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THÉANDRIQUE (OPÉRATION)

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Cf. t. lxxxvi a, col. 1297 D, 1300 A, 1304 B ; il va même jusqu’à adopter, en l’expliquant, la formule uia cpùaiç toù 0eoù Aoyou aso-apxcop-svYj. Capita Iriginta contra Severum, n. 16, 17, t. lxxxvi b, col. 1905.

2. On sait comment le patriarche Cyrus fut dénoncé et réfuté par saint Sophrone, qui devait devenir patriarche de Jérusalem en 634. La lettre synodale de ce dernier est, dans sa seconde partie, une mise au point de la doctrine christologique, tant au sujet de la dualité des natures, que de la persistance de leurs propriétés et, partant, de la dualité des opérations. Le Christ est un sujet unique, existant en deux natures ; mais, comme chaque nature conserve en lui sa propriété sans diminution, ainsi « chaque forme opère en communion avec l’autre ce qu’elle a de propre ». P. G., t. lxxxvi c, col. 3169 A. Il faut donc se garder de n’admettre qu’une seule opération essentielle et physique, ce serait s’exposer à les fondre en une seule nature. Col. 3172 C. C’est par les opérations qu’on discerne les natures et c’est la diversité des opérations qui permet de saisir la diversité des substances. Col. 3177 B. Ayant ainsi rappelé la doctrine traditionnelle conforme à l’enseignement de Chalcédoine, Sophrone apporte son interprétation personnelle relativement à l’opération théandrique de Denys : Denys, afïîrme-t-il, ne l’aurait pas donnée comme Vunique opération en Jésus-Christ, mais comme une opération nouvelle, xgcivtjv… éTepoyevî) xod Siàçopov, qui s’ajoute aux deux autres et comprend les actions où la divinité et l’humanité s’exercent à la fois. Col. 3177 C.

Mais Sophrone rappelle avec force que, s’il faut admettre en Jésus-Christ deux opérations, il ne faut confesser qu’un.<eul opérateur : « Toute parole et toute opération, qu’elle soit divine et céleste, ou humaine et terrestre, nous professons qu’elle vient d’un seul et même Christ et Fils et de son unique hypostase synthétique (composée). C’était le Verbe de Dieu incarné qui produisait naturellement de lui chaque opération, sans division et sans confusion, suivant ses natures : suivant la nature divine, en laquelle il était consubstantiel au Père, l’opération divine et inexplicable ; et suivant la nature humaine, en laquelle il restait contubstantiel à nous hommes, l’opération humaine et terrestre : chaque opération convenant et répondant à chaque nature. Col. 3177 CD.

3. Chronologiquement, devrait ici intervenir la définition portée par Martin I er au concile de 649. Mais il semble préférable de continuer, sans l’interrompre, la série des témoignages de l’Orient en faveur (l’une interprétation correcte de l’expression « opération théandrique.

Noua trouvons en premiei lieu saint Maxime († 662), dont la christologie reproduit fidèlement celle de Léonce de Byzance. On trouvera ici, t. x, col. 454, la doctrine de Maxime sur les opérations dans le Christ. Il suflit d’en rappeler le résumé : L’activité, comme propriété naturelle, appartient à la nature, en est Inséparable et donc se multiplie selon la nature. Puis qu’en Jésus-Christ il y a deux natures, il est nécessaire qu’il y ait aussi deux activités. Par suite, l’hypostase

Unique, qui ne fait pas de deux natures une seule na tUTe, ne saurait faire non plus de deux activités une ictiviti « Ile fait seulement que les opérations humaines ont leur cachet propre, du fait que la nature humaine qui les produit appartient hypostatlquemenl’participe a s ; i puissance. L’effet de ces

deux activité, humaine et divine, peut être unique, Comme il arrie dans les miracles, ei c’est dans leur Conjonction que Maxime voil réalisée la formule dionysienne, dont se prévalaient les monénergistes ( ett< pression contient pour lui l’affirmation des

deux natu tte explication de l’opération

théandrique’lait aussi, ou l’a VU, celle de Sophrone.

