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TESTAMENT DE N.-S. J.-C.


tel livre dont l’authenticité — nous ne disons pas la canonicité — n’est pas au-dessus de tout soupçon ? On sait avec quelle hardiesse la vieille école de Tubingue avait, au milieu du xixe siècle, traité les problèmes de ce genre et renvoyé à des dates extrêmement tardives plusieurs, et non des moindres, des écrits du Nouveau Testament. Ces fantaisies ne sont plus guère aujourd’hui que des curiosités exégétiques. Il reste néanmoins un certain nombre de problèmes de date sur lesquels le dernier mot n’est pas dit ; qu’il s’agisse, par exemple, de la II » Pétri ou même des épîtres pastorales en leur rédaction définitive, sans parler de la littérature johannique, l’accord est loin de se faire entre la critique indépendante et la critique ecclésiastique. Celle-ci a-t-elle toute latitude d’accepter certaines suggestions de celle-là ? N’y a-t-il aucune règle théologique qui lui impose de resserrer dans des limites assez étroites les dates de composition des écrits néo-testamentaires ? Plusieurs théologiens l’ont prétendu. Voir ce qui est dit ici à l’art. Apôtres, t. i, col. 1656 : Les apôtres et la clôture de la révélation : « Le courant (de la révélation), écrit l’auteur, ne cessa définitivement et en droit qu’à la mort du dernier des apôtres ; en fait il continua au moins jusqu’à ce qu’eût été écrite la dernière des œuvres inspirées. » Dès lors, continue-t-on, si l’on situe dans les premières années du ii c siècle la mort de Jean l’apôtre, qui semble bien avoir été le dernier survivant des Douze, il n’a pu y avoir après cette date de révélations officielles nouvelles, ni donc de livres inspirés. Aussi la critique ecclésiastique doit-elle écarter a priori toute date de composition d’un écrit néo-testamentaire dépassant notablement les premières années du iie siècle.

.Mais il n’est pas difficile de voir les confusions qui se cachent dans cette série de raisonnements. Le mot apôtre, d’abord, prête à équivoque ; la langue néotestamentaire ne le réserve pas exclusivement aux Douze ; Paul est apôtre lui aussi et tout autant Barnabe, pour ne pas parler de Sylvain et de Timothée. D’autre part, même en prenant le mot dans un sens très restreint, en faisant d’apôtre le synonyme de « porteur d’un charisme spécial » , quelle preuve donne-t-on que les révélations divines aient été exclusivement réservées à ces porteurs ? Enfin dans le raisonnement signalé plus haut ne se glisse-t-il pas une confusion entre les deux concepts de révélation et d’inspiration ? Ces diverses remarques n’engagent-elles p ; is à " reconsidérer » la solution a priori que l’on a voulu donner au problème de la datation de certains écrits Déo testamentaires ou à reviser certaines exclusives un peu hâtivement portées ? Il ne s’agit pas d’admel I rc à l’aveugle les hypothèses les plus aventurées des critiques Indépendants, mais il ne convient pas non plus d’exclure a priori des réponses que recommanderait une étude objective des problèmes. La question des auteurs des Livres saints et de leur date de composition esi au premier chef une question de (ait, elle ne pi ni que gagner à être traitée d’abord connue une question de fuit. C’est aux théories à s’assouplir aux fait s. non aux fait s a se plier à des concept ions a priori.

5 Interprétation du Nouveau Testament. — C’est tout spécialement à l’interprétation du Nouveau Testament que s’appliquent les trois règles fondamentales formulées < l’art. Interprétation de l’Écriture, t. vu. col. 2290-2343. Aussi bien « ’est avant tout non . ne (lisons pas exi lusivement aux livres de la Nouvelle Alliance que l’Église emprunte et l’énoncé de ses enseignements dogmatiques et les formules île ses précepte* moraux, sans compter que seuls les livres en question lui fournissent le cadre historique on s’est

donnée, d’une manière définitive, la révélation divine. Plus qu’ailleurs donc il convient de livi i < i le sens primitif des textes en s’entourani de toutes les rea

