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THÉMISTIUS — THÉOCRATIE


TCâvTwv £Ïy_E TTjv p/wciv Y) àv0pG}7TOT7]ç aù-roû ; une « Apologie des vingt chapitres, adressée à une réunion de moines ». Photius, deux siècles plus tard, connaissait un livre de Conon, Eugène et Thémistius contre le De resurrectione de Jean Philopon, Bibl., cod. 23, P. G., t. ciii, col. CO ; si le Thémistius ici nommé est bien notre diacre, cela montrerait qu’il avait des sympathies pour un des groupes trithéistes (voir l’art. Trithéisme). Enfin le même Photius fait mention d’une polémique littéraire entre Thémistius et un moine alexandrin nommé Théodore. À l’apologie de Thémistius — sans doute la même qui est citée plus haut — et dont le titre complet était KaXcovûp.ou toû xal ©epiicmou àTCoXoYÎa ùnkp toû êv àyioîç 0Eocpo6lou (nous ignorons tout de ce dernier), le moine Théodore répliqua par un volumineux ouvrage, au titre verbeux : "EXs-f/oç &>ç èv cuvt6| !.cù -rrjç àvcoŒv xal èÇ àp/rjç 0su, !, otîou xaxà tûv 7)[i.a>v IlxTspcov 7rpo7re-TOÙç xal àXoYCOTàTTjÇ èvaTâascoç, èx irpoçâcrEcoç vûv 7)[i.ïv TTSTrovïn^évoç twv 7rpo6e6X7)[i.évcov Û7t’aÛTOù xaxà ttjç àXY)6eîa< ; Ç7)T7)fi.àTcov te xal ^poTao-Ecov xal oaçrjç S’.£uxplv7)cTiç tîjç 7Tpoxet[i.évY)ç ÛTroGÉCTecoç. (Réfutation abrégée de l’ouvrage jadis et dès le début composé par Thémistius, où il s’insurge avec précipitation et sottise contre nos saints Pères, discussion des questions soulevées par lui contre la vérité et examen diligent de l’hypothèse qu’il propose.) À cet ouvrage, continue Photius, Thémistius répliqua par un court traité, un liovo616Xoç ; Théodore ne s’avoua pas vaincu et riposta par une œuvre en trois tomes. Fut-ce même la fin de la polémique ?

Les fragments conservés de Thémistius ont été colligés par les adversaires du monothélisme pour démontrer que l’affirmation de l’unique « énergie » et de l’unique volonté ne se trouvait que chez des hérétiques. Tous ceux que nous avons ne se rapportent donc qu’à ce point très spécial ; ils insistent sur l’unité de volonté (ŒX’rjfftç) et de connaissance (yvôctiç) en Jésus ; mais de même qu’ils distinguent deux ŒXYju.aTa, deux vouloirs, de même ils devaient — malheureusement il ne s’est point conservé de textes en ce sens — distinguer deux YVMpÎT(i.a7a, deux façons de connaître, deux objets et deux modes de connaissance, ce qui permettait au diacre alexandrin d’échapper aux conséquences de l’affirmation de l’unique nature et de l’unique énergie. En définitive la psychologie du Christ qu’il proposait était plus voisine du ehaleédonisme qu’il ne le pensait lui-même. Les agnoètes étaient, dans le fond, des clialeédoniens qui s’ignoraient. Le pseudo-Léonce en fait la très judicieuse remarque, De sectis, acl. X, c. iii, P. G., loc. cit., col. 1264 : La question des limites exactes de la connaissance (humaine) du Christ n’a point été tranchée Concile En polémiquant contre les thémistiens, Euloge ne semble point s’être douté que ceux-ci étaient plus prés de Chalcédoine que les sévériens de stricte observance, lesquels, à leur tour, étaient plus orthodoxes que les julianistes, eux mêmes plus proches (les catholiques que les vrais eutychiens. l’eut l’est il p.is inutile de faire ces remarques si l’on veut entendre le sens des condamnations portées, t on dit, par le pape saini Grégoire le Grand contre loétisme.

i i’i ti étudiées au cours de l’article ; ni Timo i. i.iiiiiuoi île, / » ’n r, pl. hæretic, P. G., t. lxxxvi,

col. ii, 53, ">7, ni Jean Damascène, Dp hteres., sa, P. a.,

t. kciv, col. 756, n’ajoutent rien que l’on ne trouve avant

MB ; Nlcéphore Calllste, il. L., I. XVIII, c. l, P. G.,

i. col. 133, confond Thémistius avec le philosophe

i. même nom du ive siècle, attribue 6 celui-ci l’erreur’. qui aurait repris consistance au vie siècle ; Michel

i ii m. Chronique, éd. et trad, Chabot, t. ii, p. Jt*

plus renseigné que les auteurs grecs, Voir pour la musc

ivre i Maspéro, Hltloire du palriarchu d’Alexandrie,

Paris, 1923, passim (table au mot Agnoètes, Thémistius). Pour la question proprement théologique, voir ici au mot Agnoètes, t. i, col. 595 et Science du Christ, t. xiv, col. 1646-1647.