Maxime appuie même son interprétation sur le texte de saint Léon : agit ulraque forma cum atterius communione. P. G., t. xci, col. 345 C ; 345 D ; 352 B. Il explique également, dans le sens du dyénergisme, la phrase de Cyrille d’Alexandrie : piav * a î ciuYY ev ^ $i’àp-çoïv -rîjv èvspY£i.ocv. Col. 344 BC. Et, pour mieux faire comprendre son explication, Maxime invoque l’exemple du charbon transformé par le feu ou du glaive rendu incandescent. Col. 336 D-340 A.

4. Anastase le Sinaïte (t peu après 700) fait également bonne figure parmi les théologiens de l’orthodoxie catholique. Dans son Hodegos, c. i, Brevis expositio fidei, il rappelle, contre les monophysites, qu’en Jésus-Christ le même sujet accomplit des œuvres divines et humaines, et chacune de ces œuvres peut être dite théandrique, puisqu’elle procède d’un sujet Dieu-homme : ŒocvSpixrjv Se èvipysiav vooùp.ev tt)v ycowonpzitûx ; tto>ç ûtco XpiOTOÙ 71rpaTTOfiiv7)v xal 0ea>pouuivTjv. P. G., t. lxxxix, col. 45 D. Cf. De operatione, col. 65 BD-68 AB.

5. La christologie de saint Jean Damascène († 749) a été exposée à l’art, consacré à ce Père, t. viii, col. 730 sq. Bésum’ons ce qui concerne le dyénergisme et l’opération théandrique. En raison de la compénétration sans confusion des deux natures, Ttzpiy^prfiiç, il y avait en Jésus compénétration sans confusion des deux activités. L’activité humaine, tout en demeurant distincte de l’activité divine, ne se manifeste pas sans elle et réciproquement : « Le Christ ne faisait pas les opérations humaines d’une manière purement humaine ; car il n’était pas un pur homme. Il n’opérait pas non plus les choses divines en Dieu seulement, mais il était à la fois Dieu et homme, oûre rà àv9p(Ô7uva àvOpom£v « ç ÈvYjpyiQaEV, oure xà Œïa xaxà @eov u.6vov. » De fide orth., t. III, n. 19, P. G., t. xciv, col. 1080. Cf. n. 15, col. 1057-1060 ; De duabus naturis, n. 42-43, t. xcv, col. 181-184. C’est cette compénétration des activités que l’Aéropagite a désignée sous le nom d’opération théandrique : « Cela ne signifie pas autre chose, sinon que Dieu s’étant fait homme par l’incarnation, son action humaine était divine, ou déifiée, et particiDait à l’opération divine ; et de même son action divine n’était pas exempte d’une participation de l’action humaine : l’une et l’autre opération ne pouvant être considérée que conjointement, lue telle façon de parler est une TCeplçpaaiç, quand en un seul mot on réunit deux choses. Nous appelons l’entaille faite par un glaive incandescent simplement incision ou brûlure par incision, et cependant l’incision est distincte de la brûlure (brûlure du feu. incision du glaive) : ainsi en parlant d’une action théandrique du Christ, nous comprenons cependant les actions de ses deux natures, la divinité opérant une action divine, l’humanité opérant une action humaine. » De fuie orth., I. III, n. 20. col. 1080 CD. Voir ici, t. viii. col. Tiiâ.

Toutefois, Jean Damascène expose différentes nia nières de communication de la divinité à l’humanité dans les opérations du Christ. Au c xv, rappelant qu’en Jésus « le Verbe agissait avec l’autorité et la puissance divines, et que l’humanité accomplissait les choses propres à l’humanité », il ajoute que cet accomplissement se faisait à la volonté du Verbe qui élail uni à l’humanité et qui s’était appropriée celle-ci ». Col. 1057. Plus loin, au même c. xv, il parle de « la communication qu’avait la chair au Verbe dans les opérations de la divinité, quand le Christ accomplissait avec le concours de son corps, des <rures proprement divines ». Col. 1060, Enfin, dans l’un ei dans faillie chapitre. Damascène parle de « la divinité demeurant impassible dans son union avec la chair souffrante, cl

rendant ces souffrances mêmes salutaires », <. x.

col. 1057 IH^ ; ou encore, e. xix, de la communication

faite par la divinité i l’opération de l’humanité (de la