Dt< r. ni nnni. GATHOU

sources que fournit la philologie, ce mot étant pris dans sa plus large acception. Nul ne saurait blâmer l’exégète qui met une spéciale acribie à ce premier travail de détermination du sens littéral. La philologie a fait en ces derniers temps de singuliers progrès, qu’il s’agisse du vocabulaire, de la grammaire, de la science des institutions, des reconstitutions historiques, des données chronologiques ou topographiques. A ce point de vue le dictionnaire de G. Kittel, Theologisches WOrterbuch zum Neuen Testament, Stuttgart, 1933 sq. (en cours de publication), est un instrument de travail presque indispensable. C’est de tous ces secours que doit s’entourer l’exégète qui veut fixer d’abord le sens qu’avait dans l’esprit l’écrivain sacré. On ne saurait lui en vouloir s’il lui arrive de proposer, à bon escient, une interprétation du texte qui s’écarte peu ou prou de celles qui étaient jusqu’alors admises. Ce que la théologie peut et doit lui imposer, c’est, quand il s’agit de certains textes, importants parce qu’ils ont rapport à l’assiette de l’enseignement dogmatique et moral, de ne point s’écarter du sens général proposé par l’Église, adopté par l’unanimité des Pères, conforme à l’analogie de la foi. Encore est-il loisible à l’exégète d’ajouter que ce sens « ecclésiastique » a pu n’être perçu que d’une manière encore confuse par l’écrivain sacré et par ses auditeurs et que la réflexion ultérieure en a fait sortir toutes les significations qui y étaient virtuellement incluses.

La recherche du sens littéral n’exclut pas, cela va de soi, l’étude des sens dérivés et des applications pratiques. Paul disait déjà à Timothée : « ’foute Écriture divinement inspirée est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour former à la justice, afin que l’homme de Dieu soit parfait, apte à toute bonne œuvre. » II Tim., iii, 16-17. C’est là tout un programme de l’utilisation de l’Écriture et spécialement du Nouveau Testament. L’essentiel, quand il s’agit de le remplir, est d’utiliser les Livres saints avec cette prudence, cette sobriété, cette décence qui s’imposent bien davantage encore quand il s’agit de la Nouvelle Alliance. Les paroles du Christ ou des apôtres doivent être traitées avec un souverain respect et ce n’est pas leur témoigner la religion qui convient que. de les détourner violemment de leur sens primitif. C’est de celui-ci qu’il faut d’abord partir, sous peine de tomber dans des applicat ions forcées ou même dans de véritables contre-sens. Les noms Illustres qui couvrent tels ou tels de ces contre sens ne font rien à l’affaire : la méthode allégorique qui a sévi dans l’interprétation de l’Ancien Testament ne s’est pas toujours arrêtée au seuil du Nouveau. Il faut avoir le courage de lui marquer nettement ses bornes.

Se reporter, pour la bibliographie, aux diverses études Signalées au cours de l’article.

É. Vmann.

TESTAMENT DE NOTRE-SEIGNEUR

JÉSUS-CHRIST, recueil apocryphe, mi-partie

apocalyptique, mi-partie canonique, publié pour la

première fois au complet en syriaque (avec traduction

latine) par Mgr Itahmani en 1899 et qui se trouve en rapports étroits avec d’autres recueils déjà étudiés ici. (as recueils ont pour caractère commun de se donner comme rassemblant des prescriptions d’ordre

liturgique <>u canonique censées portées par les apdtres

eux mêmes. Il en a été question au art. : A.POTRE8

{La doctrine dm douze), t. i. coi. 1680- k>n7 ; Hippolyi i

(Saint), t. vi, col. 2502-2503 ; Dnnsi m il m s wh i m s. t. iv, coi. 734-748 ; Canons m s apôtres, i. ii, col. 1605 1626 ; Constiti rioNS ipostoliqueb, t. m. col. 1520 1537.’.(> divers articles, tout en mettant en évidence ta parenté de ces écrits, manifestaient encore l’hésitation de la critique quand il s’agissait

d’établir les rapports (le dépendance entre les textes

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