez long fragment, op. cit., X, 1, col. 769 B, et qu’il cite encore III, 2, col. 585 B ; IX, 4, col. 755. C’est à un Contra Apollinarem que sont empruntées les douze premières citations du Ve concile et trois textes de Justinien. — Le Liber margaritarum est un recueil de lettres. — Nous ne saurions dire à quoi correspond le De legislatione ; œuvre exégétique ? œuvre de théologie ? il est impossible de trancher la question.

3. Datation des ouvrages de Théodore.

Quelques points de repère permettent de donner une chronologie au moins relative, de l’œuvre littéraire de Théodore. Voir, à ce sujet, Vosté, dans Revue biblique, 1925, p. 54 sq., dont nous adoptons les conclusions.

La première œuvre en date est le Commentaire du Psautier, comme Théodore le reconnaît lui-même dans la préface du livre Adversus allegoricos, citée par Facundus, III, (>. Encore qu’il ne faille pas prêter aux propos de Léonce de Byzance une importance exagérée, il convient de remarquer que cet auteur attribue à la prime jeunesse de l’exégète — il aurait eu à peine dix-huit ans — ses premiers essais scripturaires. Le Commentaire sur les petits prophètes a dû suivre d’assez près, c’est la même ardeur juvénile qui s’y remarque et aussi les mêmes audaces. Tout cela a dû amener quelques réserves de la part de l’opinion et peut-être de l’autorité ecclésiastique. Pour quelque temps Théodore va abandonner l’exégèse et se consacrer, sans doute pour donner des gages de son orthodoxie, à la lutte contre l’hérésie. C’est le temps de sa prêtrise (382-393). D’une part il prêche contre les synousiastes, c’est-à-dire contre les apollinaristes, partisans de la confusion des natures dans le Christ. D’autre part il les combat par la plume ; le De incarnatione est de cette période, composé, au dire même de la préface du Contra Apollinarem, trente ans avant ce dernier ouvrage qui est de la fin de l’épiscopat. Facundus, X, 1, col. 769 B. Selon toute vraisemblance c’est encore de l’époque de la prêtrise que date le traité Pour Basile contre Eunomius, où sont pris à partie les survivants de l’arianisme.

C’est à la période de l’épiscopat qu’il faut évidemment reporter la double série de catéchèses De fide et De mysteriis, sans que l’on puisse préciser le moment. Le De Spiritu sancto est soit antérieur de peu à l’épiscopat, soit des débuts de celui-ci, ayant été rédigé