Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée
199
200
TESTAMENT DE N.-S. J.-C. — TETRAGAMIE

dent du texte de pseudo-Clément par le jésuite Fr. Torrès (Turrianus), en 1503, que les humanistes ont commencé à en mettre en doute l’authenticité.

Cependant, vers le même temps où le Quini-Sexte exprimait contre la rédaction actuelle de l’Octateuque grec de Clément la réprobation, d’ailleurs fort mitigée, que l’on vient de dire, l’Église jacobite de Syrie se constituait, elle aussi, son Octaleuque syriaque. Sans doute entendait-elle par là faire concurrence aux Constitutions apostoliques de l’Église rivale. En 687, date fournie par le colophon qui termine le 1. II du Testament de Jésus-Christ, ci-dessus, col. 195, le célèbre Jacques d’Édesse (car c’est bien lui ce Jacques l’Humble dont il est question) achevait la traduction dudit Testament du grec en syriaque. Selon toute vraisemblance, le Testament en grec existait déjà depuis près de deux cents ans, ayant pris naissance dans les milieux monophysites de Syrie, au temps de Sévère d’Antioche, qui, dans une de ses lettres cite quelques passages de l’un et l’autre livre. Voir Rahmani, édit. citée, p. xvi et la note 1. C’est à la même date que nous ramène la citation de la 0eoao<p[a d’Aristocrite. Texte dans Funk, Didascalia et Const. apost., t. ii, p. 16. L’auteur de ce petit livre avait fabriqué son texte en cousant bout à bout une petite apocalypse, spécialement rédigée à l’usage de la Syrie ou de l’Asie Mineure, et un développement passablement verbeux du l.VIII des Constitutions apostoliques. Le motif qui a déterminé cette rhapsodie est obvie : il s’agissait de conférer aux ordonnances canoniques une autorité plus grande. Dans pseudo-Clément les divers préceptes, liturgiques ou moraux, étaient mis tour à tour sous le nom de quelqu’un des apôtres. Ici ils proviennent du Christ lui-même, encore qu’ils soient transmis par les apôtres, Clément continuant d’ailleurs à servir d’intermédiaire entre ceux-ci et l’Église. La citation faite par Sévère et celle de la Theosophia donnent comme terminus ad quem pour la composition du texte grec les dernières années du ve siècle. Il est vraisemblable que le travail de compilation qui a joint au Testament, préalablement traduit en syriaque, de Copieux extraits du 1. VIII des Constitutions apostoliques, s’est effectué très peu après le travail de traduction de Jacques d’Édesse. La division du tout en huit livres est évidemment voulue, il s’agissait de donner dans l’Octateuque syriaque un pendant aux Constitutions apostoliques des melchites. Voir sur ce point les remarques d’A. Baumstark, Ueber den « Octateuchus Clementinus », seine Geschichte und seine handschriftliche Ueberlieferung, dans Rômische Quartalschrifl, t. xiv, 1900, p. 1-45 ; c. 291-300.

C’est plus tard que l’Église monophysite d’Egypte se constitua sur le même plan un Octateuque clémentin, qui s’ouvrait lui aussi par le Testament ; cette traduction copte fut à son tour traduite en arabe et en éthiopien ; Mgr Rahmani en a colligé quelques variantes dans son édition. De cet Octateuque copte il faut distinguer un court recueil copte, en dialecte sahidique, qui paraît remonter à un original grec ; il a été publié d’après le ms. Or. 1320 du British Muséum par P. de Lagarde dans ses JEgyptiaca, Gœttingue, 1883 ; G. Horner en a donné une traduction anglaise, The Statules of the Apostles or Canones ecclesiastici, Londres, 1904. Diffèrent encore de ces textes les « 127 canons des apôtres » qui n’existent plus qu’en arabe et qui ont été publiés et traduits par J. et A. Périer dans la Pair. Orient., t. viii, 1912, p. 551-570. Divisés en deux livres, renfermant respectivement 71 et 56 canons, ils sont parallèles, pour le t. I, au Testament, allégé de toutes ses formules de prière ; le t. II, étant une simple réédition, avec un numérotage spécial des 84 (85) canons apostoliques.

