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TESTAMENT DE N.-S. J.-C.


en question. L’unanimité est maintenant à peu près réalisée et il convient de présenter de manière synthétique les résultats acquis.

Décrivons d’abord le Testament. Il forme les deux premiers livres d’une grande compilation canonique en syriaque, trancrite, à la suite des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament d’après la Peshita, sous le lemme suivant : Testament ou paroles que N.-S. J.-C. ressuscité des morts a dites à ses saints apôtres et qui ont été écrites par Clément de Rome, disciple de Pierre en huit livres. Le titre en question semblerait de prime abord couvrir tout l’ensemble de la compilation. Cependant le colophon qui termine le 1. II montre que se clôt ici un premier ouvrage mis en œuvre par le compilateur : « Fin du 1. II de Clément traduit de la langue grecque en syriaque par Jacques l’Humble, l’an 998 des Grecs (687). » Après quoi vient le titre du 1. III : « Doctrine des douze apôtres. Réjouissez-vous, fils et filles au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » Ce qui introduit un nouvel écrit apparenté de très près à l’Ordonnance ecclésiastique apostolique de J.-W. Bickell. Le t. IV, très court, qui fait suite, traite des charismes et répond à Constit. apost., t. VIII, c. i et n ; le 1. V reproduit, sans grand changement, C. A., t. VIII, c. iii, iv, v, et xvi-xxvi ; le 1. VI correspond à C. A., t. VIII, c. xxvii-xxviii, xxx-xxxiv, xlii-xlvi ; le 1. VII à C. A., t. VIII, c. xxix et fin de c. v ; enfin le 1. VIII contient les Canons des apôtres (c’est-à-dire la traduction des 84 (ou 85) canons grecs). C’est l’ensemble de ces huit livres que l’on désigne sous le nom d’Octateuque de Clément, le Testament n’en formant que la première partie : 1. I et II.

Le 1. I débute par un entretien de Jésus ressuscité avec ses disciples, thème qui se retrouve en divers apocryphes et spécialement dans VEpistola apostolorum ; cf. C. Schmidt, Gespràche Jesu mit seinen Jùngern nach der Auferstehung, 1919 ; texte aussi dans Duensing, Epist. apost., dans les Kleine Texte de Lietzmann, n. 152, 1925. Les apôtres demandent à Jésus ce qu’est le Saint-Esprit qu’il leur a promis. Le Maître le leur explique sommairement, puis souffle sur eux pour leur communiquer le Paraclet. C. i. Le dialogue s’engage ensuite sur les signes avant-coureurs de la fin du monde, c. n-xi, et se termine par un avertissement aux fidèles. C. xii-xiv. À ce sujet fait suite, sans autre transition, une demande des apôtres sur les qualités que doivent avoir ceux qui présideront aux Églises et sur la manière d’organiser celles-ci. C. xv. Interrompue par une question des saintes femmes, Marthe, Marie et Salomé sur les règles de la vie intérieure, c. xvi, la réponse du Christ se développe ensuite dans tout le reste du 1. I et dans tout le 1. II. C’est une manière de mettre sous l’autorité de Jésus la série des prescriptions canoniques qui suivent. C. xvii-xviii.

Et d’abord les règles relatives à la construction et à l’agencement des églises ; elles sont très brèves. C. xix. Puis celles qui concernent l’ordination d’un évêque. C. xx-xxii. Sont énumérées d’abord les qualités qu’il doit avoir, puis les rites et prières de la consécration. Tous les évêques présents imposent d’abord les mains à l’élu, puis un seul qui récite une longue formule, énumérant à la fois les fonctions que devra remplir celui-ci et les grâces que lui conférera l’Esprit-Saint. Suit la description des devoirs de l’évêque, prière, jeûne, oblation du sacrifice au moins le samedi et le dimanche. L’idée du sacrifice à offrir amène la description du rite eucharistique, c. xxiii, dont les prières essentielles : préface d’action de grâces, anamnèse, offrande, épiclèse enfin, mais assez imprécise, sont intégralement reproduites. Les chapitres suivants donnent les rites pour la bénédiction de l’huile des infirmes et de l’eau. C. xxiv-xxv. Puis

est décrit l’ensemhle de l’office de l’aurore, comportant une sorte d’invitatoire, des psaumes, des cantiques, des lectures, le tout se terminant, après renvoi des catéchumènes, par une instruction de l’évêque sur les mystères. C. xxvi-xxviii.