É. Amann.
    1. THÉOCRATIE##


THÉOCRATIE. — Le mot paraît bien avoir été forgé par l’historien juif Flavius Josèphe : « Parmi les peuples, écrit-il, les uns ont confié à des monarchies, les autres à des oligarchies, d’autres encore au peuple le pouvoir politique. Mais notre législateur (Moïse) n’a arrêté ses regards sur aucun de ces gouvernements ; il a, si l’on peut faire cette violence à la langue, institué comme gouvernement la théocratie, plaçant en Dieu le pouvoir et la force, gjç S’av xiç eÏ7tot. Piaa(i|jt.evoç tciv Xôyov, 6eoxpaTÎav aTïsSepe tô 7roXÎTsup.a, ©soi ty)v àp/ïjv xal tô xpâ-roç àvaŒi.ç. » (’.ont. Apionem, t. II, c. xvi. Ht un peu plus loin, faisant l’apologie de ce genre de gouvernement : « Peut-il y avoir, dit-il, une constitution plus belle et plus juste que celle qui attribue à Dieu le gouvernement de tout, qui charge les prêtres d’administrer au nom de tous les affaires les plus importantes et confie au grandprêtre, à son tour, la direction des autres prêtres… ? Les prêtres (dans ce système) ont la surveillance rigoureuse de la loi et des autres occupations, ils sont les surveillants et les juges et châtient eux-mêmes les coupables. Peut-il exister une magistrature plus sainte que celle-là ? » Ibid., c. xxi et xxii.

Par où l’on voit que, à l’estimation de Josèphe, la théocratie, qu’il vaudrai ! mieux appeler la hiérocratie (souveraineté des prêtres) est proprement le régime qui a gouverné les Juifs entre le retour de la captivité et la ruine de Jérusalem en l’an 70 de notre ère, quoi qu’il en fût des divers pouvoirs laïques qui pouvaient interférer avec celui du sacerdoce. Cf. ici l’art. Judaïsme, § iii, Institutions, t. vin. col. 1606-1614. Mais l’historien juif fait remonter à Moïse lui-même la responsabilité de cet état de choses. Jusqu’à quel point cette vue correspond-elle à la réalité, ce n’est pas ici le lieu de le discuter. À étudier l’histoire d’Israël, on se rendrait compte que la théocratie, telle que la définit Josèphe est, en ce qui concerne la nation juive, de date relativement récente.

Il est toutefois un autre aspect du régime politique du peuple israélite qui donne aux gouvernements successifs de celui-ci allure théocratique. En vertu de l’alliance du Sinaï. les choses civiles et les choses religieuses étaient si intimement unies que les préceptes religieux étaient lois d’État et inversement : dès bus la transgression d’une loi civile (lois sur les héritages, par exemple, ou sur les mariages) était considérée comme une atteinte directe à la volonté divine. Par ailleurs c’est Dieu qui avait investi directement et sans intermédiaire ses représentants visibles, Moïse. Josué. les juges. Saiil, David ; toutes les lois et ordonnances concernant la conquête, la division, l’administration, la défense iu pays étaient censées avoir été données par lui. L’institution même de la monarchie ne changea pas essentiellement ces rapports entre Dieu et son peuple : les rois étaient les représentants de.laine, investis de droits sacerdot aux. pins ou

moins étendus, plus nu moins admis par le sacerdoce en exercice ; on v< il les prophètes leur transmettre les communication ! divines et les souverains amenés, par force ou par anioiii. à suivre ces Indications. De son côté, la hiérarchie Bacerdotale elle même n’était pas sans Intervenir, 6 l’occasion, pour rappeler aux rois

leurs devoirs. Bref, sans cire une théocratie au sens

exact oïl nous avons eut en du Josèphe définir ce régi ni"

politique, l’Étal |uif, au temps des rois, se rappro (bail jusqu’à un certain point de la conception plus ou moins idéale que représente ce mot.

t il subsisté quelque chose de ces idées théocra