Toutes ces indications, qui nous écartent un peu du Testament de N.-S. Jésus-Christ, ont du moins l’intérêt de montrer la complexité des problèmes textuels que posent tous ces écrits canoniques. À la vérité ces problèmes intéressent davantage les historiens de la liturgie et du droit canonique que ceux de la théologie. Pour ce qui est du Testament en particulier, les renseignements dogmatiques que l’on y peut trouver se réduisent à bien peu de choses et il faut beaucoup de sagacité pour y découvrir les attaches de l’auteur primitif avec le monophysisme. Le fait que, dans une des formules liturgiques, le Fils est nommé avant le Père mérite d’être relevé : Offerimus tibi hanc gratiarum actionem, œlerna Trinilas, Domine Jesu Christe, Domine Pater…, Domine Spirilus sancte. L. I, c. xxiii, éd. Rahmani, p. 43. Mais l’on n’en saurait tirer d’autres conséquences. La formule de la distribution de l’eucharistie a été également signalée : Corpus Jesu Christi, Spiritus sanctus ad sanalionem animæ et corporis, t. II, c. x, p. 133 ; elle n’implique nullement une confusion entre les personnes de la Trinité. Le discours mystagogique mis sur les lèvres de l’évêque pour l’instruction des seuls fidèles, à l’exclusion des catéchumènes, les jours de Pâques, de l’Epiphanie et de la Pentecôte, t. I, c. xxviii, roule essentiellement sur le mystère de l’incarnation ; il demanderait à être étudié de près ; il ne nous semble néanmoins rien dire qu’un melchite n’aurait pu avancer. L’assertion, selon laquelle le Verbe de Dieu, désireux de sauver le genre humain, descend au sein de la vierge « en se cachant à toutes les armées célestes et en trompant les phalanges adverses », p. 61, est évidemment un trait d’archaïsme. La phrase qui suit : « Quand celui qui était incorruptible a revêtu une chair corruptible, il a rendu incorruptible la chair qui était soumise à la mort », cette phrase est susceptible d’une interprétation orthodoxe et ne suffit pas pour que l’on puisse ranger l’auteur parmi les aphtartodocètes. Bref les formules liturgiques ne trahissent guère la confession à laquelle appartenait l’auteur ou le traducteur. L’intérêt de l’ouvrage est ailleurs ; encore faudrait-il être bien certain, avant d’en faire un témoin de la liturgie du vie ou du viie siècle, que l’auteur reproduit fidèlement les rites et les formules de son époque. Mais n’est-il pas à craindre que l’utilisation de textes archaïques l’ait entraîné à contaminer les formulaires qu’il lisait dans son livre et ceux dont il était le témoin à son époque ? C’est dire que la publication du Testament n’a pu être qu’un point de départ pour des recherches ultérieures.

La 1e édit. complète du Testament est celle de Mgr Ignace Éphrem Rahmani, Testamentum Domini nostri Jesu Christi, texte syriaque et traduction latine, Mayence, 1899 ; mais ce texte était connu antérieurement : Renaudot en parle déjà dans La perpétuité de la foi, dans l’éd. d’Ant. Arnauld, Paris, 1782, t. ii, p. 573 sq. ; de même J.-W. Bickell, Gesch. des Kirchenrechts, t. i, p. 183 sq. P. de Lagarde publie le texte syriaque en 1856 d’après le texte très incomplet du ms. même qu’avaient vu Renaudot et Bickell, dans Reliquiee juris ecclesiastici anliquissimæ syriace, p. 2-19 ; cette édition ne contient que la 1° partie du Testament, l’apocalypse ; un autre texte syriaque de cette apocalypse a été publié aussi par J.-P. Arendzen, dans Journal of theol. sludies, t. ii, 1901, p. 401-416.

Outre les travaux mentionnés en cours d’article ou aux articles précédents, il faut signaler le travail capital de F.-X. Funk, Dos Testament unsercs Herrn und die verivandten Scliriften, Mayence, 1901 ; la mise au point actuelle est bien faite par O. Bardenhewer, Altkirchl. Literatur, t. iv, 1924, p. 262-275 ; indications à relever dans E. Hennecke, Xeutestamentliche Apokryplien, 2° éd., l’J24, p. ôôl sq.

É. Amann.


TÉTRAGAMIE, conflit qui s’éleva entre l’Église byzantine et l’empereur Léon VI le Sage à la suite des quatre mariages successifs de ce prince. Voir Léon le Sage, t. ix, col. 367-379, où la question a été longuement traitée. Sur le décret d’union, t6|jloç