Suivent les prescriptions relatives aux ordres inférieurs, toutes rédigées sur le même modèle : qualités que doit avoir l’ordinand, rites de l’ordination, devoirs et fonctions de l’ordonné. Ainsi est-il parlé de l’ordination des prêtres, c. xxix-xxxii ; des diacres, c. xxxmxxxviii ; du cas des confesseurs de la foi, à qui on n’impose pas les mains pour les élever au rang de diacre ou de prêtres, mais seulement s’il faut leur conférer l’épiscopat, c. xxxix ; de l’ordination des veuves, c. xl-xliii, des sous-diacres, c. xliv, des lecteurs, c. xlv, des continents de l’un et l’autre sexe, c. xlvi, le tout se terminant sur une remarque relative aux porteurs de charismes : guérison, science, langues, à qui l’on n’impose pas non plus les mains, cum ipsum opus jam sit manijestum. C. xlvii.

La majeure partie du 1. II contient les prescriptions relatives au catéchuménat et au baptême ; et d’abord celles qui se rapportent à l’admission, c. i et n ; à la durée du catéchuménat (d’ordinaire trois ans), c. m ; à la place des catéchumènes dans les assemblées, c. iv ; aux prières qui doivent être récitées sur eux par l’évêque ou le prêtre. C. v. Puis viennent les cérémonies de l’élection et les fréquents exorcismes qui suivent celle-ci, c. vi ; les rites du baptême proprement dit, dans la nuit pascale, c. vu-vin ; enfin ceux de la consignation et de la première communion. C. ix-x. Ce qui suit est plus difficile à classer ; il y est question de préceptes divers, c. xi-xii ; d’un repas qui pourrait être une sorte d’agape, c. xiii ; de l’offrande des prémices par les fidèles, c. xiv-xvi ; de l’interdiction de manger des viandes étouffées ou immolées aux idoles, c. XVII. Viennent ensuite quelques observations sur la vigile pascale, c. xviii-xix, avec des prescriptions diverses, en particulier sur les sépultures, c. xx-xxiii, et sur les prières que doivent faire les fidèles aux diverses heures de la nuit et du jour. C. xxiv. Le tout se termine par une exhortation du Christ, après quoi les apôtres adorent Jésus, qui se soustrait à leur vue. C. xxv-xxvii. Ce testament du Christ est mis par écrit par les apôtres Jean, Pierre et Matthieu qui, de Jérusalem, en envoient des copies par Dosithée, Silas, Magnus et Aquila dans toutes les résidences.

Il suffit de se reporter ici même, t. iii, col. 1529, où est analysé le 1. VIII des Constitutions apostoliques, et au t. ii, col. 1615, où il est parlé du document appelé Constitution ecclésiastique égyptienne (jEgyplische Kirchenordnung), pour se rendre compte de la parenté étroite qui unit ces diverses pièces. Cette parenté éclate davantage encore si, prenant en main les textes eux-mêmes, on compare entre elles les prescriptions formulées de part et d’autre, et surtout les prières liturgiques : oraisons consécratoires pour la collation de l’épiscopat, par exemple, ou encore prières de la messe. La question est seulement de savoir dans quel ordre chronologique les textes se sont succédé et, pendant longtemps, les discussions sur ce point ont été vives entre savants. Dans l’enthousiasme de la découverte, Mgr Rahmani n’hésitait pas à considérer le Testament comme le plus ancien de ces documents, d’où il faisait dériver la Constitution égyptienne d’une part (engendrant à son tour les Canons d’Hippolyle) et d’autre part le 1. VIII des Constitutions apostoliques. Poui lui il ne faisait pas de doute que le Testament remontât à la plus haute antiquité et il ne craignait pas de le faire contemporain d’irénée, sinon même antérieur : la liturgie dont il était le témoin ne coïncidait-elle pas avec celle que décrit Justin vers le milieu du iie siècle ? Pénétré de cette idée, le premier éditeur